La manifestation, également appelée Biennale africaine de la photographie, ouverte le 30 novembre dans la capitale malienne, se poursuit jusqu’au 31 janvier 2020. Cette année, l’événement accueille environ quatre-vingt-cinq artistes de divers horizons, dont le Congolais Lebond Chansard Ziavoula qui a participé à la semaine inaugurale, dans le cadre de sa programmation en Off.
Manifestation culturelle co-organisée par le Mali et la France à Bamako depuis 1994, elle célèbre cette année vingt-cinq ans d’existence placés sous le signe de rétrospectives et prospectives. Et pour la première fois, les tirages des expositions ont été réalisés à Bamako. Un acte audacieux et ambitieux pour soutenir un secteur de la photo en difficulté dans ce pays.
La Biennale africaine de la photographie s’est ouverte dans une période triste où la France et le Mali étaient endeuillés, une fois encore, par la mort de treize soldats français au nord du pays. Mais la nation ne pouvait s’apitoyer sur cette dramatique actualité. En effet, comme l’a souligné le commissaire de cette édition, Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, dans une interview accordée au journal Le Point, « c’est affreusement triste. Mais la vie continue. Vous savez, dans beaucoup d’endroits au monde des dizaines de personnes meurent atrocement, et l’on ne peut pas, parce que cela s’est passé au nord du Mali, rester figés par la peur ou s’emprisonner dans des discours imposés. La Biennale s’ouvre à la fois avec fierté et espoir ».
Fédérer la scène artistique locale et internationale
Les expositions panafricaines, au cœur de la manifestation, sont le résultat d’une sélection de photographes et vidéastes africains du continent et de sa diaspora. Elles se rapportent dans un dispositif urbain comprenant le Musée national du Mali, épicentre de l’événement, le Musée du district, la galerie Médina et l’Institut français de Bamako. De nombreuses expositions en Off, en parallèle de la programmation officielle de la biennale, sont organisées dont l’objectif de fédérer la scène artistique locale et internationale, de donner de la visibilité à des projets transversaux et de créer une dynamique entre passionnés de photographie autour des galeries d’art. Mais également des lieux plus singuliers tels que les ateliers, espaces de créations, centre culturels, restaurants et espaces publics.
S’inscrivant autour d’une thématique générale « Streams of consciousness » ou « Courants de conscience », la douzième édition de cette rencontre est d’une richesse impressionnante et va marquer un tournant, comme le pense Lassana Igo Diarra, délégué général de cet événement. Le choix de ce thème renvoie à penser l’œuvre comme l’expression d’un monologue intérieur, tel un dialogue entre artistes, d’artiste à spectateur ou encore comme les réactions sensorielles de l’artiste face aux événements extérieurs. Une réflexion sur la notion de représentation par un courant de pensée du point de vue de l’artiste qui s’exprime.
Pour le commissaire, il s’agit d’imaginer la pratique artistique d’un nouveau « courant de conscience photographique » dans le but de révéler des univers de pensées et de circonstances, les dimensions historiques et géographiques qui ont donné lieu à la photographie. Une riche expérience gravée dans la mémoire de Lebond Chansard Ziavoula qui a notamment exposé en collaboration avec le collectif malien Yamarou. Son projet dénommé “Présence-Absence” est un travail de superpositions photographiques à travers lequel il évoque le souvenir de sa mère qu’il n’a pas vraiment connue car décédée durant son enfance.
D’envergure internationale, les Rencontres de Bamako sont une plate-forme de découvertes, d’échanges et de visibilité. Elles participent ainsi à la fois à la reconnaissance, consécration et émergence de la photographie africaine contemporaine tant auprès des professionnels que du grand public du monde entier.