Le week end dernier, Bamako a accueilli les Assises nationales sur le Nord, convoquées à l’initiative du Président de la République, pour, dit-on, faire connaitre et partager les préoccupations et les attentes du peuple malien sur la voie de la recherche d’une paix durable, juste et inclusive.
Le couac de cette rencontre a été le niveau de représentation des trois régions du Nord. Ce qui s’est passé à Gao en est un témoignage éloquent. Tombouctou aurait pu réagir de la même manière, mais nos frères et parents de la Cité mystérieuse, nous le savons, sont des peureux.
Sinon, comment comprendre que personne au niveau des notabilités de cette ville n’ait été convié à cette importante réunion. Ni les chefferies traditionnelles, ni l’imamat, ni le Comité de crise, encore moins les jeunes et les femmes, qui sont pourtant restés dignes durant l’occupation, n’ont été appelés à participer à cette rencontre.
Kidal, qu’on le veuille ou non, est dominée par ceux qui sont au MNLA et au HCUA. Bien qu’invités, ils ont brillé par leur absence aux Assises nationales. A ce niveau également, il y a donc eu un problème de représentativité.
Les Assises nationales ont donc forcément créé un malaise dans les trois régions du Nord.
C’est une faute de gestion au niveau local, sur laquelle les autorités doivent dorénavant veiller à ne plus être prises en défaut..
Cela dit, il faut reconnaitre que les Assises sur le Nord ont tenu leurs promesses, avec le défoulement des uns et des autres et des pistes de solution à explorer pour une paix durable.
Dès l’entame des Assises nationales sur le Nord, IBK avait balisé le terrain, en déclarant haut et fort qu’en dehors de l’autonomie et de l’indépendance, «tout est négociable». C’est bien dit Monsieur le Président. Mais ce « tout est négociable» pourrait comporter des pièges pour la République.
Est-ce que les cantonnés du MNLA et du HCUA intégreront l’armée nationale? Est-ce que les déserteurs seront également réintégrés? Ceux qui ont les mains tachées de sang seront –ils amnistiés? Quid de la reconnaissance de la laïcité de l’Etat? Peut-on dire alors que «tout est négociable», en dehors de l’indépendance et de l’autonomie?
Alors évitons une telle expression, qui pourrait se retourner demain contre son auteur. Le monde entier est unanime: il n’y aura aucune fantomatique République de l’Azawad dans le Mali actuel. De même, tout le monde sait que l’autonomie n’est ni plus ni moins qu’une forme à peine déguisée de l’indépendance.
La seule chose qui vaille, c’est de préparer l’armée à mener une guerre sans merci contre les terroristes et rebelles de tous acabits. Seule une victoire militaire totale pourrait nous conduire à une véritable paix, celle des intrépides.
L’exemple des pays des Grands Lacs est édifiant. Malgré la présence onusienne, il n’y a toujours pas de paix et de stabilité, excepté au Rwanda, qui a gagné sa guerre sur le plan militaire et qui constitue un havre de paix et d’équilibre.
C’est le cas également du Tchad, en Afrique centrale, qui a subi nombre de rébellions successives. Il a fallu qu’il bombarde sérieusement ses rebelles pour arracher une victoire militaire. Résultat: le pays retrouve la quiétude et la verticalité actuelle qu’on lui connait.
La paix, celle que les Maliens recherchent, ne peut pas nous être octroyée sur un plateau d’argent ou par la MINUSMA. La vraie paix, une fois de plus, passe par la force. Comme les Latins le disaient, «Si vis pacem , para bellum», si tu veux la paix, prépare la guerre. La RDC l’a bien compris et a pris ses responsabilités pour anéantir complètement le M23, mouvement rebelle qui avait refusé par extrémisme toutes les solutions de sortie de crise. Une véritable paix y est maintenant possible.
Le Mali doit faire la même chose, avant toute négociation, pour en imposer au MNLA, au lieu de le subir. La mort de nos deux confrères est une belle fenêtre d’opportunité pour en découdre avec ce Mouvement, dont l’un des représentants kidalois, Ambéri Ag Rhissa, demeure, à nos yeux, le suspect N°1 à l’heure actuelle.
Chahana Takiou