Dans son allocution à l’occasion du 55è anniversaire de l’Indépendance, le président de la République se montre résolument optimiste, indiquant que les chantiers réalisés ou ouverts dans divers domaines constituent la preuve que le Mali est sur la voie du redressement et de la relance. L’embellie économique, les réalisations sectorielles, le retour des bailleurs de fonds et des investisseurs, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, sont autant de motifs de croire en des lendemains meilleurs, bien que les défis à relever sont nombreux. Nous vous proposons l’intégralité de l’adresse du chef de l’Etat.
«Bismillahi, Rahmani, Rahimi
Mes chers compatriotes,
Hôtes et amis étrangers qui vivez parmi nous,
Pour commencer, je voudrais rendre grâce à Allah (SWT) pour l’opportunité qui nous est encore offerte cette année de communier avec toutes les générations de Maliennes et de Maliens, à l’occasion de ce 55è anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale.
Ferveur patriotique et gratitude éternelle envers les aînés : ce sont là les sentiments les mieux partagés au sein de la communauté nationale, chaque fois qu’il nous est donné de nous souvenir du courage, de la détermination et du sacrifice de ceux qui ont conduit notre peuple à l’indépendance nationale.
Gloire éternelle à ces vaillants combattants de la liberté et de la dignité humaine. Nous commémorons, cette année, le centenaire de la naissance du plus célèbre d’entre eux, j’ai nommé le président Modibo Keïta, le père de la Nation malienne. Modibo Keïta aura légué à la postérité le souvenir d’un Grand Soudanais, d’un grand patriote et d’un nationaliste éclairé. Très tôt, il se sera convaincu de l’impérieuse nécessité pour les Etats africains, nouvellement indépendants, de se regrouper au sein de vastes ensembles économiquement et politiquement viables.
Mes chers compatriotes,
En me portant à la magistrature suprême de notre pays en août 2013, vous avez fait le pari sur un avenir commun que nous envisageons absolument radieux ; radieux pour nous-mêmes, pour nos enfants, nos petits-enfants et pour les futures générations de Maliennes et de Maliens. Cette espérance, je veux la porter comme un sacerdoce, d’abord par conviction, et ensuite par respect pour mon engagement d’homme d’honneur contracté devant Dieu et le peuple souverain du Mali.
Que nul ne doute de ma détermination à réaliser le projet que j’ai pour le Mali et pour lequel je n’économiserai aucun sacrifice avant d’en obtenir les fruits pour le confort exclusif de chaque Malienne et de chaque Malien. Telle est ma dédicace et, plaise à Dieu, je l’accomplirai avec vous et pour vous.
A cet effet, je voudrais rendre un hommage appuyé aux femmes et aux hommes totalement engagés qui composent le gouvernement et qui, avec beaucoup de sacrifice et de sens de la responsabilité publique, traduisent en actes concrets le projet de société que j’ai soumis à votre sanction il y a déjà deux ans. Je voudrais aussi associer à cet hommage l’ensemble des acteurs de notre vie économique qui, par leur génie, créent tous les jours les biens et les services indispensables au bien-être de notre peuple, ainsi qu’au rayonnement de notre Nation par-delà ses frontières.
Mes chers compatriotes,
Dès mon entrée en fonction, j’ai engagé le gouvernement à mettre en œuvre les réformes indispensables, ainsi que toutes les mesures correctives pouvant contribuer à consolider vigoureusement notre économie. En effet, cette dernière avait été gravement affectée par les effets collatéraux d’une grave crise politique, institutionnelle et sécuritaire. Parallèlement, le gouvernement s’est attelé à créer et renforcer un climat de confiance avec l’ensemble de nos partenaires. Cette approche participative et prudente aura permis de faire face à nos obligations, notamment par la délivrance efficace des prestations publiques essentielles sur une très grande partie du territoire national.
Malgré le contexte difficile, l’économie malienne a pu retrouver une bonne santé et une relative vigueur, avec un taux de croissance de plus de 7%. De fait, c’est l’une des économies les plus compétitives de l’espace UEMOA. En outre, grâce à un train de mesures courageuses prises par les pouvoirs publics, d’une part, les comptes de l’Etat ont pu être assainis, et d’autre part, les conditions idoines ont été mises en place pour une relance économique vigoureuse, comme l’attestent du reste, les résultats de la revue conduite ce mois-ci par les équipes du Fonds monétaire international. Indéniable !
