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DjanwKaoural–Ségou : aller au-delà des interventions militaires pour la paix et la cohésion sociale

Des mécanismes « traditionnels » devraient être exploités, en plus des interventions militaires, pour ramener la paix et la cohésion sociale dans nombre de localités de la région de Ségou en proie aux conflits locaux et à l’activisme des groupes extrémistes violents. 

 

Épargnée depuis l’éclatement de la crise sécuritaire en 2012, la zone rizicole de l’office du Niger a connu l’envahissement des groupes extrémistes violents. Cette situation a provoqué d’énormes perturbations dans la culture du riz. De paisibles agriculteurs ont vu leurs champs et matériels partir en fumée.

Tout a commencé vers la zone de Macina où on voyait, de façon sporadique, des groupes extrémistes violents attaquer des forains, en les dépouillant de toutes leurs richesses et allant jusqu’à leur arracher la vie. Alors, des milices d’auto-défense, constituées de donsos, se sont organisés pour défendre leurs localités et protéger les activités des habitants.

Sous embargo

Beaucoup plus armés et organisés, les groupes extrémistes violents font des descentes improvisées dans les champs et brûlent récoltes et matériels. Comme ce fut le cas, plusieurs fois, à M’Bewani, à Molodo et dans plusieurs villages de Niono et Diabaly. Sous embargo, les « bandits armés », qui utilisent le « djihad » comme une couverture, reprochent aux populations la coopération avec l’armée régulière et leur exige des règles de conduite islamiques très strictes (la charia). Ainsi des exactions, des assassinats ciblés sont commis. Les affrontements entre donsos et groupes extrémistes violents deviennent monnaie courante, occasionnant ainsi des centaines de personnes tuées.

Plus complexe, les donsos pointent un doigt accusateur vers des peuls et vice-versa, donnant ainsi lieu à une extrême tension entre communautés. A Doura, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Dougabougou, des hameaux peuls sont régulièrement attaqués.

Après de multiples interventions militaires occasionnant de lourdes pertes côté groupes extrémistes violents, la plupart des zones de production ont repris et continue de plus belle l’une de leurs principales activités : la production du riz. Quand la « crise » éclatait en 2012, personne ne se doutait que la zone de production de l’Office du Niger, vue sa situation géographique, très loin des hostilités du nord, pouvait un jour être affectée.

Début de 2020, les premières attaques ont eu lieu vers la zone de Macina, Niono, Farabougou, Diabali et, un plus loin, vers Doura dans les localités environnantes de Dougabougou et M’Bewani. Le 30 janvier 2020, après l’attaque de point A, situé exactement à 15 km de Markala, les hostilités ont pris une autre tournure.

Au-delà de l’intervention de l’armée

L’intervention de l’armée suffit-elle à ramener la paix et la cohésion entre communautés ? En effet, d’énormes stratégies communautaires existent pour ramener la paix et la cohésion après des moments de tensions. Dans ces espaces, des mécanismes traditionnels existent pour réconcilier les communautés. Il faut surtout prôner le conseil du chef de village, autrement dit « Dougoutigui ka ton sigui ». Au cours de cette réunion, le chef de village fait appel à l’ensemble des habitants pour discuter des problèmes cruciaux. Les hameaux peulh ont longtemps existé dans ce secteur, notamment vers Dougabougou, Doura, Farabougou.

La majorité n’est pas impliquée dans les hostilités mais sont accusées malheureusement à tort. Il urge que les chefs de villages organisent ces journées d’échanges pour permettre aux communautés de se pardonner et de se donner enfin la main pour une cohabitation durable au bénéfice de tous.

Source : Benbere

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