« Je ne suis pas un messie mais je suis et je serais un serviteur de l’État au service du gouvernement, du peuple et animé d’un profond désir de pouvoir répondre aux attentes et aux aspirations de ce peuple-là. Et cela dans la limite de nos possibilités et surtout dans un langage de vérité ». C’est par ces mots que le nouveau chef du gouvernement, Boubou Cissé, s’est illustré le 22 avril 2019, à la faveur de la passation de service avec son prédécesseur, Soumeylou Boubeye Maiga. Tout porte à croire cependant qu’il serait, à défaut d’un messie, cet homme providentiel tant attendu. Et pour cause : nommé à la surprise de nombre d’observateurs, il est entré dans sa peau de Premier ministre-serviteur en entamant une série de consultations pour solliciter l’accompagnement des leaders politiques et acteurs de la société civile dans l’accomplissement de ses nouvelles tâches notamment la gestion de la crise scolaire, de l’insécurité, de la grogne sociale ainsi que la relance du dialogue politique.
Après une visite de courtoisie aux familles fondatrices de Bamako, le 23 avril, il s’est successivement rendu aux sièges du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et de l’Alliance Ensemble Pour le Mali (EPM) pour expliquer la volonté président IBK d’élargir la base politique du gouvernement, compte tenu de la situation particulière de notre pays. En effet, selon le nouveau PM, le Mali fait face à des défis à la fois importants et complexes qui nécessitent que tous ses enfants se mettent ensemble pour former un front commun. Et d’admettre ne pas être en mesure d’accomplir seul cette mission que son employeur lui a confiée, en plaidant un peu partout pour l’accompagnement des différentes forces politiques.
Il en a profité pour partager les grands axes de sa mission. En plus des réformes institutionnelles, le Premier ministre veut partager avec les forces vives de la nation et les forces politiques le défi de s’attaquer à de grands chantiers comme la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, la cohésion sociale et la nécessité d’aller vers un dialogue national inclusif pour ce faire. Parlant de la crise scolaire, il s’est dit persuadé qu’avec l’accompagnement de chacun les voies et moyens seront trouvés pour éviter l’année blanche.
Opposition et majorité lui ont donné l’assurance de l’accompagner, même si du côté des opposants on déplore ne pas avoir été consulté pour sa nomination.
Après les politiques, c’était au tour des présidents d’Institution d’accueillir le Premier ministre, le 24 avril. De la Cour Constitutionnelle à la Haute Cour de Justice, en passant par le Haut Conseil des Collectivités territoriales, le Conseil économique et social et la Cour Suprême, le chef du Gouvernement a sollicité l’accompagnement et la bénédiction de toutes en vue de venir à bout des missions qui lui sont assignées. Et toutes l’ont assuré en retour de leur disponibilité à travailler de concert avec le Gouvernement qu’il mettra en place pour relever les défis.
Il a dans la foulée reçu en audience les responsables des partenaires sociaux, à savoir : Yacouba Katilé, Secrétaire général de l’ Union Nationale des Travailleurs du Mali ( UNTM), Hamadoun Amion Guindo, Secrétaire général de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali ( CSTM), Mme SIDIBE Dédéou Ousmane , Secrétaire Générale de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Mali ( CDTM), Mme Kamaté Kadidiatou Touré, Secrétaire générale de la Confédération Malienne du Travail ( CMT) et M. Bouréima Allaye Touré, Président du Conseil National de la Société Civile. Le Premier Ministre leur a tour à tour rappelé la disponibilité de l’Etat à se mettre à l’écoute des partenaires sociaux à travers un cadre de dialogue fécond afin d’aboutir à un climat social apaisé au Mali. Et les partenaires sociaux de saluer sa démarche inclusive, avant de lui donner l’assurance que leur accompagnement ne fera pas défaut à la réussite de sa mission.
Enfin des sources l’annonçaient, le vendredi 26 avril, chez le chérif de Nioro, après que le nouveau président du Haut conseil islamique, Ousmane Chérif Madani Haidara, lui ait témoigné son soutien et accompagnement.
Autant d’indicateurs qui portent à croire que le jeune premier ministre est en bonne voie pour réussir là où ses prédécesseurs ont échoué à fédérer une large majorité de Maliens autour des préalables à l’application de l’Accord de paix et les réformes y afférentes sans lesquelles le retour de la sécurité et de l’Etat au centre et au Nord du pays n’est que chimère.
Amidou Keita
Source: Le Témoin