En marge des effets terroristes et conflits intercommunautaires, un autre phénomène injuste et plus inquiétant est en train d’envahir le Pays Dogon. Il s’agit bien de la décision prise par le chef d’Etat-major général des armées qui conditionne la circulation des engins à deux roues et pick-up à des dispositions dans certaines zones du centre du Mali. Dès l’annonce de la novelle, les paysans ont manifesté leurs inquiétudes car les engins à deux roues (motos) sont les moyens les plus utilisés pour aller au marché, à l’hôpital dans les foires… bref l’économie et la santé y sont liées.
Quelques mois après, le lot des victimes ne fait que grossir. Les militaires chargés de veiller au respect de la décision s’adonnent à des pratiques qui laissent à désirer. Ils brulent les motos des pauvres paysans. Des victimes mais aussi des témoins nous ont fait des révélations touchantes le week-end dernier lors des journées de concertations populaires des comités CDR au carrefour de jeunes. Habitants de Koro et Bankass, ils ont lancé un cri au secours afin de stopper les militaires dans cette mission qui est de déposséder de façon écœurante les villageois de leurs motos payés dans des conditions très difficiles pour celui qui sait comment les choses fonctionnent en milieu rural.
Une telle attitude des autorités peut aboutir à plusieurs méfaits au détriment de l’Etat malien. Les victimes dans ces localités peuvent se retourner contre l’Etat sur plusieurs formes comme, cela toujours été le cas, refuser de collaborer avec les forces de sécurités en leur donnant des informations. Ce climat de méfiance ne fait que se renforcer.
Le constat à souligner est que si la décision est prise pour freiner les attaques terroristes, elles ne se sont pas arrêtées. Pour plus de précision, elles se font toujours avec des motos. L’Etat n’a pu rien résoudre. Le barrage de Djenné, l’attaque de bandiagara… aucune disposition sérieuse afin d’anticiper les attaques.
Il est temps que les autorités revoient la décision. Elle a énormément fragilisé les activités dans les villages. Les esprits se chauffent et le pire qu’il faut éviter à temps, c’est de voir les populations se révolter, se retourner contre l’Etat central.
Boubacar Yalkoué
Le Pays