Cette embellie, soutenue par ailleurs par une volonté farouche de lutter contre la corruption et la délinquance financière, constitue un réel motif d’espoir pour les années à venir. C’est ainsi que le secteur minier de notre pays, à titre d’exemple, est caractérisé par une production diversifiée, la signature de plusieurs conventions minières ainsi que la progression constante du nombre de permis de recherche minière délivrés. Ce secteur qui occupe une place importante dans l’économie nationale et qui joue un rôle régulateur appréciable au niveau local, sera très prochainement conforté par plusieurs actions nouvelles, dont l’adoption d’une nouvelle loi couvrant le secteur, le démarrage des travaux de construction de l’Ecole africaine des mines au Mali, l’organisation de la 6è édition des Journées minières et pétrolières en novembre 2015 et l’entrée en production effective de plusieurs mines nouvelles.
Dans les secteurs du commerce et de l’industrie, le gouvernement travaille à consolider les acquis à travers un dialogue constructif avec l’ensemble des acteurs. Ainsi, la stabilité des prix des produits de première nécessité sur le marché national a-t-elle été garantie. De même le gouvernement a pu assurer le suivi efficace de l’approvisionnement et de la distribution des produits de grande consommation. Les réformes engagées en appui à l’amélioration du climat des affaires et du secteur privé, ont valu à notre pays d’être classé comme premier pays de l’UEMOA en la matière au titre de l’année 2015. Le gouvernement a poursuivi, dans les secteurs de la finance et de la promotion des investissements, les réformes structurelles nécessaires en vue de créer les conditions d’une meilleure attractivité du pays. C’est le lieu de saluer la sagesse et l’engagement responsable de nos opérateurs qui viennent de renouveler dans la sérénité les organes dirigeants de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Ce ne fut pas toujours le cas !
Mes chers compatriotes,
S’il est un domaine dans lequel l’Etat a mis des moyens à la hauteur de ses ambitions et du potentiel avéré du pays, c’est bien celui de l’agriculture, secteur auquel nous avons consacré 15% des dépenses du budget d’Etat. Avec une relative continuité, les gouvernements successifs ont eu à cœur de réaliser une révolution verte, dont les ambitions se déclinent ainsi qu’il suit :
– Couvrir totalement les besoins alimentaires du pays,
– Produire de la matière première pour les besoins d’une industrie de transformation en construction,
– Exporter les excédents de production et consolider nos échanges ; et
– Réussir un bon équilibre entre la formation et les progrès de la production.
Ces ambitions restent à portée de main pour peu que les efforts consentis par l’Etat soient consolidés et qu’ils soient relayés, sur le terrain, par des producteurs engagés et volontaristes ainsi que par les investisseurs privés.
La subvention des intrants et équipements agricoles a été portée à 47 milliards Fcfa pour la campagne agricole en cours, contre 42 milliards Fcfa pendant la campagne 2014-2015. En application de la Politique foncière agricole, un programme public d’aménagement est en cours d’exécution. Il porte sur 100.000 hectares à mettre en valeur au cours de la période 2014-2018.
Par ailleurs, d’autres initiatives importantes visant à impulser vigoureusement le secteur du développement rural, sont en chantier. Elles devraient voir le jour très prochainement. Ce sont, entre autres :
– L’adoption d’une Loi foncière agricole, l’opérationnalisation de l’Agence d’aménagement des terres rurales et de fourniture de l’eau d’irrigation (ATI) et du Fonds national d’appui à l’agriculture ;
– Le démarrage des études de faisabilité et de mise en place des agropoles, notamment dans le périurbain et à l’Office du Niger ;
– Le Recensement général agricole (RGA) ;
– Le lancement du programme d’enregistrement des exploitations familiales et entreprises agricoles ;
– L’élaboration d’un programme d’équipements, de mécanisation et de motorisation agricoles ;
– La mise en place d’un Centre d’insémination artificielle bovine en vue de l’intensification des productions de viande et de lait ;
– La création de la Cellule de coordination de lutte contre la mouche tsé-tsé.
Mes chers compatriotes,
Les évènements douloureux que vit notre pays depuis plusieurs années ont provoqué la rupture de certains équilibres qui étaient déjà fragiles. Il s’agit, entre autres, de la sécurité alimentaire devenue insécurité dans certaines de nos régions, des mouvements des populations (réfugiés et déplacés) dus autant à l’insécurité qu’aux caprices météorologiques ; phénomènes qui ont freiné l’ardeur au travail de nos producteurs et perturbé gravement les campagnes agricoles. Aussi, existe-t-il ça et là des poches d’insatisfaction – se graduant d’un niveau modéré à un niveau chronique, en termes de disponibilité et d’accès aux produits alimentaires.
Pour faire face à ces différents cas de figure, l’Etat a été amené à reconstituer le Stock national de sécurité en le portant à la hauteur de 37.000 tonnes de céréales. De son côté, le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) a distribué gracieusement 15.000 tonnes de céréales à 700.000 personnes vulnérables. Le CSA a mis 2.836 tonnes d’aliment bétail à la disposition des pasteurs vulnérables des régions de Mopti, Tombouctou et Gao.
