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Écoles privées : L’équation du salaire des enseignants

Certains acteurs pensent que le respect du cahier de charges pour créer et ouvrir une école privée doit permettre d’éviter la difficulté vécue actuellement par des pédagogues. D’autres mettent simplement en cause la bonne foi de certains promoteurs d’établissements

 

Certains enseignants des établissements privés d’enseignement vivent une situation humainement intenable. Ils sont contraints de tendre la sébile pour subvenir à leurs besoins.
Les raisons ? Du fait de la fermeture des classes pendant des mois à cause de la pandémie, ces enseignants, en tout cas pour la plupart, n’ont pas perçu le moindre kopeck comme salaire. Ils broient du noir.
Leur situation suscite de nombreux questionnements auxquels, il faut rapidement trouver les réponses adéquates. Est-ce qu’il y a un vide juridique sur le recrutement des enseignants dans le privé ? Y a-t-il un sérieux problème d’organisation dans les écoles privées ? L’état doit-il les accompagner et dans quelle mesure ?

Les enseignants des écoles privées sont contraints, depuis des mois, au chômage technique parce que les portes des écoles sont fermées. Pour certains, c’est une situation qui remonte à la période d’avant Covid-19. Dans notre pays, les premiers cas de coronavirus ont été déclarés en mars 2020.
à l’école fondamentale privée «Mamou Diallo» à Magnambougou-Projet, les enseignants vivent les mêmes difficultés. La promotrice de l’établissement privé d’enseignement, Fatoumata Dembélé, explique être personnellement affligée par la souffrance des enseignants en cette période de crise. Depuis l’apparition des premiers cas de Covid-19, les choses ont pris une mauvaise tournure pour elle et son établissement. Il doit six mois arriérés de salaires à ses enseignants. Selon elle, la fermeture des écoles est aussi insupportable pour son établissement privé qui doit s’acquitter des frais de location.

Lassina Diallo, âgé de 28 ans, enseigne dans une école privée à Magnambougou. Il parle avec une dose d’amertume des pénibles mois qu’il a vécus sans salaire. Il explique n’avoir rien perçu de la promotrice de son établissement scolaire depuis sept mois et les cours à domicile qu’il dispensait lui ont été d’un grand apport. «J’ai pu surmonter ces moments difficiles parce que je ne payais pas de location, ni de vivres. D’autres n’ont pas eu cette chance». Notre instituteur ne nourrit aucune illusion de se voir verser ses arriérés de salaires. Namory Traoré, est proviseur au complexe scolaire «Cours modernes privés bilingue Amadou Sow (CMPBAS)» à Hamdallaye ACI. Il estime qu’il faut relativiser la question liée au payement des salaires des enseignants. Il fait remarquer qu’il y a deux catégories d’enseignants : les permanents et les vacataires. «Les salaires du mois de mars jusqu’à novembre de nos enseignants permanents ont été bien payés.

Nous ne leur devons que le mois de décembre», explique le proviseur qui admet aussi volontiers que la Covid-19 est un prétexte pour certains promoteurs. Quant aux vacataires, ceux-ci sont payés au nombre d’heures accomplies pour dispenser les cours. Même en période normale, le paiement des vacataires accuse du retard.
Le coordinateur des écoles privées du Quartier-Mali (Commune V), Kalilou Cissé, reconnaît un effondrement du système. Pour lui, il est clair que les perturbations liées à la pandémie n’ont pas été favorables et pour les promoteurs d’écoles privées et pour les enseignants.

Il estime que seulement 30 à 40% des établissements privés d’enseignement respectent le cahier de charges permettant d’obtenir l’autorisation d’ouvrir des écoles privées. Les textes exigent, selon lui, l’engagement des promoteurs à payer les enseignants sur 12 mois de l’année. Cette situation est due à une certaine légèreté des autorités scolaires dans la délivrance des documents, déplore notre interlocuteur. Kalilou Cissé explique qu’il faut séparer le bon grain de l’ivraie. Car, dit-il, certains promoteurs d’écoles privées fournissent beaucoup d’efforts pour accompagner leurs enseignants pendant cette crise. «Certaines écoles bien structurées et qui n’ont rien à envier aux établissements publics ont payé les salaires jusqu’à la date d’aujourd’hui. Ces écoles ont même inscrit leurs enseignants à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) pour leur garantir une pension, une fois qu’ils feront valoir leur droit à la retraite», explique l’enseignant.

L’amélioration des conditions de vie des enseignants, fait-il remarquer, passe par le respect des accords, notamment celui du cahier de charges. Il estime qu’il ne faut pas tout mettre sur le dos de l’état même si celui-ci n’exerce aucun contrôle a priori et a posteriori pour mettre fin à ce genre de désagrément. La responsabilité, selon lui, est partagée avec les enseignants et les promoteurs d’écoles privées d’enseignement.
Kalilou Cissé estime qu’il ne faut pas perdre de vue les difficultés auxquelles les promoteurs font face. Certains sont astreints au payement des frais de location alors qu’ils ont du mal à faire le recouvrement des frais de scolarité des élèves auprès des parents.

Pour lui, l’état doit dégager des ressources financières pour venir en aide aux écoles privées. «Ce qui n’a pas été le cas dans notre pays contrairement aux autres pays voisins», déplore le responsable des écoles privées de Quartier-Mali. Il n’occulte pas non plus le mauvais comportement de certains promoteurs qui, bien qu’ayant les moyens de payer leurs enseignants, mettent en avant le prétexte de la crise sanitaire pour se soustraire à leurs obligations. à en juger par leur train de vie, tout laisse croire qu’ils ont de quoi payer les salaires. Il critique ces promoteurs d’écoles privées qui ne se préoccupent pas des conditions de travail de leurs enseignants.

Mohamed D. DIAWARA

Source : L’ESSOR

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