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Disparitions d’enfants, un problème de société

Les annonces de pertes d’enfants sont courantes ces temps-ci. Ces appels à l’aide sont souvent faits sur les réseaux sociaux ou via d’autres canaux de communication et d’information. Un phénomène qui prend de l’ampleur et plonge des parents dans un profond désarroi.

Fatoumata Nadio est mère de famille. Elle vit aux logements sociaux de Tabacoro, une cité située à la périphérie de la capitale. Son fils Abba Fadiga âgé de 10 ans est porté disparu depuis le vendredi 18 octobre 2024. Elle revient sur les circonstances de la disparition de son enfant autiste.

« Le matin de bonne heure comme d’habitude, il a voulu manger. Je lui ai donné un peu, en lui demandant d’attendre le temps de chauffer le repas. Comme il mangeait, entre temps je me suis mise à nettoyer les chaussures de son père qui devait aller au travail. Quand j’ai voulu lui remettre le reste du repas, je ne l’ai plus vu », explique la maman qui ajoute que les recherches n’ont toujours pas abouti. « On a fait tout notre possible. On a été à la brigade de la gendarmerie pour la déclaration, à la pouponnière, à la police et chez le chef du village de Tabacoro ainsi que de Farako. Mais, jusqu’à présent on a aucune nouvelle de lui ».

Ce n’est pas tout, Mme Fadiga Fatoumata Nadio vit cette situation avec beaucoup de peine. « J’ai de l’ulcère. Maintenant la palpitation me fatigue. Parfois, je passe toute la journée sur le lit. Mais, que faire ? Je ne fais que prier que Dieu le protège ! », se lamente-t-elle.

Pourquoi assiste-t-on à la multiplication des cas de disparition d’enfants ces derniers temps ? Difficile de répondre à cette question avec exactitude. Mais des parents donnent leur avis. Pour cette mère de famille rencontrée à Bamako, « les parents ne surveillent plus les enfants à partir de deux à trois ans. Une situation qui provoque leur disparition, car l’enfant se sent à l’aise au dehors qu’à la maison ».

Pour cette autre mère de famille qui vit à Kadiolo, « la grande faute incombe à nous les femmes au foyer. Les hommes ne passent pas la journée à la maison. Ce sont donc les femmes qui doivent veiller sur les enfants à tout moment ».

Des enfants retrouvés

Par chance et après les échos, certains parents retrouvent leur progéniture. C’est le cas d’Ibrahim Zaka Maïga. Il nous raconte sa mésaventure.

« A l’heure de rentrer à la maison, la fille n’était pas venue, mais le grand frère, oui. Les inquiétudes ont commencé. C’est aux environs de 16 heures que la maman m’a informé. Elle avait peur. J’étais inquiet également. On s’est mis à relayer l’information entre nous, mais aussi sur les réseaux sociaux et sur les radios. Dieu faisant les choses, on l’a retrouvée. Elle était avec une dame qui l’a vue perdue et toute inquiète ».

Autrefois, les enfants disparus étaient ramenés chez le chef du village ou dans des lieux stratégiques. Ce qui est d’ailleurs toujours d’actualité. Cependant, grâce à l’évolution de la technologie, des organes de presse accueillent aussi ces personnes portées disparues, afin de retrouver leurs parents ou proches. C’est le cas du groupe renouveau depuis quelques années. Markatié Dao, administrateur général du groupe estime que cela relève de leur responsabilité sociétale d’entreprise. « Nous avons mis un dispositif qui consiste à déclarer un enfant perdu. A l’interne, il y a des agents qui assurent la permanence la nuit. Lorsqu’un enfant perdu est conduit à notre niveau, on passe aussitôt l’information. Quand on entame la soirée sans que les parents de l’enfant en question ne se déclarent, on le confie à l’équipe de nuit. On assure le repas et fournit même un dortoir à l’enfant. Tout cela, nous le faisons gratuitement ».

Markatié Dao est conscient que l’avenir d’un pays est la jeune génération. C’est pourquoi, il précise que la sécurité des enfants ne doit pas être négligée.

« Les enfants sont souvent nombreux en circulation, quand on est en vacance. Avec la rentrée généralement ces cas de perte ne sont pas fréquents. Mais il se passe rarement un mois sans qu’on ait reçu un enfant déclaré perdu ou sans qu’on ne reçoive une déclaration de recherche d’enfant », confie l’administrateur général du groupe Renouveau. Pour lui, ce phénomène est de plus en plus « dû un peu préoccupations des parents, surtout les femmes ».

Un regard de la société pour mieux sécuriser les enfants

Pour venir à bout de ce phénomène, des sociologues pensent que la « fraternité doit être toujours de mise ».

Yida Diall soutient que ces disparitions ne sont pas surprenantes, car « chacun veut s’isoler avec ses enfants et sa femme ». Pour lutter, il préconise « que l’on revienne à nos coutumes ancestrales. Par exemple l’enfant dans un quartier était l’enfant de tout le monde. Aujourd’hui, personne n’ose approcher l’enfant de l’autre pour lui mettre sur les rails ou même pour lui parler ».

Le sociologue affirme que le « bon voisinage est important dans ces genres de situation ». Selon ces dits, ce dernier saura « si le monsieur ou la dame qui amène ton enfant, est ton proche ou ton parent, avant qu’il ou elle ne disparaisse avec lui ».

En attendant, ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute, relève du fait que le phénomène devient inquiétant. En plus de la disparition des enfants, leur kidnapping est un autre défi auquel fait face la société.

Source : Studio Tamani

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