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Diéma : La pastèque, introuvable sur le marché

La pastèque est une culture de rente qui connaît de nos jours, un véritable essor dans le Cercle de Diéma.

 

Exceptionnellement, cette année,la culture de la pastèque n’a pas réussi dans le Cercle de Diéma. La plupart des plantes ont séché avant même leur floraison, à cause des fréquentes ruptures de pluie, ce qui aurait influé d’une manière générale sur l’ensemble des cultures, notamment le mil, le maïs et l’arachide. Sur les grands axes, il est rare de voir aux abords des routes des tas de pastèques réservés aux passagers.

Dans le Kaarta aujourd’hui, la culture de la pastèque permet de renforcer l’autosuffisance alimentaire. De nombreuses familles génèrent des ressources à travers la culture de la pastèque. Hommes, femmes et jeunes, tous s’adonnent sans arrières pensées à cette activité lucrative. Dès que les premières pluies tombent, tous se dirigent vers les champs pour labourer et semer.

Mais beaucoup de gens commencent à se faire des soucis, croyant que dans les années à venir, la culture de la pastèque finira par remplacer totalement celle du mil à cause des revenus intéressants qu’elle rapporte. Avec la production et la commercialisation de la pastèque, de nombreux jeunes se sont mariés. Certains se sont octroyés des motos SANILY, d’autres se sont immiscés dans le commerce,l’élevage, et autres activités génératrices de revenus.

Aujourd’hui dans le Cercle de Diéma, la culture de la pastèque a permis de fixer beaucoup de jeunes, les empêchant d’aller mourir sur les côtes de la mer méditerranéenne. Les femmes en tirent le plus grand profit. Certaines achètent des pastèques, qu’elles découpent en petites tranches de cent francs cfa. Mais toutes déplorent la rareté et surtout la mauvaise qualité de la pastèque. C’est pourquoi, la marchande Djéba Traoré, ne laisse jamais un client goûter sa pastèque avant de l’acheter. Dans ces conditions, s’exclame la dame, je risque de perdre tous mes avoirs.

Les deux hectares de pastèque de Baba Traoré 3è adjoint au maire de la Commune rurale de Gomintradougou ont échoué. Auparavant, cet élu- producteur pouvait réaliser des recettes de près d’un million de francs cfa avec la vente de ses pastèques. Il évoque deux difficultés majeures,la rareté des semences de pastèque, qui, pour s’en procurer, il faut se rendre jusqu’à Kayes ou Bamako ou passer la commande. Des transporteurs sont venus récemment dans notre village, mais ils en sont retournés bredouilles. Tous nos champs sont rasés, pas de pastèques cette année, ajoute l’homme.

D’après les analyses de Bassi Baba Diarra, résident à Dioumara, la culture de la pastèque se porte mal dans cette localité. De nombreux producteurs affluaient de Ségou pour venir cultiver la pastèque chez nous, mais cette année, on pouvait les compter sur le bout des doigts. On dirait qu’ils ont présagé cette mauvaise campagne… Pour promouvoir la culture de la pastèque, il propose de rendre disponibles les semences jusqu’au niveau villages et hameaux. Il faut équiper les producteurs agricoles avec des matériels et intrants afin d’accroître leurs productivités.

Même plainte. Le président de la chambre locale d’agriculture Boubou Traoré explique que son champ de pastèque a produit des fruits maigres et fades, à cause de l’insuffisance de pluies. Cette année, le prix de la pastèque est monté. L’année dernière, avec 200 Fcfa dit le représentant du monde rural, on pouvait avoir une pastèque de son choix. Il faut rentabiliser cette filière en implantant des unités de transformation.

à Nafadji, à en croire Kantara Traoré, ce sont des gens de Ségou et Bougouni qui viennent cultiver de la pastèque. Ils vendent leurs produits aux commerçants de Bamako qui remplissent des camions pour aller ravitailler des unités de transformation. Mais cette année, aucune commande n’a été satisfaite dans ce village, la crise de la pastèque est ressentie partout.

Modibo Fofana, résident à Fangouné Kagoro, rencontré au secteur de l’agriculture, dispose de deux hectares de pastèque. Il explique que le champ qu’il exploite avait été mis à la disposition du directeur d’école du village. Un soir, lorsque je me promenais, dit-il, j’ai constaté que le champ en question n’avait pas été utilisé depuis deux ans. C’est ainsi que j’ai ordonné à mes enfants de le labourer et y semer de la pastèque.

Aucun champ de pastèque n’a fleuri cette année à Diangounté Camara. Bakary Sacko, rapporte qu’au moment où les plantes ont commencé à pousser, les pluies ont été interrompues. Quand il parcourt son champ, le bruit des feuilles mortes de pastèque sous ses pieds lui fait grincer les dents.

Fatoumata Traoré aide sa mère à vendre des pastèques au Razel. Assise sous un hangar de fortune, la fille attend les clients qui tardent à se présenter. De passage, s’il vous arrivait de regarder du côté de son étalage, elle vous invite ipso-facto à venir acheter de la bonne pastèque. Les prix de la pastèque ici, vont de 300 à 500 Fcfa, malgré leur petite taille. Sa mère sillonne les villages environnants pour s’en approvisionner.

Gaoussou Diarra, producteur agricole à Dianguirdé, avoue que la pastèque a réussi dans sa localité. Les enfants de notre chef de village passent le plus clair de leur temps à charger des camions en provenance de Kayes et Bamako. Je n’ai pas fait de champs de pastèque cette année, j’ai cultivé un peu de sésame, c’est mon seul regret.

Tama Diarra, déclare qu’à Kana, son village natal, personne ne cultive de la pastèque. Les gens n’accordent pas d’importance à cette culture, qu’ils considèrent comme une perte de temps. Seul, le mil compte pour nos braves paysans. «La pastèque c’est de l’eau, poursuit-il, elle n’arrange que ceux qui souffrent de déshydratation. Moi, je n’en veux pas», renchérit Seiba Kanté, le réparateur de motos.

«Les Chinois ne mangent pas la substance rouge de la pastèque, dont nous, on raffole, mais plutôt l’intérieur. Il paraît que c’est la partie dure qui renferme plus de vitamines», explique Sékou Camara, manœuvre d’un chantier.

Comme rapporté, un âne en divagation s’est introduit nuitamment dans la maison d’une femme et a dévasté son petit champ de pastèque situé dans un coin de la cour. La porte de la maison était restée ouverte, son fils qui rentrait tardivement, avait oublié de la fermer à double tour. Le lendemain matin, la pauvre dame a suivi les empreintes laissées par les sabots de la bête, jusqu’à les perdre dans la broussaille. Elle misait sur la vente de ses pastèques pour acheter des fournitures scolaires pour ses enfants…

Ouka BA
Amap-Diéma

Source : L’ESSOR

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