L’Energie du Mali (EDM.SA) est un dans un gouffre financier sans précédent. Elle devait 304 milliards de FCFA, soit 3,2% du PIB, à ses créanciers en début de l’année écoulée, selon le Fonds monétaire international.
« La société Énergie du Mali (EDM) connaît de sérieuses difficultés techniques et financières» ; c’est le FMI qui l’affirme dans un rapport en date de novembre dernier. L’institution financière, partenaire stratégique du gouvernement malien, pense que ces difficultés résultent principalement de l’inadéquation existant depuis longtemps entre les prix à la production et de vente de l’électricité, de l’insuffisance des investissements effectués, du retard avec lequel ceux qui étaient indispensables ont été réalisés et d’une gestion défaillante. Le FMI affirme que le chiffre d’affaires de la société et les aides publiques dont elle a bénéficié ne lui ont pas permis d’honorer ses engagements financiers, ce qui l’a maintenue dans une situation de trésorerie tendue. Son endettement total, estimé à 304 milliards de FCFA (3,2% du PIB) début 2018, se répartit presque également entre les banques commerciales et ses fournisseurs.
Pour améliorer la situation financière d’EDM, l’institution de Bretton Woods soutient que le gouvernement malien est en train de mettre en œuvre une stratégie à deux volets avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale. En attendant l’achèvement de l’évaluation de la dette d’EDM entreprise par la Banque mondiale, l’Etat a accru sa subvention de 15 milliards de FCFA en 2018, portant ainsi son total à 42 milliards de FCFA. Le FMI pense que le gouvernement malien envisage aussi d’autres mesures pour assainir les finances d’EDM, notamment une réduction de ses pertes et dépenses d’exploitation, l’utilisation de compteurs à prépaiement, l’adoption d’une facturation mensuelle accélérée et un meilleur suivi de la consommation des gros clients. L’institution financière informe que pour renforcer la gouvernance d’EDM, les autorités maliennes sont en train d’améliorer sa gestion et de nommer des administrateurs plus indépendants. À court terme, le programme de restructuration proposé par la Banque mondiale vise, entre autres, à améliorer le recouvrement des recettes à l’aide de compteurs intelligents et lutter contre les branchements illégaux et les fuites tout en maîtrisant les coûts; revoir la tarification pour déterminer les possibilités d’amélioration telles qu’un relèvement des tarifs pour les clients institutionnels, la suppression de la subvention aux frais d’installation des abonnés moyenne tension, et améliorer le portefeuille d’emprunts d’EDM en refinançant et garantissant la dette commerciale à court terme existante. À long terme, la Banque mondiale aidera le gouvernement malien à améliorer son plan d’investissement pour le secteur de l’électricité en vue d’augmenter la part des sources d’énergie renouvelables pour réduire les coûts de production d’EDM et améliorer sa situation financière globale en supprimant la location de générateurs, en réduisant la production thermique nationale (diesel et fioul lourd), en accroissant la production nationale d’hydroélectricité et en important davantage d’électricité, y compris de l’électricité à bas prix, des pays voisins (Côte d’Ivoire et Guinée). Toutefois, le FMI estime qu’il est impératif que les autorités maliennes s’attaquent aux problèmes du secteur de l’énergie à court et à long terme, sans augmenter encore les subventions insoutenables, pour libérer des ressources au profit de l’investissement et des dépenses sociales.
Hamadoun MAIGA