Il faut saluer ces initiatives du Commissariat à la sécurité alimentaire qui a pu ainsi expérimenter plusieurs formules judicieuses, venant en appui aux populations nécessiteuses et/ou approvisionnant des marchés qui étaient en rupture de stock. Afin de démultiplier les capacités du CSA, le Mali a adhéré, cette année, à la Mutuelle panafricaine de gestion des risques. Un mécanisme novateur auquel les Etats peuvent faire appel pour la couverture des risques agricoles basés sur le climat.
Enfin, au titre de l’année 2016, je me réjouis du fait qu’en plus de la reconstitution du Stock national de sécurité alimentaire, une véritable Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle sera élaborée.
Dans le domaine de la protection de l’environnement et de l’assainissement, des actions significatives ont été conduites, entre autres :
– l’aménagement de massifs forestiers ;
– le démarrage de 90.000 hectares d’aménagement de massifs forestiers, ainsi que le suivi des travaux de 4 220 hectares de forêts en cours d’aménagement ;
– le reboisement de plus de 56.000 hectares ;
– la réalisation de 67.970 mètres de cordons pierreux ;
– l’inventaire forestier dans 16 communes des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou ;
– la diffusion de foyers améliorés ;
– la restauration de 1.233,5 hectares de terres dégradées et de 598 hectares de Zaï ;
– l’élaboration de 21 conventions locales pour la gestion durable des ressources naturelles ;
– la promotion et le soutien au développement du Partenariat Public-Privé en matière de gestion des ressources forestières et fauniques de la forêt classée de la Faya ;
– l’élaboration du plan d’aménagement et de gestion du complexe des aires protégées de Mande wula et Nema wula ;
– la réalisation de 4.271 mètres linéaires de protection mécanique des berges du fleuve Niger au niveau des régions de Mopti et de Ségou ;
– la poursuite des travaux d’aménagement des berges de Diafarabé et de curage du Diaka ;
– l’élaboration de la situation de référence du Programme National de Sauvegarde du Fleuve Niger.
A ce propos, je voudrais partager avec vous ma forte préoccupation face à un constat désolant : le fleuve Niger se meurt. Cette évolution, s’il n’y est pas mis un arrêt, serait un crime dont nous serions tous coupables, ou tout au moins complices, et ceci est inacceptable. Il nous faut sauver ce trésor de la nature qui se trouve être un extraordinaire trait d’union entre plusieurs régions de notre pays ainsi qu’entre le Mali et au moins huit autres pays de notre sous-région. Aussi, suis-je déterminé à prendre la tête d’une initiative nationale et internationale de lutte contre l’ensablement du fleuve Niger, Grande cause nationale autour de laquelle, depuis mon investiture, je n’ai eu de cesse de sensibiliser l’opinion nationale et les partenaires internationaux.
Mériterait aussi d’être portée au rang de Grande cause nationale la question de l’insalubrité à Bamako et dans toutes les localités de notre pays. En plus des aspects manifestes et préoccupants d’hygiène et de santé publique, la permanence de l’incivisme en cette matière conduirait inéluctablement à la déshumanisation de nos cités car un seuil critique d’insalubrité semble déjà atteint. Aussi, est-il urgent de prendre à-bras-le-corps cette question en imaginant des réponses tout autant hardies que novatrices, actions qui impliqueraient à la fois la participation citoyenne, une plus grande hardiesse des municipalités et des collectivités, ainsi que l’accompagnement technique, professionnel et financier du secteur privé et de l’Etat. En la matière, un profond changement des comportements, des attitudes et pratiques est nécessaire et urgent.
Mes chers compatriotes,
Du fait de notre continentalité, les pouvoirs publics ont de tout temps accordé une importance capitale au désenclavement intérieur et extérieur de notre pays. C’est ainsi que nous disposons d’un réseau routier parmi les plus denses de la sous-région. De nombreux chantiers vont démarrer dès la fin de cet hivernage, dont :
– la construction en 2×2 voies de la route Bamako-Koulikoro ;
– la construction du pont de Kayo et de ses voies d’accès ;
– la construction d’un échangeur au rond point de Markala ;
– l’aménagement de 10 km de voirie urbaine à Ségou ;
– la reconstruction de la route Ségou-San ;
– la construction du pont de Kouoro-barrage entre Sikasso et Koutiala ;
– le démarrage des travaux de construction d’un pavillon VIP, bretelles et parkings pour véhicules pour l’aéroport international de Bamako-Sénou.
