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Echange de prisonniers au Mali: Sur fond d’amertume de la force Française Barkhane

Autant il y a eu des tentatives de récupérations politiques dans le microcosme politique français à la suite du crash d’hélicoptères français survenu le 25 novembre 2020 dans le Liptako Gourma, autant la libération d’un important effectif de prisonniers djihadistes en échange de quatre otages (un Malien, une Franco suissesse et deux Italiens) n’en finit pas d’enfler la polémique d’une façon générale et notamment dans le sérail politique français.

De cet agissement des autorités politiques, tant au Mali qu’en France, on pourrait se dire que l’échange de prisonniers qui a abouti à la libération des quatre otages s’est tout simplement opéré sur fond d’amertume de la force Barkhane. Signalons que ce sont 204 (ou 206 selon certaines sources) djihadistes détenus dans les geôles du Mali et dans certains autres pays du Sahel Central qui ont servi de monnaies d’échange contre la libération des quatre otages qui sont : Soumaïla CISSE, Sophie PETRONIN, Nicola CHIACCHIO et Pier Luigi MACCALLI. Ce qui a surtout chagriné l’opinion nationale malienne et, au-delà, bon nombre d’observateurs et de spécialistes internationaux de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, est non seulement le nombre élevé de djihadistes ayant servi de monnaies d’échange mais aussi de la dangerosité de certains d’entre eux. Parmi eux, on retrouve des combattants qui ont participé à des attaques meurtrières contre l’armée malienne et deux personnalités considérés comme des cadres du GSIM de Iyad Ag GHALI. Et pourtant de sources très proches du dossier, il ressort invariablement que la majorité écrasante des djihadistes qui ont servi de monnaies d’échange dans cette opération ne sont pas en réalité des cadres importants des groupes djihadistes opérant dans la bande sahélo-saharienne. Même s’il est vrai que certains d’entre eux seraient impliqués dans des attaques d’envergure qui, généralement visent en premier lieu les détachements de l’Armée malienne et aussi des occidentaux. Mais là où le bât a surtout blessé est que les tractations qui ont abouti à cet échange de prisonniers auraient été menées en ignorant presque totalement l’avis que pourrait avoir la force française Barkhane.

Or il est de notoriété publique que c’est cette force antiterroriste qui a procédé à l’arrestation de la majorité écrasante de ces djihadistes libérés. En vérité, ne devrait-on pas reprocher aux autorités politiques maliennes et françaises le fait de transcender la Force Barkhane dans les tractations pour cet échange de prisonniers ? En tout cas si par devoir de réserve, inhérent aux ‘’Grandes Muettes’’, les soldats français n’osent pas manifester leur état d’âme face à cette situation, eh bien le général français Christophe GOMART, quant à lui, n’a pas manqué de faire part de son amertume en ces termes : « Il faut se réjouir de la libération des otages. Les dessous, je ne les connais pas. Puisque je ne suis plus en fonction. Ce que je remarque est que le volume des djihadistes libérés est extrêmement important. C’est peut-être une bonne nouvelle dans la mesure où l’on pourrait en déduire que c’est le résultat des tracasseries entre Maliens pour tenter des négociations de paix. En revanche si c‘est pour que ces djihadistes, certains sont bien connus parmi eux, continuent à mener des attentats contre les populations et contre les soldats français de Barkhane, c’est ce qui est problématique en fait. On pense aux cinquante (50) français tués depuis le début de l’opération le 11 avril 2013. Ils sont morts pour libérer le Mali de l’emprise djihadiste. Et si on libère des djihadistes qui risquent de mener des combats contre les forces françaises, en particulier celles de Barkhane, et aussi contre les forces maliennes ».

Signalons que le général Christophe GOMART été à la tête de la Direction du renseignement militaire d’août 2013 à mai 2017. Avant cela, il a dirigé le Commandement des opérations spéciales entre août 2011 et juin 2013. Il a été parmi les artisans de la reconquête du nord du Mali en 2013. Retraité de l’armée française, il publie aujourd’hui ses mémoires militaires dans « Soldat de l’ombre » aux éditions Tallandier.

El Hadj Mamadou GABA

Le Soir de Bamako

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