L’Essor : Quelle analyse faites-vous de la déclaration du président de la République sur l’ouverture d’un dialogue avec Iyad Ag Ghali et Hamadou Kouffa ?
Bocari Tréta : Je fais le constat que le président s’est fait écho d’une demande du peuple malien. Déjà, lors de la Conférence d’entente nationale, les participants avaient, à la grande majorité, demandé l’ouverture de ce dialogue. Je retiens également que diverses rencontres tenues notamment dans la Région de Mopti, y compris la dernière conférence des Ulémas sous l’égide du Haut conseil islamique, avaient fait la même demande.
Mais de façon plus remarquable, c’est la position du Dialogue national inclusif (DNI) où une recommandation a été prise dans ce sens. Donc, je note que c’est une préoccupation nationale, une demande de l’écrasante majorité des Maliens dans le fond. Maintenant dans la forme, je pense qu’il y a un peu de publicité autour de la question. Le Mali est un pays souverain, ce que les Maliennes et les Maliens attendent, c’est la paix durable. Toutes les voies, tous les moyens qui peuvent concourir au retour de la paix, je pense que les Maliens se sont exprimés et ont donné le feu vert à leur gouvernement.
L’Essor : En quoi cette tentative de dialogue peut-elle aider à la sortie de crise ?
Bocari Tréta : Je pense qu’il faut être très prudent. Cela fait l’unanimité au point de vue de l’analyse tant contextuelle que historique de notre crise qu’elle est multidimensionnelle. Mais, ce qu’on oublie souvent d’ajouter, c’est qu’elle est aussi multi-acteurs. Je ne suis pas convaincu aujourd’hui que Hamadou Kouffa et Iyad Ag Ghali soient des acteurs isolés, ou qu’ils aient une part prépondérante dans la manifestation de la crise. Donc, il faut beaucoup de prudence pour cela. Mais, en même temps, en tant qu’acteurs, à partir du moment où nous nous engageons dans une démarche tous azimuts, pour trouver toutes les voies de solutions pour sortir de la crise, oui je retiens cela comme un élément. Mais en même temps, je pense qu’on aurait gagné en recherchant l’efficacité au lieu de faire de la communication sur cette question.
Propos recueillis par A. T.
Source : L’ESSOR