En outre, de nombreuses études routières ont été réalisées pour conforter le portefeuille de routes à aménager et à reconstruire, en vue de la préparation efficace et de la mise en place des financements nécessaires au démarrage des chantiers.
J’ai eu du bonheur et une certaine fierté à voir la COMANAV renforcer sa flotte par l’acquisition de deux bateaux à faible tirant d’eau. Ainsi, pourra-t-elle prolonger sa période de navigabilité sur le fleuve Niger.
Au titre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, les réalisations majeures ont porté, entre autres, sur :
– l’accroissement annuel de 16% environ des recettes domaniales et foncières (en effet, le recouvrement s’est élevé à environ 78,5 milliards de Fcfa, contre environ 68 milliards de Fcfa pour la même période en 2013-2014) ;
– la mise en œuvre des activités de la réforme de la gestion foncière en vue d’instaurer un cadastre au Mali ;
– la sécurisation du patrimoine foncier.
Mes chers compatriotes
Comme vous l’aurez compris notre priorité est de doter le pays de fondamentaux économiques indispensables pour lutter avec efficacité contre la pauvreté, et plus important encore, pour enclencher un processus inclusif de création de richesses pour le bonheur de notre peuple.
Ceci passe notamment par une redistribution juste et équitable des fruits de la croissance à travers des investissements dans les services sociaux de base comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, mais aussi par la création d’emplois pour les jeunes.
En matière d’amélioration de l’accessibilité géographique et financière aux services de santé, il convient de signaler :
– la mobilisation nationale dans la lutte contre la maladie à virus Ébola ;
– la lutte contre la vente illicite des médicaments – ceci en collaboration avec les services des douanes, de la police nationale et de l’Ordre des pharmaciens ;
– la fixation des prix plafonds de 96 médicaments de la liste nationale des médicaments essentiels pour une accessibilité financière des médicaments ;
– le renforcement des capacités de prise en charge de nos structures décentralisées et l’accès aux soins pour l’ensemble de nos populations.
Au titre de l’Action humanitaire, de la Protection sociale de la Solidarité, des actions d’urgence ont été menées, notamment l’immatriculation de 275 872 personnes à l’AMO.
Mes chers compatriotes
L’Education, comme vous le savez, est la clé du développement, secteur pour lequel mon crédo demeure la qualité. Ici, nous devons faire de l’excellence notre objectif afin de tirer les résultats vers le haut.
S’agissant de l’Education nationale, l’année scolaire a été marquée par l’organisation, conformément au calendrier fixé, des examens pour tous les ordres d’enseignement. Les candidats ont composé dans toutes les régions, excepté Kidal. Les candidats du camp des réfugiés de M’Berra en République Islamique de Mauritanie, ont également pris part à ces examens.
Les relations avec les partenaires techniques et financiers se sont nettement améliorées, ceci conduisant à la mise en œuvre de plusieurs projets d’importance critique – en cours d’élaboration ou d’exécution – parmi lesquels :
– la construction et l’équipement de 801 salles de classe pour l’enseignement fondamental ;
– l’achèvement des travaux de construction et d’équipement de deux instituts de formation des maîtres (IFM) à Koutiala et à Kita ;
– le démarrage de la construction des lycées de Barouéli, Tominian, Djenné et Gourma-Rharous ;
– la réhabilitation du lycée Bouillagui Fadiga de Bamako.
En matière de recrutement des enseignants pour l’année scolaire 2014-2015, environ 4065 enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales ont été recrutés, puis 490 enseignants des écoles communautaires ont été intégrés dans la Fonction publique des collectivités territoriales, et enfin, 121 fonctionnaires ont été recrutés dans la Fonction publique de l’Etat.
En matière d’accès à l’éducation et en vue d’augmenter la scolarisation des enfants, le gouvernement, en partenariat avec le Haut conseil islamique et tous les acteurs concernés, a initié un projet d’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif malien.
En matière de promotion et de valorisation des langues nationales, le 3 décembre 2014, le gouvernement a adopté le Document de politique linguistique du Mali. En ce qui concerne l’Enseignement supérieur, la mise en œuvre de certaines mesures a permis d’enregistrer des résultats très encourageants :
– le basculement effectif dans le système licence, master, doctorat (LMD) qui assure à la fois l’universalité de nos enseignements et une meilleure adéquation formation-emploi ;
– les inscriptions en ligne des bacheliers pour compter de cette année ;
– l’organisation de la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur au Mali, concertation tenue les 7, 8 et 9 avril 2014 ;
– la normalisation progressive des années universitaires qui étaient jusque-là tronquées, blanches – et souvent sans couleur – accompagnées de violences gratuites ;
– la résolution progressive de la gestion des flux, des bourses et des heures supplémentaires par l’établissement de statistiques plus fiables.
