Au Mali, s’il y a bien un politique trop rusé et qui change de position au gré des circonstances, Soumeylou Boubeye Maïga, en est l’illustration parfaite. Pas besoin de narrer les faits depuis au tout début des années 90. Les actes les plus marquants de ce politicien, c’est bien sous la mandature d’Ibrahim Boubacar Keïta. Tout commence par la visite ratée de l’ancien premier ministre, Moussa Mara à Kidal. A l’époque, il était ministre de la Défense.
Il refuse de s’y rendre pour raison de santé. Voilà la visite s’est tournée au drame pour la simple raison que Moussa Mara avait refusé avant d’y aller de demander l’accord des rebelles réunis au sein de la CMA. Boubeye démissionne du gouvernement et cela est suivie de clash entre lui et Mara mais aussi IBK car lorsqu’il a été question de la saisine de l’Assemblée afin de situer les responsabilités, Boubeye sort avec des tons menaçants et va jusqu’à dire ‘’le chien ne pourra jamais attraper le hérisson’’. La phrase est pleine de sens. Cette enquête se termine en queue de poisson. Qui est responsable de la situation de Kidal ? Le régime s’est montré incapable de trancher. L’homme s’éclipse pendant un certain temps avant d’être appelé après le départ de Moussa Mara à la présidence pour servir au poste de secrétaire général. Peu après, le voilà nommé premier ministre. Pour sauver IBK ? En tout cas, l’hypothèse se murmure un peu partout. Elle ne tardera pas à s’étaler à la surface. A Mopti, lors de sa première sortie, Boubeye envisage de négocier avec tous les groupes qui sont pour un Mali UN et Indivisible. Quelques semaines après, IBK annonce l’allégeance d’un groupe dans le centre qui s’engage à défendre l’état.
Boubeye continue avec l’aventure en vue de redorer toujours le blason d’IBK. Il veut ouvrir les portes de Kidal, Tessalit et autres localités du nord fermées à l’Etat central depuis des années. Il ouvre des négociations en toute clandestinité avec les maitres du nord (la CMA). Le fruit est là. Le PM commence la tournée par Tessalit, cette localité abandonnée par l’Etat il y a sept ans ensuite Kidal où il passera quelques heures. Une visite de honte et d’humiliation confirment des Maliens et des cadres des régions du nord comme l’ex premier ministre, Mohamed Ag Hamani. Sans détour, Kidal est toujours hors contrôle de Koulouba. Les images et vidéos de la visite en témoignent. Le Drapeau de l’azawad était là et Soumeylou au lieu d’être accompagné par les FAMAs, c’est la MINUSMA et Barkhane qui s’y occupaient.
Ce qui veut dire qu’il ne faut pas s’attendre à des retombées. La visite est sans effet. Le seul enseignement que l’on peut tirer, si Boubeye a pu entrer de la sorte à Kidal, c’est qu’il en sait quelque chose dans l’échec de la visite de Moussa Mara.
Après cette première étape où le PM a courbé l’échine, car à Kidal il n’a pas osé parler du retour dans un délai proche de l’armée et de l’administration, dans le centre Boubeye a haussé le ton. A Koro, en fin de week-end, il a menacé de désarmer de gré ou de force les groupes armés qualifiés de ‘’milices’’ qui se disent pro-gouvernement. Cette localité fait face à l’insécurité et aux conflits intercommunautaires. Ce message est adressé en premier aux chasseurs dogons qui défendent le terroir depuis des mois contre les bandits armés qui écument le pays dogon.
Cette posture de Boubeye d’une zone à une autre, montre la faiblesse de l’Etat. Un Etat qui a failli dans l’application de l’accord de paix principalement le volet cantonnement et désarmement, et qui vient s’attaquer aux plus faibles. Ceux-là qui n’ont jamais envisagé de se battre contre le Mali mais combler le vide laissé par l’Etat central tout en protégeant le pays dogon.
Le message est parti, mais la suite sera difficile. Attendons de voir.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays-Mali