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Droits de l’Homme au Mali ? : Ce qu’il faut oser dire

Au Mali et dans tous les autres pays du monde, le 10 décembre est donnée «Journée internationale des Droits de l’Homme». Concernant le respect des 30 articles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, en son chapitre  de la sécurité physique et matérielle de l’être humain, il est dit, quel qu’en soit son origine, sa race, la confession religieuse, le respect de toute personne est sacré et doit demeurer inviolable. Bref, que faut-il dire sur  l’état des lieux  dans le domaine du respect des Droits fondamentaux de l’Homme au Mali de nos jours ?

De Kayes à  Kidal, en passant par  les centres et chefs-lieux des Régions, les villages et les hameaux si petits ou vastes soient-ils, la violation flagrante de l’intégrité physique qui constitue d’abord le premier socle  de l’inviolable sacralité de l’être humain est connue de tous. Des populations de plusieurs villages et hameaux sont abandonnés à leur propre triste sort depuis l’éclatement de la crise multidimensionnelle du Nord en 2012 partie d’une rébellion  puis devenue une guerre asymétrique entre les forces de l’ordre et les bandits armés, un phénomène de djihadisme auxquels sont venus se greffer la pratique d’amalgame sciemment orchestré et entretenu, de terrorisme d’État déguisé frisant le génocide, l’ethnocide dans principalement les Régions de  Mopti, Ségou et Ménaka.

La triste réalité socioéconomique, voire sécuritaire, dans ces Régions prouve à suffisance que le champ de la conservation des libertés et attributions humaines comme le stipule la Déclaration universelle des Droits de l’Homme  et des Peuples (dans ses 30 articles),  reste à désirer dans notre pays. Cela, malgré près d’une soixantaine d’années d’Indépendance nationale, dont plus de 20 ans de l’ère démocratique. Encore, sur ce champ, beaucoup  restent à désherber. Ce, tant au plan éducatif, sécuritaire et socioéconomique que politique et administratif.  Nonobstant les discours  mielleux, les promesses  faites par l’actuel Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, lors de sa prestation de serment, le 4 septembre 2013, rien ne va sur ce plan. «La vie du Malien vaudra désormais son prix inestimable».

Ce qu’il faut dire est qu’au Mali  de pauvres citoyens  continuent d’être asservis, traités comme esclaves, torturés dans plusieurs Régions  du pays notamment dans les zones d’habitation Soninké de Gruimahanahali, de Dafarara, d’Aworou, dans la Région de Kayes. Cela, contrairement aux Articles 1, 2 et 4 de la Déclaration universelle  des Droit de l’Homme dont le Mali est signataire et qui stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité … Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes».

Ce qu’il faut aussi dire est que l’Article 3 de ladite  déclaration qui stipule  que : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne» n’est qu’un mirage, une déclaration vide de sens sous l’actuel Régime. Les mesures restrictives, les incessantes violations délibérées des libertés humaines dans toutes ses formes (atteinte à la liberté de la presse, interdiction de manifester à Bamako, fermeture d’écoles,  etc.) ne sont plus à démontrer. Le dernier Rapport conjoint FIDH-AMDH faisant état de la situation sécuritaire et humanitaire dans les Régions du Centre en est une autre preuve probante. Selon ce Rapport, depuis le début de l’année 2018, les Régions de Mopti et Ségou  sont en proie à des violences d’une extrême gravité. Environ 40 % de toutes les attaques et violations des droits humains y sont enregistrés (500 victimes civiles entre janvier et août 2018,  dont 287 morts et plus de 15.000 déplacés par peur de représailles) avec des cas d’assassinats, d’exécutions sommaires, de tortures, de disparitions forcées, etc. Des villages entiers brûlés, d’autres, toujours assiégés, leurs Habitants pourchassés.

Ce qu’il faut dire est qu’en plus de la cherté de la vie par la hausse spectaculaire du prix des condiments, le nombre des jeunes diplômés sans-emplois, continue de s’accroitre quotidiennement devant les théières. Tout système discriminatoire et qui viole l’Article 21 qui déclare dans son Alinéa 2 que «Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays ».

Ce qu’il faut, derechef, dire c’est qu’au plan sanitaire et en termes de sécurité sociale, les Articles 22, 23, 24 et 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et des Peuples sont méconnus par les actuels Gouvernants du Mali. Les nombreux voyages à but médical très couteux pour notre Trésor public dans les pays occidentaux  de nos plus hautes autorités à commencer par le Président de la République prouvent à insuffisance jusqu’où reste grave l’absence d’un plateau médical de qualité dans un pays d’environ 60 ans de Souveraineté nationale.

Ce qu’il faut encore dire c’est que l’Article 26 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui sur la question scolaire déclare est sans ambages :   «Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite». Une situation qui n’est toujours pas d’actualité au Mali puisque rares sont les enfants maliens qui bénéficient aujourd’hui d’une éducation saine et soutenue. L’école de qualité, faut-il le redire, semble réservée aux couches les plus aisées, les abonnées aux cravates. Aussi, des centaines d’écoles sont, jusque-là, fermées dans les Régions du Centre et du Nord du pays pour des raisons d’insécurité. Au lieu que l’État déploie ses forces de sécurité pour y rétablir l’ordre et rouvrir les classes, c’est dans les rues de Bamako qu’on voit des Hommes en treillis bomber la poitrine contre les citoyens non armés, dont le seul crime est de manifester pacifiquement comme autorisé par la Constitution en vigueur depuis de l’événement de l’ère démocratique dans ce pays.   Ceux qui ont pris en otage l’éducation d’environ deux millions d’enfants, selon le dernier rapport trimestriel de l’ONU, sont à l’intérieur de nos frontières. Pourquoi la récente série de fermetures d’écoles dans le Cercle de Banamba tout près de Bamako ? Bref, où est le respect des Droits de l’Homme dans ce pays  dont les autorités actuelles excellent dans les discours creux de sens démocratique ? En matière de Droits de l’Homme, ce feuilleton est long et décevant. Et rien ne présage que le Salut démocratique ; car, avec ce Gouvernement, le Mali n’avance qu’à reculons, dans le mimétisme, « le faire semblant ».

Seydou Konaté

LE COMBAT

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