Mes chers compatriotes
Dans le cadre de l’amélioration équitable et durable de l’accès à l’eau potable, 747 nouveaux ouvrages ont été réalisés. Aussi, la mise en service des stations compactes de production d’eau potable de Missabougou (12.000 m3/j) et Kalabancoro (18.000 m3/j) a permis respectivement de renforcer la capacité de production d’eau au niveau du District de Bamako et d’améliorer la qualité de service à Kalabancoro et environs.
De plus, des travaux de construction et de protection ont déjà été réalisés. Et il est prévu : la création de 1.337 équivalents points d’eau modernes (EPEM), le démarrage des activités du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de la localité de Kabala, la finalisation des études pour une alimentation durable en eau potable des villes de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal et le renforcement des systèmes d’alimentation.
En matière de logement, l’exécution des Programmes de construction de logements sociaux a permis la remise de clés à 2.092 bénéficiaires dans le District de Bamako et les villes de Kolokani et de Niono.
En plus de cette remise, le gouvernement a entrepris la réalisation de 500 nouveaux logements dans les localités de Kayes, Kéniéba, Nioro, Koulikoro, Nara, Fana, Sikasso, Bougouni, Koutiala, Kadiolo, Ségou, Barouéli, San, Mopti, Bankass, Djenné et Koro.
Le programme de réalisation de logements sera poursuivi avec notamment la conclusion de 22 conventions portant sur la réalisation de 20.302 logements dans les localités de Bamako, Kati, Tombouctou, Goundam, Diré, Niafunké et Gourma-Rharous.
Mes chers compatriotes
En matière d’emploi, notre pays s’est doté d’une Politique nationale. Cette politique de l’emploi, assortie d’un plan d’actions 2015-2018, prend en considération trois défis majeurs liés à la problématique de l’emploi :
– l’insuffisance structurelle de l’offre d’emplois productifs et décents ;
– le faible niveau de capital humain et la faible employabilité de la main-d’œuvre ;
– le dysfonctionnement du marché du travail en termes d’information sur l’emploi, d’organisation du marché et de capacités institutionnelles.
Dans le domaine du renforcement de l’employabilité des jeunes, le gouvernement a procédé :
– au lancement de projets à fort potentiel comme le FIER ou le PROCEJ, entre autres ;
– à la liquidation des arriérés d’allocations des stagiaires en qualification professionnelle des exercices 2009 à 2013 ;
– au placement de 5.170 jeunes diplômés en stage de formation professionnelle, pour un coût de près de 3 milliards de Fcfa.
Mes chers compatriotes
Des résultats significatifs ont été atteints dans le cadre de l’autonomisation de la femme et de l’accroissement de la participation politique des femmes et du leadership féminin, de la promotion de l’égalité des chances d’accès des hommes et des femmes aux fonctions électives et nominatives, de l’opérationnalisation des mécanismes institutionnels d’orientation, d’impulsion et de suivi de la mise en œuvre de la Politique nationale genre du Mali, des programmes d’autonomisation des femmes et de la participation des femmes au processus de prévention et de résolution des conflits en rapport avec l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Un environnement juridique et institutionnel favorable au plein épanouissement de l’enfant et de la Famille a été mis en place. Il complète ce dispositif.
Mes chers compatriotes
En matière de promotion et de protection du dialogue social, on peut noter les décisions courageuses et encourageantes, telles que:
– l’adoption de la règlementation (décret n°2014- 0837/P- RM du 10 novembre 2014) fixant les taux de primes et indemnités allouées aux fonctionnaires et agents de l’État, dont l’incidence financière s’élève à plus de 10 milliards de Fcfa ;
– l’adoption de la règlementation (décret n°2015-0364/P-RM du 19 mai 2015) sur l’amélioration de la valeur du point d’indice, dont le taux a été significativement relevé, soit plus de 20% entre janvier 2015 et janvier 2017 et une incidence financière cumulée d’environ 46 milliards Fcfa ;
⎫ l’adoption de la règlementation (décret n°2015- 0363/P-RM du 19 mai 2015) d’augmentation du niveau du salaire minimal interprofessionnel garanti (SMIG) qui est passé à 35.000 Fcfa au 1er janvier 2015 puis à 40.000 Fcfa, pour compter du 1er janvier 2016, avec une incidence financière de 835 millions de Fcfa ;
⎫ l’adoption de la règlementation (décret n°2015 0362/P-RM du 19 mai 2015) d’augmentation des taux des allocations familiales, qui sont passés à 3.500 Fcfa par enfant et à 4.000 Fcfa par enfant vivant avec un handicap, avec une incidence financière d’environ 3,1 milliards de Fcfa ;
⎫ enfin, en vue de soutenir la campagne agricole 2014-2015 et au titre de l’exercice budgétaire 2015, le ministère du développement rural a bénéficié d’un recrutement spécifique de 362 diplômés.
