Face à la menace et aux risques liés aux changements climatiques , le Centre d’études et de renforcement des capacités et de plaidoyer (Cercap) , en vue d’attirer l’attention des décideurs politiques et des organisations de la société civile sur les réels défis à relever, a organisé hier lundi une conférence-débats sur le thème : «L’économie des changements climatiques et ses implications sur les politiques économiques au Sahel : cas du Mali » . Etaient présents à cette cérémonie, Cheickna Seydi Hamadi Diawara, ministre de la Planification, de l’Aménagement du territoire et de la Population ; Boubacar Macalou, directeur du Cercap ; Bouréma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile ; M’Baye Ahmadou Aly, le conférencier et plusieurs participants.
Aux dires du ministre, la question des changements climatiques est de nos jours une préoccupation majeure dans tous les pays. Pour lui, les changements climatiques constituent une des plus graves menaces pour l’avenir de l’humanité et singulièrement, pour l’Afrique, l’un des continents les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques, sans que cela ne soit perçu, malheureusement, avec gravité par tous les acteurs politiques, scientifiques et techniques.
À l’entendre, le corollaire de cette perception insuffisante de la gravité du phénomène est la prise en charge tardive de la problématique dans les politiques publiques de développement. Pour le ministre, du point de vue de l’analyse économique, les émissions de gaz à effet de serre, comme cause des changements climatiques planétaires constituent un phénomène de surexploitation de l’atmosphère.
À l’en croire, la question des changements climatiques peut s’analyser comme un problème de biens publics, nécessitant des actions et mesures individuelles et collectives de toutes les parties prenantes, voire de toutes les Nations, les incitant à agir pour l’intérêt général, prévenant ainsi les conséquences écologiques désastreuses liées aux changements climatiques.
Le ministre dira également que des analyses des scientifiques prédisent, entre autres, la perte des terres sous la montée des eaux au niveau du littoral ; la perte de la biodiversité et des superficies de forêts ; la contamination des sources d’eau douce ; la rareté de l’eau pour l’agriculture et la consommation urbaine ; l’accroissement des problèmes de santé publique et de la mortalité due aux vagues de chaleur et à la progression des maladies tropicales ; et la perte de récoltes agricoles en raison de la sècheresse. C’est pourquoi le ministre dira qu’il est «nécessaire de considérer ce que l’on doit faire d’un point de vue technique pour savoir quelles sont les politiques les plus appropriées, les approches politiques les plus agressives pour répondre à la menace liée aux changements climatiques».
Aux dires du conférencier, M’Baye Ahmadou Aly, l’objet de l’économie des changements climatiques est d’identifier les scénarios d’adaptation et d’atténuation et d’évaluer les coûts et avantages de ces scénarios. Avant d’ajouter que «les plus grands pollueurs sont les pays riches, à savoir les Etats-Unis, le Canada, la Russie, la Chine, l’Allemagne… Encore qu’il dira que à l’horizon d’un siècle, les glaciers pourraient fondre et augmenter de 7 mètres le niveau de la mer. Pire, les changements climatiques ont un impact direct sur l’agriculture et entraîne la mortalité et la stérilité.
Selon lui, les inondations dans les pays sahéliens sont dues aux changements climatiques. À l’en croire, l’Afrique ne participe pas aux émissions gaz à effet de serre, mais en subit les conséquences. En Afrique, la dégradation des sols résulte des hommes. La contribution de l’Afrique aux changements climatiques est liée à l’utilisation des sols. C’est pourquoi il dira que mettre son argent dans les banques des pays développés, c’est payer ces banques. Par conséquent, il est souhaitable d’investir dans le capital humain : l’école et les terres.
ENCADRE
Le Centre d’études et de renforcement des capacités d’analyse et de plaidoyer (Cercap), créé par l’ordonnance N°05- 026/ P-RM du 27 septembre 2005 ; ratifiée par la loi N°05-056 du 29 novembre 2005, a pour but de renforcer les capacités de l’administration, du secteur privé et des organisations faîtières de la société en vue de la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée , de la stratégie de réduction de la pauvreté et des efforts de développement du pays.
Le Cercap est financé à hauteur US $ 3 000 000 par l’Acbf et de US $ 1 000 000 par le gouvernement malien pour une durée de quatre ans. Les objectifs spécifiques du Cercap sont de renforcer les capacités institutionnelles et humaines du Cercap, pour lui permettre de réaliser des travaux d’étude et de recherche de qualité, en appui aux processus de prise de décisions.
Il s’agit aussi pour le Cercap de renforcer les capacités humaines de l’administration publique pour qu’elle coordonne et suive la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté et de la stratégie de croissance accélérée (SCA). Il contribue aussi au renforcement du dialogue entre l’administration et les acteurs non-étatiques.
Soumaïla T. Traoré
Source: L’Oeil du Mali