Dans le cadre d’un recrutement de personnel, l’Energie du Mali (EDM-SA), à travers un cabinet dédié, a décidé de s’attacher les services de 60 nouveaux agents, tous profils confondus. Parallèlement à ce recrutement dans les règles de l’art, l’entreprise, certainement par acquis de conscience, a aussi décidé de régulariser la situation de 30 stagiaires longue durée, qui ont fait preuve de compétence. Jusque-là, rien à redire.
Le hic réside cependant dans le fait qu’on s’est retrouvé au final avec une liste de 280 nouvelles recrues. En d’autres termes, quelqu’un, dans le secret de son bureau, a profité de l’occasion pour doubler le nombre d’éléments nécessaires, précisément à un moment où l’entreprise de distribution de l’électricité connait un déficit de production sans précédent, se débat dans toutes sortes de difficultés de trésorerie. D’où les délestages et coupures intempestives, sources de mécontentement populaire et de manque à gagner pour les entreprises et pour l’économie nationale. Et comme un malheur ne vient pas seul, le personnel recruté en catimini (du tout-venant selon des sources) n’est visiblement pas à la hauteur de la mission. La plupart des nouveaux agents, sans niveau, donnent évidemment du fil à retordre à leurs chefs de division ou services respectifs. Au mieux des cas, ils sont payés à ne rien faire.
“Chassez le naturel, il revient au galop” ! Bien sûr, l’on revient toujours à ses premières tendances. Et il en sera toujours ainsi dans les entreprises publiques ou parapubliques maliennes devenues des vaches laitières pour certains qui profitent de leur position dominante pour poser des actes contraires à la réglementation en vigueur ou tout simplement discriminatoires.
Mais, comment des recrutements clandestins sont encore possibles dans le Mali Kura, dont les théoriciens prônent la transparence et l’inclusivité dans tous leurs discours ? Ils prétendent qu’ils feront table rase des pratiques qui ont fait le lit des crises multiformes que le pays connaît et qui ne sont pas prêtes de s’estomper. Les voilà démentis encore une fois.
Ce recrutement clandestin est un cas d’école d’injustice, de manque d’inclusion et surtout de dilapidation des ressources publiques qui risque cependant de passer par pertes et profits dans l’indifférence de la justice et des services de contrôle.
Qui a donné l’ordre de recruter à l’aveuglette à EDM-SA ? Les autorités de tutelle ont-elles donné leur quitus à la direction générale ? Voilà d’autres questions qui taraudent l’esprit du citoyen lambda qui, une fois de plus, compte sur l’esprit de justice du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour tirer au clair cet autre scandale qui risque d’éclabousser le processus de refondation en cours.
El Hadj A.B. HAIDARA