Lors d’un meeting tenu à la Place du souvenir le 30 juin 2018, le collectif des commerçants du Mali a décidé d’organiser le jour de l’ouverture de la campagne présidentielle une grève sur toute l’étendue du territoire national. Pire, ils ne veulent plus de leurs responsables : Youssouf Bathily, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCIM) et de Cheick Oumar Sacko, le président du Syndicat national des commerçants détaillants (Synacodem).
Le meeting portait sur les 7 doléances qui ont motivé une grève des commerçants, selon Moussa Sacko, membre du collectif des commerçants. Les négociations avec le gouvernement n’ont pas donné satisfaction aux grévistes. « Jusqu’à présent le problème de l’obtention du visa chinois continue. Les gens attendent de 20 heures jusqu’au lendemain soir pour avoir leur visa », a commenté Moussa Sacko.
Ibrahim Maïga, le président du collectif, a fait savoir que le dédouanement au Mali est le plus difficile de toute la sous-région. « Dès l’entame des négociations, le ministre du Commerce, Abdoul Karim Konaté dit Empé, nous a déclaré que la réduction du coût du dédouanement est un point de désaccord ; qu’on ne peut pas s’entendre là-déçu. Le Mali n’a pas besoin de durcir les conditions du dédouanement », a-t-il expliqué.
Maïga a aussi affirmé que 7 pays venaient faire des achats au Mali, mais ces derniers ne viennent plus à cause du durcissement des conditions de dédouanement. Une des raisons de la colère des commerçants est que le président de la CCIM et celui du SYNACODEM ont refusé de défendre la cause de leur corporation lors de la grève. « Youssouf Bathily, le président de la Chambre de commerce et Cheick Oumar Sacko, le président du SYNACODEM doivent démissionner », a déclaré Ibrahim Maïga.
Les commerçants entendent marcher bientôt pour exiger la démission des membres des organisations qui sont censées défendre leurs intérêts. «Le fait que le ministre refuse dépend de l’attitude de nos responsables », a indiqué Ibrahim Maïga. Des commerçants sont venus de plusieurs régions dont Sikasso, Ségou, Mopti. Ils promettent d’appliquer à la lettre dans leurs localités les décisions prises par le collectif.
Le meeting était également marqué par la présence de l’activiste Ras Bath qui insisté sur l’obligation qu’a l’Etat de protéger les intérêts des citoyens. Il a notamment évoqué la difficulté pour les commerçants maliens d’obtenir le visa chinois alors que les Chinois viennent au Mali pour le commerce sans difficulté particulière.
En tout cas, le choix de la date de la campagne présidentielle par les commerçants n’est pas fortuit, étant donné qu’ils estiment représenter au moins 4 millions d’électeurs. « Nous pouvons élire le président de la République ; les religieux dont on parle, c’est nous les commerçants qui finançons leurs mosquées », a déclaré Ibrahim Maïga.
Soumaila T. Diarra