Le fait est vraiment remarquable, pour qu’on en parle pas. C’est une surprise, voire une exaspération. Voilà ce qui explique notre exclamation. En effet, comment la vitrine démocratique du continent, le Sénégal, le pays de la « téranga », en est arrivé à ce niveau : 4 morts, des supermarchés et stations d’essence vandalisés, des véhicules brûlés, des services de l’Etat mis à sac, la liberté de presse et d’expression mise en cause. Ce n’est pas tout.
Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar mènent des guérillas urbaines, des opposants et autres mécontents ont envahi plusieurs quartiers de la capitale pour y manifester. La périphérie dakaroise n’est pas restée en marge des manifestations. Même des villes de l’intérieur ont été atteintes par la contestation, surtout Bignona, une ville du sud du Sénégal, fief d’Ousmane Sonko, président du parti PASTEF et député depuis 2017.
Voilà grosso modo le bilan des émeutes inattendues, consécutives à l’arrestation, mercredi dernier, de l’opposant sénégalais, pour « manifestations non autorisées ».
Est-il nécessaire de rappeler que ce jeune opposant, inspecteur des impôts, arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019 avec 15,67% des suffrages, a été radié de la fonction publique en 2016 pour, dit-on, « manquement au devoir de réserve » ?
Convoqué pour une affaire de viol présumé par une masseuse de 20 ans, travaillant dans un salon affectionné de Dakar, au début du mois dernier, Sonko a rejeté l’accusation, avant d’affirmer que « c’est un complot ourdi par le président Macky Sall ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les organisations des droits de l’homme trouvent « arbitraire » cette arrestation.
Le Gouvernement, pour sa part, multiplie les menaces, à travers une déclaration du ministre de l’Intérieur, qui affirme haut et fort, que « les auteurs des troubles seront recherchés, poursuivis et traduits devant la justice ».
Les mains des pouvoirs publics sont déjà tachées de sang. Ce qui est inacceptable ! Les casses et autres actes de vandalismes sont également condamnables. Autant leurs auteurs doivent être poursuivis, autant les tueurs des manifestants doivent subir la rigueur de la loi.
La politique de deux poids deux mesures renforce les frustrations, les indignations et les actes de sabotages et de déstabilisation du pays. C’est pourquoi, la lucidité et l’esprit impartial doivent guider l’action du gouvernement sénégalais pour anéantir les conséquences de cette pente savonneuse : dégradation de la situation.
Le Sénégal, vitrine démocratique du continent, pays stable, avec une gouvernance tant bien que mal, est véritablement en 2021 sur la pente savonneuse.
Le Sénégal de Macky Sall est fortement secoué. Le président doit, donc, reprendre la main pour soigner l’image démocratique du pays, et donner le bon exemple, comme il a toujours su le faire jusque-là.
Le troisième mandat, qu’on prête à Macky Sall, ne saurait justifier les dérapages actuels, encore moins le musèlement de la presse. Nous sommes de ceux qui n’y croient pas. En bon démocrate, il doit prendre la parole et répéter, comme Mahamadou Issoufou du Niger l’a fait, qu’il n’est pas intéressé par un mandat de plus. Cela aura l’avantage de calmer certains esprits, et d’ôter à d’autres leur argument favori pour mobiliser la masse populaire.
WaSalam !
El HadjChahanaTakiou
Source: 22 Septembre