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Diplomatie : les 100 jours de Tiéman Hubert Coulibaly à la loupe

Tiéman Hubert Coulibaly savait la tâche du ministre des Affaires étrangères ardue. Mais, lorsque le nouveau Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga lui faisait appel pour ce poste en décembre 2017, il avait déjà l’expérience du métier. Depuis, il ne cesse de travailler d’arrache-pied. La diplomatie malienne doit être sur tous les fronts : c’est un pays en crise qui doit organiser une élection présidentielle sans oublier l’émergence économique. Retour sur les cent premiers jours d’une diplomatie laborieuse.

La priorité du ministre Tiéman Hubert Coulibaly, c’est celle du président Ibrahim Boubacar Kéita. Il s’agit d’un agenda de paix auquel les partenaires doivent s’associer. “Notre récente présidence du G5-Sahel était une présidence brûlante qui a pu permettre des progrès réels pour cette organisation, notamment pour sa composante militaire, qui est la Force conjointe”, commentait-il. L’une des premières sorties du chef de la diplomatie malienne en Europe, précisément la Belgique le 24 janvier 2018, s’inscrivait dans cette logique.

Dans la foulée, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Nikki Haley, a rencontré le ministre des Affaires étrangères du Mali. Ils ont convenu du fait que le Mali se trouvait à un moment charnière et que la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015, combinée à la tenue d’élections réussies en 2018, était nécessaire à la transition politique du Mali.

Déjà, la tenue de ces élections était dans tous esprits ; et la diplomate américaine déclarait que les Etats-Unis soutiennent ces scrutins et encouragent la communauté internationale à en faire de même. “La communauté internationale doit pouvoir avoir confiance dans le fait que les élections de cette année soient conformes à la Constitution du Mali, sans interruption ni retard. Le Mali est un partenaire fort des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme et nous allons soutenir les Maliens dans leur construction d’un avenir meilleur pour leur pays et leur famille”, avait déclaré l’ambassadrice américaine.

Régime des sanctions

Fin janvier, la polémique flambait à Bamako sur le régime des sanctions adopté par l’ONU pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Pour couper court aux rumeurs faisant état de sanctions contre le gouvernement, le ministre des Affaires étrangères a apporté des éclairages à la presse locale.

D’abord, il expliqué sa participation à la cérémonie de présentation du rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali devant le Conseil de sécurité de l’ONU, un document présenté par le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, le 23 janvier 2018 à New York.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a indiqué que les autorités maliennes partageaient les mêmes préoccupations exprimées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Le rapport reconnait les efforts du gouvernement pour la mise en œuvre de l’Accord.

Le Conseil de sécurité a aussi apprécié le nouveau chronogramme arrêté par les parties maliennes qui ont retenu des actions prioritaires à mettre en œuvre avant le 15 mars. Pour donner plus de chance à ce nouveau chronogramme d’être appliqué, l’ONU a brandi des menaces pour obliger toutes les parties membres du processus de paix à s’acquitter correctement de leurs engagements dans le délai prévu.

Reprendre la construction démocratique

Le travail à abattre est immense, et le patron de la diplomatie malienne semble y être préparé. Dans une interview qu’il nous a accordée,  il ne laissait place à aucun doute. “J’entame cette mission dans un état d’esprit positif, surtout en prenant une conscience claire des enjeux du moment”, avait-il souligné.  Le Mali est dans un processus de sortie de crise qui implique un certain nombre d’acteurs internationaux.

Mais c’est surtout dans la continuité que s’inscrivent les actions du ministre des Affaires étrangères. Selon le chef de la diplomatie malienne, depuis 2012, le Mali travaille avec la communauté internationale afin de stabiliser le pays qui doit reprendre sa construction démocratique républicaine comme cela a commencé depuis 1992. “Ce sont des consignes données par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta”, a-t-il rappelé dans l’interview.

C’est aussi pour les voisins du Mali que le ministre des Affaires étrangères bouge. Le Mali est la plaque tournante du G5-Sahel. Le 23 février s’est tenue à Bruxelles la Conférence Sahel pour récolter des fonds afin de lutter contre le terrorisme dans l’espace. La moisson a été bonne, avec plus de 400 millions de dollars. Il y a de grands défis de développement qui justifient cette mobilisation des partenaires extra G5-Sahel, que ce soit sur le continent africain ou sur d’autres continents.

