Tessit, une unité de l’armée abandonne sa position sans autorisation de la hiérarchie pour faute de moyens (munitions, armements…). Comme une trainée de poudre, la nouvelle occupe la UNE de la toile et les salons feutrés de la capitale, Bamako. Quelques jours après, tout est rentré dans l’ordre. L’unité a regagné Tessit où la population réclamait sa présence. La hiérarchie militaire, les autorités maliennes se sont investies pour mettre à disposition les matériels, objets de doléance. La faute fut réparée à temps. Ce qui nécessite une circonstance atténuante même s’il est inadmissible de constater que dans un Etat de surcroit en période de guerre que les autorités envoient des éléments de l’armée sur le théâtre des opérations sans moyens ou sans moyens adéquats.
L’autre fait qui n’a autre appellation que de l’injustice, c’est le traitement inégalitaire entre deux unités d’une même armée au service de la Nation. Nous nous rappelons de la situation des éléments de la gendarmerie qui ont abandonné leur poste suite à l’expiration du délai de leur mission mais aussi du mensonge d’Etat dont ils ont été victimes. En direction de Bamako, ils sont interceptés avec un arsenal lourd comme si la hiérarchie militaire partait déloger Kouffa dans le centre du pays. Ensuite, ils sont conduits dans la capitale avant d’être arrêtés pour motif : d’abandon de poste, d’indiscipline caractérisée…
Alors où est la différence entre les deux faits ? Mais malheureusement, nous constatons qu’une unité est dorlotée, l’autre est traité comme des moins que rien et ses éléments sont même menacés de radiation.
Cette décision de l’Etat a sans doute des conséquences. Si elle venait d’être appliquée, cela aboutira à la perte de toute unité formée avec le denier public pour des missions compliquées. C’est une sorte de non reconnaissance en leur endroit car malgré les maigres moyens, les éléments de la gendarmerie ont engrangé des résultats probants tels que sauver le Président de la Haute Cour de Justice, Honorable Abderhamane Niang qui était enlevé par des inconnus. Ces hommes se sont engagés à servir le Mali même si leur vie en dépendra. Ils ont honoré ce serment prêté sans reproche. Mais le simple fait d’abandonner, un moyen de manifester son indignation compte tenu des conditions insoutenables, afin que les plus hautes autorités puissent entendre leur cri de détresse ne saurait justifier cette intention de les prendre la toge de militaire.
Ce que l’Etat a fait avec l’unité de Tessit, c’est en cela qu’on reconnait une Nation forte qui accorde une attention particulière aux militaires. Le Mali traverse une situation particulière. Une guerre qui dépasse les moyens du pays. Alors en de telle circonstance, la meilleure formule, c’est de veiller au bon moral des troupes. Si les conditions ne sont pas bonnes, faute de moyens de l’Etat, les autorités doivent trouver des formules appropriées pour leur donner envie de continuer à se battre pour le Mali.
La grande muette est pourrie. C’est une évidence qu’il faut accepter d’aborder et la corriger très rapidement car sans armée forte pas de Nation forte.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays-Mali