Le ton utilisé par Emmanuel Macron pour convoquer à Pau les chefs d’Etat de la force conjointe du G5 Sahel, est discourtois et méprisant, selon plusieurs observateurs africains. Un ton de « dominant » à « dominant » qui rappelle le colonialisme.
Les cinq chefs d’Etat (Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina, Idriss Deby du Tchad, Mahamadou Issoufou du Niger, Mohamed OuldGhazouani de la Mauritanie) ne devraient pas effectuer le déplacement à Pau, le 16 décembre tant que leur « homologue » Emmanuel Macron n’a pas changé de ton et de discours. Se rendre à Pau sur cette injonction de Macron, signifierait beaucoup de choses : Que ces chefs d’Etat africains manquent de courage ! Qu’ils n’ont que faire de leur honneur et leur dignité ! Que c’est la France qui décide de la politique d’intervention contre le terrorisme au Sahel ! Que ces chefs d’Etat africains restent des pantins et marionnettes entre les mains de la France ! Que ces chefs d’Etat africains ne tiennent pas compte de ce que pense leur peuple ! Bref ! se rendre à Pau n’est pas un problème en soi surtout si le but est d’aller dire à Macron qu’il peut ramasser son armée (française) et rentrer chez lui ; d’aller dire ses quatre vérités à un président (français) qui se croit tout permis sur le sol de ses anciennes colonies. Mais, si l’objectif est d’aller demander pardon à Emmanuel Macron pour la colère légitime des populations du Sahel contre l’inefficacité de l’armée française, et de signer illico presto des accords dits de défense, alors, il y aura problème. Il y a une manière dans toute chose. Et visiblement le président Macron manque de (bonne) manière pour communiquer avec ses homologues du G5 Sahel. Les considère-t-il plus comme valets que des homologues ?
El Hadj Tiémoko Traoré
Source: Journal Le Pouce-Mali