Comme le veut la tradition républicaine le 31 décembre, dernier jour de l’année en cours, le Président de la République ou de la transition comme c’est le cas, s’adresse à son peuple pour non seulement faire le bilan de l’année écoulée, mais aussi et surtout parler des perspectives pour le nouvel an.
La spécificité de cette année 2024 est qu’elle est la quatrième d’une longue et éprouvante transition, pour cela le peuple est en droit de fonder beaucoup d’espoir sur cette allocution afin qu’elle apporte des réponses à ses nombreuses questions. Qu’elle puisse entrevoir le début de la fin de ses souffrances par des propositions concrètes qui dessinent un futur pour le Mali. Le Président de la transition est attendu sur plusieurs plans, d’abord celui du bilan de quatre années de transition sur les plans sécuritaire, politique, économique et social, ensuite sur le plan des perspectives dans tous ces domaines sus cités. La proposition d’un chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel devra conclure cet exercice. Le Général Président de transition va-t-il adopter cette démarche que nous suggérons afin de sortir nos concitoyens du flou qui entoure le présent et le futur de la transition ? Transition qui, quoiqu’il en soit connaîtra une fin un jour !
Parmi tous les discours de fin d’année qu’il a tenus jusqu’ici, c’est celui de cette année 2024 qui est le plus attendu par le peuple et par tous les observateurs de la scène politique malienne. Le Général Président de la transition Assimi Goita, est beaucoup attendu sur son bilan et les perspectives pour atténuer la souffrance du résilient peuple, crise politique, crise énergétique, crise financière, crise sécuritaire, crise économique mais aussi et surtout sur une proposition de date de la fin de la plus longue, la plus difficile et la plus éprouvante transition que le Mali n’a jamais connu, avec au bout la tenue d’élections crédibles et transparentes . Donc ne pas proposer un chronogramme détaillé pour la tenue des élections générales sera synonyme de manque de volonté politique. Le Président de la transition amorce le tournant le plus déterminant de sa gestion en tant que Président de la transition et au stade actuel de la souffrance du peuple, toute erreur d’appréciation sera fatale pour lui.
Le Général Président va-t-il enfin être sensible au cri de détresse de son peuple qui broie du noir ?
Tout discours qui ne prendra pas en compte les aspirations profondes du peuple, toute allocution qui ne fait pas allusion aux souffrances du peuple, tout propos qui ne tiendra pas compte des épreuves qu’endure le peuple, est un discours voué à l’échec et ne pourrait tomber que dans des oreilles de sourds. Jamais, de mémoire d’homme, le peuple malien n’a été aussi résilient, aussi tolérant que sous ce régime transitoire, alors ce peuple a droit à un bilan et des propositions concrètes de sortie de crise acceptables et cohérentes qui correspondent à ses aspirations profondes de paix , de sécurité, de réconciliation et de coexistence pacifique avec tous les pays voisins et amis. Le Général Président doit également proposer des solutions aux problèmes les plus récurrents et les plus urgents, comme la crise énergétique, la cherté des denrées de première nécessité, la crise financière aiguë qui touche les entreprises en poussant certaines mêmes à mettre la clef sous le paillasson. La crise de l’emploi qui touche les bras valides. Son discours doit normalement proposer une thérapie de choc aux maux qui menacent le Mali tant sur le plan sécuritaire que sociopolitique. La crise énergétique a exacerbé la crise sociale et financière, rares sont les familles capables de manger les trois repas quotidiens. Tous les travailleurs ou presque tous, du secteur informel et du secteur industriel ont soit été licenciés pour raison économique ou ont fermé boutique pour manque d’électricité. Ne pas proposer de solution allant dans le sens de l’atténuation de leurs souffrances pourrait être qualifié de mépris à leur égard. Donc le discours du Président de la transition devrait être consacré en partie à la proposition des solutions aux problèmes qui assaillent le peuple.
Son salut ne pourrait-il pas venir de la tenue des élections et un retour à l’ordre constitutionnel afin de sortir non seulement de l’isolement, mais aussi de cette situation d’exception ?
Les laudateurs, les thuriféraires et autres opportunistes de tous ordres vont continuer à chanter et scander les louanges du Président et lui faire croire qu’il peut continuer à gouverner allègrement en reléguant les élections au second plan. Ceux-ci sont ses pires ennemis, la tenue des élections et le retour à l’ordre constitutionnel est un impératif absolu, car il y va du respect de la Constitution, de la crédibilité des autorités qui sont à plus de trois rendez-vous manqués et surtout de la légitimité des institutions qui gouvernent le Mali. Il n y a pas d’autres alternatives à la tenue des élections et dans un délai relativement court. Donc une partie du discours du Président de la transition doit être consacrée à la proposition d’un chronogramme de la tenue des élections et l’année 2025 serait la mieux indiquée. Tout autre discours tenu dans le même registre ne serait que du dilatoire et de la diversion. Qu’il annonce dans son discours, après la proposition du chronogramme, qu’il rencontrerait la classe politique et la société civile, bref tous les acteurs impliqués dans l’organisation des élections pour convenir d’un chronogramme consensuel pouvant aboutir à la tenue d’élections transparentes, inclusives et les plus démocratiques possibles, dont les résultats ne donnent pas lieu à une crise postélectorale.
En somme, si le discours du Président de la transition renferme ces piliers essentiels l’on pourra dire qu’il a accompli ce que le Peuple attend de lui !
Youssouf Sissoko
Source : Alternance