L’heure d’une diplomatie

économique

L’agenda de Tiéman Hubert Coulibaly, c’est aussi l’heure d’une diplomatie économique. Les nombreux accords signés ces derniers mois démontrent que le Mali demeure séduisant aux yeux du monde, surtout dans les pays de l’Asie et du Proche-Orient. Il y a notamment la Turquie, une puissance émergente qui souhaite étendre ses investissements en Afrique. Parallèlement, la main reste tendue aux partenaires historiques. Le 30 mars, pour ne citer qu’un exemple, il signe des documents portant sur trois conventions de financement entre le Mali et l’Union européenne. La première convention porte sur un contrat d’appui à la réforme de l’Etat et la consolidation de l’Etat de droit au Mali de 2018 à 2020. Le montant de ce financement est d’environ 130 millions d’euros (soit 85 milliards de F CFA).

La deuxième porte sur le Programme d’appui à l’inclusion scolaire au Mali, d’un montant de 40 millions d’euros, soit 26 milliards de F CFA pour une période d’exécution de 6 mois. Et la troisième est intitulé Programme d’harmonisation et d’innovations au bénéfice des initiatives de la société civile d’utilité sociale (Hibiscus) d’un montant de 5 millions d’euros, avec également une période d’exécution de 60 mois.          A. BARRY

Souvenir d’un voyage aux Emirats Arabes Unis

u projet d’habitat rural à la viabilisation hors site des programmes de logements sociaux de N’Tabacoro, la visite de Tiéman Hubert Coulibaly aux Emirats arabes unis aura été comme une exploration. Mieux, il a été question des transports (constructions d’aéroports), de soutien matériel et financier à la Commission dialogue et réconciliation, d’aménagement des zones de retour des populations déplacées. Tiéman Hubert Coulibaly a fait remarquer qu’on dénombre plus de 400 000 déplacées. D’où la nécessité d’une assistance en leur faveur.

Tiéman Hubert Coulibaly était aux Emirats arabes unis les 20 et 21 février 2018. Au cours de l’audience qu’il a accordé aux autorités de ce pays, les entretiens ont porté sur le renforcement de la coopération bilatérale. Il s’agissait de faire le point de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger et rassurer que le gouvernement du  Mali est résolument engagé dans le respect des clauses.

Le chef de la diplomatie malienne a indiqué que conformément à sa “Feuille de route”, le gouvernement malien s’est fixé comme objectifs le redéploiement de l’administration et l’organisation des élections générales y compris la présidentielle en juillet 2018. Autre sujet abordé : la remise de la fiche technique du projet d’habitat rural et de viabilisation hors site  des programmes de logements sociaux de N’Tabacoro.

Ont été évoquées les recommandations issues de la visite du président de la République du 18 au 20 juillet 2017, notamment dans les domaines des transports (constructions d’aéroports),  le soutient matériel et financier à la Commission dialogue et réconciliation, l’aménagement des zones de retour des populations déplacées.

Tiéman Hubert Coulibaly a fait remarquer qu’on dénombre plus de 400 000 déplacées, d’où une nécessité d’assistance en leur faveur. Le ministre malien a souligné qu’il faut favoriser leur retour, leur réinstallation dans leurs localités d’origine où l’éducation et la santé doivent être aussi relancées. Par ailleurs, il a insisté sur l’équipement des forces armées maliennes dans la lutte contre le terrorisme.

S’agissant de la coopération multilatérale, la visite de Tiéman au Emirats arabes unis prouve les deux pays entretiennent de très bonnes relations tant au plan bilatéral qu’au sein de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et autres organisations communes. Les Emirats arabes unis contribuent au  financement de la Force conjointe du G5-Sahel à hauteur de 30 millions d’euros. Bref, cette visite avait l’air d’une expédition économique visant à trouver les moyens de transformer le quotidien des Maliens jusque dans l’habitat rural.                                                                                           

A.BARRY

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