Mes chers compatriotes
Les principales orientations de la réforme de la décentralisation issue des Etats généraux de la décentralisation tenus les 21, 22 et 23 octobre 2013, ont trait à la redevabilité des élus, au transfert des compétences, au financement des collectivités territoriales, à la réorganisation territoriale et aux rôles des autorités traditionnelles et coutumières dans la gestion des collectivités territoriales.
Aussi, les grands chantiers en cours pour l’approfondissement de la décentralisation sont-ils représentés par :
– l’élaboration du document cadre de Politique nationale de décentralisation 2015-2024 assorti d’un plan d’actions ;
– la poursuite de la dynamique de développement économique régional (DER) dans le cadre de la régionalisation ;
– l’opérationnalisation des contrats plans Etat-Région ou District ;
– la mise en place des Agences de développement régional (ADR) ;
– le renforcement de la Fonction publique des collectivités territoriales.
A la date d’aujourd’hui, les instruments suivants sont en place ou enregistrés au Mali et contribuent au renforcement de la démocratie : 176 partis politiques répertoriés – dont deux créés en 2015 -, un Centre de traitement des données de l’état-civil (CTDEC), une politique de cohabitation pacifique des populations frontalières et un statut de l’opposition politique.
En matière de population, notre pays connait une forte croissance démographique du fait d’un taux élevé de fécondité et des progrès enregistrés dans le domaine de la santé. Réussir une transition démographique, afin de tirer de cette croissance un dividende démographique pour accélérer la croissance économique, reste un défi. Ainsi, la mise en œuvre de la politique de population a-t-elle été évaluée, conduisant à la négociation et au financement par la Banque mondiale du Projet d’autonomisation des femmes et du dividende démographique, pour un montant de 24 milliards de Fcfa.
Mes chers compatriotes
En matière de Justice et des Droits de l’Homme, les actions ont porté essentiellement sur le rétablissement de l’Etat de droit et de l’administration de la justice dans un contexte de post-conflit.
Il s’agit de réels défis dont le relèvement se traduira concrètement par l’arrêt du délitement de l’appareil judiciaire, l’efficacité de la lutte contre l’impunité, le traitement adéquat des cas de violations des droits de l’Homme, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, ainsi que le respect de l’éthique et de la déontologie par les magistrats, le personnel judiciaire, les ordres professionnels, les agents de l’Administration pénitentiaire et les officiers de police judiciaire.
Mes chers compatriotes
Sous la conduite du chef du gouvernement, les secteurs aussi stratégiques que les Technologies de l’information et de la communication (TIC), la Culture, l’Artisanat et le Tourisme et l’intermédiation bancaire connaissent un regain de vitalité. Avec le retour de la paix, le travail de fond en cours qui s’effectue avec le concours des acteurs publics et privés de ces secteurs, portera assurément des fruits. En effet, la destination Mali redevient de plus en plus attractive et de nouveaux grands groupes hôteliers ainsi que de nouvelles compagnies aériennes, parmi les plus prestigieuses au monde, viennent s’y installer. Aussi l’évaluation de l’Union européenne conduite fin juillet 2015 est-elle à saluer. Elle assure, fort opportunément, que l’Aéroport international de Bamako-Sénou répond à toutes les normes et conditions de sûreté et de sécurité pour l’exportation du fret et des produits postaux vers l’UE.
Mes chers compatriotes,
Les efforts ci-dessus rappelés permettront, j’en suis convaincu, à chaque Malien de goûter aux fruits de la croissance, de constater une amélioration nette de son quotidien et de retrouver l’enthousiasme et l’espoir pour un futur prometteur. Toutefois, ceci ne se concrétisera que dans un Mali en paix et en sécurité.
A notre arrivée aux affaires, nous avons trouvé l’outil de défense et de sécurité en un état de délabrement tel qu’il lui était difficile d’assumer correctement ses fonctions régaliennes de défense de l’intégrité du territoire national, de lutte contre la violence et le crime organisé et de protection des personnes et de leurs biens. Nous nous sommes donc attelés, dès notre prise de fonction, à la reconstruction d’une Armée nationale digne de sa devancière dont le prestige a fait la fierté des Maliens et de toute l’Afrique.
La vitrine de ce vaste chantier de réformes est la Loi d’orientation et de programmation militaire que les élus de la nation ont discutée et adoptée en février dernier. Cette Loi couvre une période de cinq ans (2015-2019) et sera financée à hauteur de 1.230 milliards de nos francs par le Budget d’Etat.
