La milice Dan Na Ambassagou prête à témoigner avec preuves !
Alors que les enquêtes du gouvernement sont en cours, les discours visant à incriminer le groupe d’auto-défense, Dan Na Ambassagou, d’être à l’origine de la tuerie du 23 mars 2019 au village d’Ogossagou au centre du Mali, se multiplient sans preuves. C’est ainsi que le porte-parole de cette organisation des chasseurs, Marcelin Guinguéré, a déclaré la semaine dernière sur les antennes de la Radio Nièta, avoir des preuves tangibles pour prouver l’innocence de Dan Na Ambassagou. Il s’est dit également prêt à dévoiler, les vrais auteurs de ce crime organisé, à la justice, particulièrement à la Cour Pénale Internationale qui s’est déjà intéressée aux dossiers, à travers son procureur général, Fatou Bensouda.
Suite à l’attaque du village d’Ogossagou qui a coûté la vie à plus de 170 civils le 23 mars 2019, la milice Dan Na Ambassagou a été pointée du doigt d’être à la base de ce drame. Pire, le Gouvernement, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire tenu le lendemain de l’attaque, a prononcé sa dissolution. Face à ces décisions précipitées, Dan Na Ambassagou s’est vue déjà accusée.
C’est ainsi que les réactions n’ont pas tardé. La semaine dernière, le porte-parole, Marcelin Guinguéré, est encore monté au créneau pour crier l’innocence de son groupe. « Je m’incline tout d’abord devant la mémoire de toutes les personnes, particulièrement celles du village d’Ogossagou qui ont perdu la vie suite à ce conflit. Vous savez que le groupe Dan Na Ambassagou est une association de chasseurs qui a pour but de défendre la communauté dogon abandonnée à elle-même. Nous n’avons pas pris les armes par nous mêmes. Mais plutôt, on nous a recommandé de défendre la communauté qui était constamment attaquée sans défense, cela au su et au vu de tous », a-t-il témoigné.
Parlant des atrocités survenues le 23 mars 2019 à Ogossagou dans le cercle de Bankass, Marcelin Guinguéré a déclaré : « Nous ne sommes impliqués ni de près ni de loin à cette barbarie qui s’est passée à Ogossagou. Il y a deux villages Ogossagou. Il y a Ogossagou dogon et Ogossagou peulh. Si vous prenez le pays dogon, vous trouverez qu’à côté de chaque gros village, il y a un petit village où les peulhs sont basés. Ce sont nos cohabitants depuis des années. Pour votre information, la plupart des troupeaux que les peulhs suivent appartiennent aux Dogons. Donc, faire croire ou faire porter le chapeau qu’une telle tuerie à un groupe qu’on veut tout simplement faire disparaître, est ridicule. C’est le maire de Wonkoro, Harouna Sangaré, qui a monté cette accusation contre nous, avec la complicité des députés peulhs à l’Assemblée nationale. On se connaît très bien, mais on se limite tout simplement à dire que nous ne sommes pas responsables de cette attaque. Elle ne nous ressemble pas du tout.»
Toujours dans son intervention, Marcelin Guinguéré affirme que le groupe Dan Na Ambassagou détient toutes les preuves nécessaires pour incriminer les vrais auteurs de l’ensemble des tueries dans le pays dogon et se dit également prêt à les dévoiler à la justice, particulièrement à la Cour Pénale Internationale.« Fatou Bensouda sera la bienvenue au Mali, en tous cas en ce qui nous concerne. Nous voulons qu’elle cherche à nous rencontrer, une fois au Mali. Nous allons lui montrer toute la réalité et elle comprendra que nous avons raison, car nous avons toutes les preuves et nous n’attendons que son arrivée pour dévoiler les vrais auteurs de l’ensemble des crimes organisés au centre du pays. Pour cela, il faut qu’elle parte sur le terrain. Il ne faut pas qu’elle se limite à des discours comme ‘’j’ai entendu ou on m’a dit’’. Non, il faut qu’elle aille sur le terrain. Aujourd’hui, nous avons plus de cinquante-huit villages totalement calcinés ou détruits par les assaillants, mais là personne n’en parle. Nous parlons très peu, mais nous sommes dans l’action. Ils ont expressément créé la famine chez nous, ça fait deux saisons que les gens n’ont pas cultivé dans le pays dogon. C’est nous qui sommes des victimes et non des coupables de quoi que ce soit », a-t-il déclaré.
Interrogé sur la dissolution de Dan Na Ambassagou, le porte-parole estime que cette décision est ‘’insensée’’. « Le gouvernement fait ce qu’il veut, nous avons beaucoup de respect pour nos autorités, mais on ne peut pas intimider une communauté pour une autre. Nous sommes dans une posture de défense. Donc, nous nous cherchons. Ceux qui pensent qu’on va nous tordre la main pour que d’autres nous tuent ou que d’autres nous chassent du pays dogon, qu’ils le comprennent : seule la mort nous enlèvera du pays dogon, sinon rien d’autre », a-t-il soutenu.
Amadou Basso
Source : Ziré-hebdo