Contre le mariage des mineures, pour l’égalité dans l’héritage ou pour le droit des mères célibataires: au Maroc, les défenseurs des droits des femmes luttent sur plusieurs fronts.
– Mariage des mineures –
Le code de la famille, la « moudawana », promulgué en 2004, a donné plus de droits aux femmes, plaçant la famille « sous la responsabilité conjointe des deux époux » et relevant de 15 à 18 ans l’âge légal du mariage des femmes.
Amal El Amine, coordinatrice d’un projet contre le mariage des mineures pour l’association Droit et Justice, se félicite de « points positifs » dans ce texte, mais déplore « des failles et des lacunes ».
Par exemple, un article du code permet de demander une dérogation. « Les dérogations sont devenues la règle, en raison des mentalités patriarcales des juges », regrette Mme El Amine.
Les mariages de mineures, 18.000 par an avant la « moudawana », s’élevaient à plus de 35.000 en 2015, selon des chiffres officiels.
– Héritage –
Au Maroc, comme dans la plupart des pays musulmans, la femme n’a droit qu’à la moitié de ce qu’hérite l’homme, conformément aux textes religieux.
Depuis le débat ouvert fin 2015 par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), un organisme consultatif qui avait critiqué une législation « inégalitaire », des voix s’élèvent pour désacraliser une question longtemps restée taboue.
Mais les milieux conservateurs s’opposent à tout débat. De plus, près de sept personnes sur dix sont contre toute révision des règles successorales, selon un récent sondage publié par L’Economiste.
– Violences –
Après des années de vifs débats, le Parlement marocain a adopté en février une loi contre les violences faites aux femmes. Mais le texte a été jugé insuffisant par les mouvements féministes qui regrettent notamment l’absence de sanctions pour viol conjugal.
Selon 62% des hommes, les femmes doivent tolérer la violence afin de préserver l’unité familiale, et 15% reconnaissent avoir eu recours à la violence physique contre leur épouse, indique une récente enquête d’ONU Femmes Maghreb.
En 2013, les défenseurs des droits des femmes avaient remporté une victoire avec l’amendement de l’article 475 du code pénal, qui permettait à un violeur d’échapper à des poursuites en épousant sa victime mineure.
– ‘Petites bonnes’ –
Il n’existe pas de chiffres officiels, mais selon une étude commandée en 2010 par des associations, il y avait alors au royaume entre 66.000 et 80.000 domestiques de moins de 15 ans.
Soumises à « des conditions de travail et de vie dégradantes », elles sont pour la plupart originaires de la campagne et analphabètes, selon l’association de défense des femmes Insaf.
Une loi promulguée en 2016 a fixé à 18 ans l’âge minimal des employés de maison, mais autorisait jusqu’en 2021 l’emploi des jeunes de 16 à 18 ans.
– Mères célibataires –
Près de 30.000 accouchements de mères célibataires sont recensés chaque année dans un pays où les relations sexuelles hors mariage sont proscrites et les enfants nés hors mariages considérés comme « illégitimes ». Ces mères « sont amenées à vivre l’exclusion, le rejet, la discrimination voire l’exploitation », selon Insaf.
La rédaction