Au cours du Conseil des ministres tenu le 14 août 2019 à Koulouba sous la présidence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le gouvernement a adopté un projet de décret fixant la répartition de l’aide financière de l’Etat aux partis politiques au titre de l’année 2018. Cette aide s’élève à 3 milliards 374 millions 442 mille 789 francs CFA pour soixante-six partis éligibles. Une somme pharaonique que le trésor public doit décaisser en cette période de soudure.
Au regard de la situation actuelle du pays des dépenses comme celles-ci, bien qu’elles soient indexées dans le budget national du pays, doivent être revues à la baisse à défaut d’être purement suspendues. D’autant plus que cette aide ne semble pas être utilisée à bon escient par les partis politiques bénéficiaires. Celle de 2018, selon le gouvernement, doit concerner soixante-six partis sur environ 200. Parmi ces soixante-six partis politiques, rares sont ceux qui peuvent présenter un bilan réel et crédible en faveur de l’éducation, la sensibilisation et la formation de ses militants à la base pour lesquels cette aide est octroyée.
Depuis 2013, aucun candidat ou responsable politique n’a réussi à sensibiliser au nord. De même aujourd’hui, plusieurs localités au centre comme au nord sont restées sans Conseil communal. Pire, des élus sont toujours bloqués à Bamako et ne peuvent même plus se rendre dans leurs circonscriptions à cause de l’insécurité. Une situation dans laquelle la classe politique a une part de responsabilité pour n’avoir rien fait ni pour l’empêcher ni même pour l’apaiser actuellement.
Dans un pays où les partis ont failli à leurs missions qui ne sont autres que l’éducation, la sensibilisation et la formation citoyenne, vouloir accepter une telle somme constitue une honte pour les bénéficiaires et un manque de courage d’accepter les réalités en face. Car depuis le début de la crise, aucun de ces bénéficiaires n’a pu initier une démarche salutaire, sincère et responsable, visant à sensibiliser les populations en leur donnant des informations fiables partout où le besoin s’est réellement fait sentir. Le pire est que la plupart des partis politiques pensent que cette aide sert à renflouer leurs caisses pour assurer leur fonctionnement et résoudre leurs besoins sociaux ou alors pour financer les campagnes politiques.
Cela doit forcément cesser. Aujourd’hui, plusieurs autres organisations de la société civile, ainsi que des associations crédibles et mieux structuré sont devenues plus engagées et plus proches des populations que des partis politiques. Elles sont prêtes à contribuer au développement du pays sur plusieurs plans, mais les moyens nécessaires leur manquent. C’est celles-là qu’il faudrait accompagner aujourd’hui pour assurer cette éducation, cette sensibilisation et cette formation citoyenne, puisqu ‘après plus d’une décennie d’appui, la classe politique se trouve toujours incapable et d’assurer correctement son rôle et d’assumer courageusement ses responsabilités.
Ousmane Ballo
Source : Ziré hebdo