Extrême reculade de l’Etat malien, c’est le moins que l’on puisse dire après la nomination des autorités dites intérimaires à la tête des régions nord du pays. Du sinistrement célèbre, Hassane Fagaga, ex – combattant, intégré et promu au grade de Colonel, déserteur invétéré, à Kidal, au jeune Boubacar Ould Hamadi à Tombouctou, ce fut pour les populations la perte de souveraineté nationale de trop. Dans la Cité des 333 Saints, le ton est vite monté. Et à Kidal, ce sont les bandits armés qui ont encore roulé dans la farine le Gouvernement malien sous le prétexte fallacieux du choix d’un nouveau gouverneur.
C’est le vendredi dernier que les plus hautes autorités du pays avaient décidé de nommer le sieur Sidi Mohamed Ag Ichrach en qualité de gouverneur de la région de Kidal. Cela a suffi pour réveiller les vieux démons des bandits armés qui contrôlent la ville. Ancien combattant du Mouvement populaire de l’azawad des années 90, Ag Ichrach avait adhéré au Pacte National censé ramener la paix. C’est à ce titre qu’il intégra les services de Douanes du Mali. Les observateurs se rappellent de cet homme du désert faisant partie des équipes mobiles un peu plus tard. Récemment, il occupait le poste de Secrétaire Général du Ministère du Commerce.
Vendredi 17 février, le gouvernement décida de le propulser à la tête de l’Exécutif de Kidal.
Y avait – il eu concertations avec les vrais maîtres de la ville ? Si non, à quel jeu voulait – on s’adonner ?
A Bamako, fidèles au folklore et aux mises en scènes, les autorités avaient mené d’intenses campagnes selon lesquelles ” le drapeau du Mali flottera à Kidal “, “Kidal dans le giron national, “, etc.
L’on s’apprêtait à aller à Kidal le samedi 18 février pour procéder à l’installation des autorités intérimaires. Tous avaient pris d’assaut les allées de l’aéroport de Sénou : Ministres, ambassadeurs, représentant de l’ONU, membres de la médiation,…
Mais, c’était sans connaître les velléités des bandits de Kidal. Pour eux, le sieur Mohamed Ag Ichrach, nouvellement nommé ” au gouvernorat de la ville est un ” proche ” d’un groupe de la Plateforme, considérée pro – Bamako.
La coordination des mouvements de l’azawad, CMA, a donc décidé de boycotter l’investiture. Pendant des dizaines de minutes, ministres maliens et médiateurs s’agenouèrent pour les supplier. En vain !
Nul ne pouvait alors prendre le risque de fouler le sol kidalois le samedi 18 février au risque de subir le sort qu’avaient subi des agents de l’Etat en mai 2014. Bien qu’ayant reculé, sinon abandonné un pan entier de sa souveraineté avec la nomination du Colonel Hassane Ag Fagaga pour assumer l’autorité intérimaire en son absence, l’Etat malien en a eu pour ses frais. Le sinistrement célèbre Hassane Ag Fagaga est connu de tous les Maliens.
Avec le Caporal – Chef Ibrahim Ag Bahanga, mort depuis, il formait un duo infernal au Nord – Mali.
Ex – combattant du MPA de Iyad Ag Ghali, il avait regagné les rangs de la mère – patrie. Intégré puis promu au grade de Colonel de la garde nationale, il commanda les unités mobiles ou mixtes. En 2006, il était encore avec Bahanga, Ba Mossa et autres, pour tuer des agents de l’Etat. Les traces de Fagaga ont été aperçues lors du massacre d’Aguel Hoc.
Après la mort de Bahanga, ou l’avait perdu de vue. Mais, l’on savait qu’il combattait toujours dans les rangs des groupes armés. Même lors de la signature de l’Accord de paix, en mai 2015, Fagaga n’y était pas. C’est l’année dernière qu’il osa rentrer à Bamako. Parait – il que ce sont les plus hautes autorités du pays qui avaientdemandé de ses nouvelles. Et depuis, la CMA associe Fagaga à ses activités.
Et 2011, il fut l’un des premiers officiers à déserter l’Armée malienne pour rejoindre le MNLA. C’est sur un tel homme que le choix du gouvernement de notre pays est tombé pour diriger Kidal. Quelle honte !
Ce choix a été entériné par les médiateurs au rang desquels il y aurait des amis du Mali : Français, Algériens,…Mais de qui se moque t – on ? Ces soi – disant amis du Mali voudraient – ils consacrer la partition ? Sachant que l’Etat malien est aujourd’hui faible, que les autorités n’arrivent pas à se donner les moyens de libérer leur pays, que la partition arrangerait leurs affaires, les médiateurs font tout pour conduire la situation ainsi. Ont – ils un jour insisté sur le cantonnement et le désarmement des bandits armés ?
En France, y a t – il eu un seul instant une autorité intérimaire dans une commune avec les éléments Corses ou Basques ? En Algérie, a t – on partagé le pouvoir avec les groupes armés ? GIA, GSPC, MIA… ? Pourquoi les ressortissants de ces pays nous l’imposent ? Est – ce que c’est sérieux ça ?
Cela dit, le Gouvernement dans sa reculade a nommé des bandits armés, à Tombouctou, Ménaka, Gao, Taoudénit. Boubacar Sidi Hamadi, bras droit des gens de Kidal, est prévu à Tombouctou tandis que Djibrila Boubèye Maïga va à Gao. A Taoudénit, il y aura Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed et à Ménaka, ce sera Hamoudi Sidi Ahmed Aggada. Un partage de gâteau, en somme, qui rassurerait les autorités incapables de sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire.
L’avis des populations n’a pas été demandé. Des résistances se font voir. A Gao, Tombouctou, les populations ne veulent pas entendre parler d’autorités intérimaires. C’est un rejet total des bandits armés. Car, pro ou anti – Bamako, les bandits des groupes armés sont les mêmes. Durant le week -end, il y a eu de vives protestations à Tombouctou. A Gao, les jeunes ont fait autant.
C’est l’occasion pour les Elus de la Nation de se manifester. Car, l’avenir de cette Nation est gravement menacé. Que nos Députés s’inspirent de l’exemple d’un certain Julius Maléma en Afrique du Sud pour demander des comptes aux plus hautes autorités de leur cher Mali ! C’est en cela que les populations se reconnaitront en eux. Ils tirent leur légitimité de ces populations. Pourquoi accepteraient – ils que l’on installe des autorités dites intérimaires en lieu et place des vrais élus ? Gao, Kidal, Ménaka, Tombouctou et Taoudénit mériteraient – ils un tel sort ?
B. KONÉ
Source: Le Malien