Dans la pratique, la mise en œuvre de la Loi permettra de faire des recrutements en quantité et en qualité, d’acquérir des équipements militaires de dernière génération et d’améliorer de façon significative les conditions de vie et de travail des FAMA.
Aucun sacrifice n’est de trop pour bâtir une Armée nationale professionnelle, opérationnelle et bien préparée à faire face aux défis de la guerre moderne et de la guerre asymétrique que nous imposent les terroristes et les trafiquants de tous bords.
Mes chers compatriotes,
Depuis septembre 2014, le Mali a connu une intense activité diplomatique marquée, notamment, par des visites à l’extérieur ou la participation à divers sommets et rencontres internationales effectuées par moi-même, par le chef du gouvernement et/ou par le ministre des Affaires étrangères et d’autres membres du gouvernement. Des personnalités de marque nous ont également rendu visite. Ces événements consacrent le retour du Mali sur la scène internationale.
L’évènement le plus marquant aura été sans nul doute le processus de paix engagé à Alger, le 16 juillet 2014, et conclu à Bamako, le 15 mai 2015, par la signature de «l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali », parachevé le 20 juin 2015. Cet Accord est le plus inclusif et le plus global jamais réalisé sur la problématique du nord du Mali. Il a vu la participation active d’une délégation du gouvernement du Mali, des délégations des mouvements armés ainsi que des représentants de la société civile et des communautés locales. Le processus a été conduit par une Médiation internationale, avec pour chef de file l’Algérie et comme membres une douzaine de représentants des pays amis du Mali et des organisations internationales.
Dès juillet 2015, la Médiation et les parties aux pourparlers d’Alger ont mis en place un Comité, ainsi que des sous-comités de suivi de la mise en œuvre de l’Accord. Il est bien entendu que la coordination et la mise en œuvre proprement dites incombent au gouvernement du Mali, en rapport avec toutes les parties au dialogue inclusif inter-malien. Cet Accord est le couronnement de multiples efforts politiques et diplomatiques fournis à la fois par les plus hautes autorités maliennes et la communauté internationale en vue de sortir notre pays de la crise multidimensionnelle dans laquelle les forces du mal l’ont plongé en janvier 2012.
En matière de politique extérieure, mes visites ont eu pour but, entre autres, d’exprimer notre reconnaissance aux pays voisins pour leur soutien durant la grave crise qui a affecté le Mali, de rechercher ensemble des solutions aux multiples défis actuels et de raffermir notre coopération avec chacun de ces pays et chacune de ces organisations régionales et internationales.
Mes chers compatriotes
En perspectives pour 2016, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation par le gouvernement et toutes les parties concernées laisse présager un retour à la stabilité de la politique extérieure du Mali. Dans ce contexte, nous pouvons envisager la conduite d’une réflexion globale sur la diplomatie malienne, incluant la relecture de la carte diplomatique, l’ouverture prochaine d’ambassades du Mali, par exemple à Ndjamena (Tchad) et à Doha (Qatar). La réflexion pourrait aboutir à une nouvelle vision diplomatique, adaptée aux réalités de l’heure et épousant les contours de l’avenir, ainsi qu’à une stratégie de mise en œuvre de cette vision et d’une nouvelle carte diplomatique.
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, nous organiserons le 22 octobre 2015 à Paris, avec l’appui de l’OCDE et du gouvernement français en particulier, une Conférence d’appel de fonds pour la mobilisation de ressources financières nécessaires.
S’agissant de la politique de bon voisinage et d’intégration africaine, nous nous attellerons à la tenue régulière des sessions des comités, grandes commissions mixtes et autres réunions statutaires prévues par les divers accords de coopération signés par le gouvernement. Enfin, nous poursuivrons, tout au long de l’année 2016, la promotion de la politique extérieure de notre pays à travers le renforcement de la coopération bilatérale et internationale.
Le processus de réconciliation nationale en cours, engage le gouvernement à persévérer dans l’effort, car le chemin sera long, très long. Il y aura certaines incertitudes à corriger, la confiance mutuelle à raffermir et à sceller, des sauts d’obstacles à réussir. Nous vivons déjà et nous vivrons encore un temps d’épreuves douloureuses. Ces dernières seront, le plus souvent, émaillées de velléités de remise en question.
