Si la culture de la démission était ancrée chez nos élites, le ministre en charge de l’Energie aurait rendu le tablier après sa déclaration tonitruante, selon laquelle, avant le mois de mars les délestages dans la fourniture d’électricité ne seraient qu’un mauvais souvenir. En lieu et place, les populations vivent les pires moments de leur existence, notamment avec des coupures intempestives d’eau et d’électricité, comme le Mali n’en a jamais connu autant.
L’une des grandes réformes que doit initier la Transition doit commencer par les membres du Gouvernement, notamment pour inculquer dans l’administration publique la culture de l’excellence. Une belle façon de tourner la page de la gouvernance par les discours, avec des ministres qui se distinguent par des déclarations tonitruantes, alors même que la maîtrise des dossiers à eux confiés laisse à désirer.
Si le fonctionnaire est apprécié, noté pour son efficacité et son rendement, il devrait en être de même pour tout membre du gouvernement afin que, dans la refondation du Mali, le poste de ministre ne soit plus une sinécure, mais un vrai sacerdoce.
De toute façon, après avoir donné l’assurance que les coupures d’eau et d’électricité ne seront plus que de mauvais souvenirs avant la période de pointe de consommation, notamment le mois de mars, le ministre de l’Energie et de l’Eau aura donc vendu du vent aux populations qui souffrent actuellement le martyr avec les délestages intempestifs de fourniture de courant et les robinets qui restent asséchés durant toute une journée dans la plupart des quartiers de Bamako.
En ce mois de ramadan qui coïncide avec la période de canicule au Mali, les populations s’adonnent stoïquement à leur devoir religieux, dans des conditions extrêmement pénibles dues au manque d’eau et d’électricité. Vient s’y ajouter la spéculation sur le pain et la hausse du prix du carburant.
Par respect pour les populations et surtout en sachant que le Carême chrétien et le ramadan musulman sont en train de se dérouler en même temps, le ministre en question, Lamine Seydou Traoré puisque c’est de lui qu’il s’agit, devait profiter de ce mois de pardon pour s’excuser auprès des populations, en ayant la courtoisie de bien expliquer ce qui n’a pas marché pour que ses promesses se transforment ainsi en eau de boudin.
Le silence assourdissant derrière lequel il se cache alors que chaque Malien l’observe en ruminant sa colère n’est pas la posture idéale pour gérer ce genre de situations. Un ministre est en mission au nom de la République et doit rendre compte autant de son succès que de son échec. Sinon, il laisse libre cours aux supputations, comme c’est le cas actuellement avec les promesses non réalisées du ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
Peut-être adopte-t-il le principe selon lequel quand on n’a rien à dire on se tait, le silence étant d’or en ce moment-là ? Certes, mais quand on promet de façon publique et solennelle, on engage son honneur. Et venant d’un ministre, cela ne pardonne pas puisque gravé dans l’histoire, surtout celle d’un peuple qui est aujourd’hui bien éveillé à force d’être endormi et trompé par plusieurs générations de gestionnaires des affaires publiques.
A.B.N
Source: Aujourd‘hui–Mali