Les résultats provisoires des législatives 2020 ont démontré à suffisance que dans la capitale, Bamako et environnants, les habitants ne portent plus le président IBK et son parti Rassemblement pour le Mali(Rpm) dans leur cœur. Sur les 14 sièges à pourvoir, le parti présidentiel n’a obtenu qu’un seul. Seul le fils du président IBK, Karim, a été réélu en commune II du district de Bamako. Il était d’ailleurs en alliance avec l’Adema et le MPM d’un certain Hadi Niangadou, communément appelé Djowalaki. Le RPM qui avait, lors des législatives de 2013, neuf (09) élus se retrouve avec un seul. Le parti présidentiel est donc détrôné par le principal parti de l’opposition (Urd) qui a obtenu 4 sièges. Cette cuisante défaite du RPM d’IBK dans la capitale et à Sikasso est la conséquence de la mauvaise gouvernance. Annoncé comme un Messie, le président de la République IBK fut une grande déception à cause de sa gestion chaotique du pays.
Les Maliens en ont marre de lui et de sa mauvaise gestion. Le rapport de la 11ème édition d’enquête d’opinion politique au Mali dénommé Mali-Mètre, rendu public, le montre à suffisance. Ce sont 2/3 des Maliens qui sont déçus de la gestion du chef de la magistrature suprême. Le rapport révèle que 62% des enquêtés sont insatisfaits des actions du président IBK, qui s’est révélé être le plus mauvais Président de la République que le Mali ait connu. Dans notre dernière parution, nous titrions à la Une : «auprès de la cour constitutionnelle de Manassa : Des partis politiques de la majorité présidentielle veulent coûte que coûte arracher des sièges ! ». Nous avons voulu que cette prédilection ne soit pas la réalité afin d’éviter une crise post-électorale, comme celle de la présidentielle 2018, qui aura des conséquences drastiques pour notre pays déjà très fragilisé par une crise multidimensionnelle. Mais hélas !
La présidente de la Cour Constitutionnelle, Manassa Daniogo, aux ordres du régime IBK, a rendu un verdict politique à la place du Droit. Ses résultats définitifs des législatives mars-Avril ont donné 10 sièges de plus au parti présidentiel. Manassa chamboule la donne et met du coup le feu au pays.
En commune I, V et VI du District de Bamako, Kati, Sikasso, Niono, Bougouni la grande colère du Mali contre le pouvoir IBK s’exprime sous le feu et les fumées des pneus brulés. Pour s’être indument substituée aux électeurs, ce braconnage constitutionnel de plus menace ma nation et ma république. Car, les populations de Bamako et de Sikasso ne décolèrent pas.
Elles réclament la restitution de leur victoire après l’arrêt de la cour constitutionnelle. Pour y arriver, les mécontents ont paralysé le pays avant-hier, lundi, avec une série de protestions en Commune I, V, VI du district de Bamako, à Sikasso, Bougouni, Niono…. Cela menace dangereusement notre pays qui traverse un des moments les plus difficiles de son histoire. En plus de la dégradante situation sécuritaire qui a embrasé la quasi-totalité du pays, voilà que la Cour constitutionnelle de Manassa nous glisse vers une crise post-électorale.
En effet, force est de constater que dans plusieurs pays sérieux, les cours constitutionnelles neutralisent les résultats et ordonnent de nouvelles élections ou instruisent un nouveau comptage. Mais au Mali gouverné par des insensibles, la Cour constitutionnelle qui, semble être aux ordres du tenant au pouvoir, fait autrement : elle inverse selon ses desideratas les résultats provisoires en avançant des arguments à géométrie variable. Elle se substitue de ce fait au choix souverain du peuple. Elle ne mesure pas pleinement le coup qu’elle assène à la démocratie. Que c’est affligeant pour la démocratie malienne durement acquise dans le sang.
Aliou Touré
Le Démocrate