De toutes les actions à conduire au titre de la réconciliation, sous différents angles, il faut souligner le travail visant l’intégration de la justice transitionnelle chez nous. Notre instrument pour ce faire, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) est sur la lancée et se mettra aussitôt à la tâche au plan opérationnel. Elle a désormais son président et son secrétaire général. La nomination des autres commissaires ne saurait plus tarder. Le gouvernement veillera à ce que leur soient assurés les moyens requis, l’indépendance, le crédit et l’impartialité nécessaires, étant entendu que le champ d’exploration prend en compte tous les contentieux antérieurs.
Mes chers compatriotes
Nous gardons l’espoir d’un avenir radieux et nous avons foi en notre jeunesse, cette jeunesse qui a travers le sport rempli nos cœurs de bonheur chaque fois que l’on entend retentir l’Hymne national et que l’on voit flotter le drapeau national à l’occasion de telle ou telle compétition. Permettez-moi, à cette étape, de féliciter l’ensemble du monde sportif malien pour les résultats éclatants obtenus. J’en citerai quelques-uns :
En basket-ball : le Mali a participé à l’Afro-basket féminin U-16 à Madagascar qui a vu la consécration continentale de notre Equipe nationale pour la 5è fois, depuis l’institutionnalisation de ce championnat. L’organisation de l’Afro-basket U-16 garçons a confirmé que le Mali, qui a occupé la 2è place et s’est qualifié, est toujours parmi les « grands ».
L’Equipe nationale sénior dames de basket-ball vient de remporter la médaille d’or aux Jeux africains de Brazzaville 2015. C’est là une merveilleuse et très grande performance. Bravo !
En football, à la faveur de la 4è place à la Coupe d’Afrique des nations de football junior à Dakar (Sénégal), le Mali a participé à la Coupe du monde de football junior en nouvelle Zélande 2015 où il a occupé la 3è place pour la première fois dans l’histoire du football malien. Et le jeune Adama Traoré a été élu meilleur joueur du tournoi.
Mes chers compatriotes,
La confiance que vous avez placée en moi, en août 2013, est pour moi source de motivation et d’inspiration à parfaire mon travail. Elle est source d’obligations de résultats concrets pour l’amélioration des conditions de vie et pour le bonheur des Maliens. Elle est raison et devoir de rendre compte publiquement. Je m’en tiens rigoureusement à ce cap.
J’ai écho des impatiences légitimes exprimées par notre peuple qui aspire à de meilleures conditions de vie et de travail. Je comprends parfaitement les frustrations refoulées vécues par nombre de nos concitoyens dont le quotidien est fait d’épreuves et d’incertitudes. Je partage la peine de ceux et celles dont le rêve d’un meilleur avenir met du temps à prendre forme. Tous ces questionnements ont lieu d’être et sonnent comme autant de messages de rappel pour répondre, sans faux-fuyants, aux préoccupations de notre peuple.
A toutes ces expressions de doute et d’impatience, voici ma réponse et celle du Gouvernement : « Le meilleur est à venir ! ». Inch’Allah ! Oui, le meilleur est à venir puisque nous avons parcouru plus de la moitié du chemin sur la voie de la pacification du pays. Indubitablement et sans naïveté aucune, le retour à une paix totale et durable produira des dividendes dont nous bénéficierons tous. Ce ne sera que justice !
Le meilleur est à venir puisque la victoire du dialogue sur le fracas des armes créera un appel d’air qui sera profitable à l’instauration d’un vivre ensemble serein, à la reprise des affaires et au retour des investisseurs étrangers dont certains avaient déserté la destination Mali.
Le meilleur est à venir puisque nous avons consenti des sacrifices énormes pour assainir les fondements de notre économie. Malgré le contexte difficile, notre économie affiche une bonne santé dont la robustesse s’affirmera davantage dans les années à venir.
Enfin, le meilleur est à venir puisqu’à aucun moment nous ne nous sommes départis de notre optimisme, ni de notre enthousiasme. Nous n’avons jamais sombré dans le fatalisme ou le doute pernicieux.
Certes, le monde entier a été à nos côtés quand il le fallait et continue d’ailleurs de nous apporter toujours un concours fort appréciable, mais devant l’adversité, le Mali a été, est et restera un peuple debout.
En définitive, nous sommes un pays et un peuple meurtris qui se remettent progressivement des agressions et adversités auxquelles ils ont dû faire face ; un pays et un peuple qui sortent renforcés des dures épreuves qu’ils ont vécues et qui l’inclinent fermement à prendre son destin en mains, avec confiance et détermination, dans le concert des Nations.
Mes chers compatriotes,
Hôtes et amis étrangers qui vivez parmi nous,
Puisse le Seigneur protéger le Mali et le combler des bienfaits d’un hivernage fécond !
Bonne fête d’Indépendance à toutes et à tous !
Qu’Allah soub’Hana Wat’Allah continue à nous combler de sa grâce en cette veille de l’Aïd El Adda.»