Les responsables du parti Yelema, le Changement, ont, à travers une conférence de presse qu’ils ont tenu le samedi 12 octobre 2019 à la Maison de la presse, rendu publique la proposition de leur formation politique pour la réussite du Dialogue national inclusif. En six thématiques, le parti de Moussa Mara a fait des propositions sur tous les sujets d’intérêt national. Des recommandations ont été faites pour la mise en œuvre des résolutions du Dialogue.
D’entrée de jeu, le secrétaire à la communication du parti Yelema, Hamidou Doumbia a expliqué les raisons pour lesquelles son parti participera au Dialogue national inclusif. « Nous participons au Dialogue national inclusif par un souci de cohérence. Nous allons à ce dialogue parce que nous avons toujours appelé au rassemblement. Nous sommes une force une force de proposition », a-t-il déclaré. Aussi, a-t-il précisé que sa formation politique s’oppose à toute élection référendaire avant les élections législatives.
Pour sa part, le président du parti Yelema, Moussa Mara a, point par point, dévoilé les propositions de son parti pour la réussite du Dialogue national inclusif. Ces suggestions sont, selon lui, issues de son projet de société.
La première thématique
Dans les premières thématiques, Yelema fait des propositions sur trois sujets, à savoir l’Accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, la sécurité, la justice et la réconciliation.
Parlant de l’Accord d’Alger, l’ancien premier ministre affirme que lui et son parti sont pour sa mise en œuvre même s’il reconnait que le document a des insuffisances. « Nous estimons que l’Accord d’Alger, s’il était appliqué, est un bon document pour la sortie de la crise. Mais nous avions souligné ses faiblesses», a-t-il laissé entendre. Quant à la proposition de Yelema à ce sujet lors du Dialogue national inclusif, elle est claire et limpide : « Débattre de l’accord de paix, identifier éventuellement ses points négatifs à rediscuter, faire ressortir les points à mettre en œuvre rapidement et organiser le dispositif pour l’améliorer ».
Concernant la sécurité, Moussa Mara et son parti proposent d’abord que l’état-major général de l’armée soit déménagé à Mopti. Parlant de la nomination des officiers devant diriger l’armée, Il suggère de « réunir tous les officiers généraux et supérieurs et recueillir leurs opinions sur la direction des forces depuis l’état-major général jusqu’aux commandements de terrain, nommer ces personnes et les maintenir sur une durée d’au moins deux ans en leur laissant carte blanche pour agir sans aucune interférence politique ». Ce n’est pas tout, le parti propose la promotion de la bonne gouvernance et la transparence dans tous les achats et les approvisionnements des unités avec des audits périodiques de vérification.
Moussa Mara et son parti n’ont pas mis de côté la justice et la réconciliation. À ce niveau, Mara trouve que l’impunité ne doit pas être encouragée. Il suggère d’organiser les procès relatifs aux grands massacres. Il demande à ce que le dialogue débatte de la loi d’entente nationale pour la corriger des insuffisances identifiées.
Les propositions au niveau des institutions, partis politiques, du système électoral
La deuxième thématique des propositions de Yelema concerne les institutions, les partis politiques et le système électoral.
Pour que les institutions maliennes répondent aux normes d’une bonne démocratie, Yelema propose au Dialogue national inclusif, entre autres, la suppression de la possibilité de dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République ; Mettre en place la validation obligatoire par l’Assemblée des principales nominations gouvernementales et aux postes sensibles de l’Etat, le chef de la sécurité d’État ; instaurer la possibilité de destitution de tous les responsables publics en cours de mandat pour cause d’inefficacité , non-respect du serment , non-respect des promesses…
Au niveau des partis politiques, Moussa Mara et son parti trouvent qu’il faut impérativement de l’alternance à la tête des partis. « Comme en tête du pays, il faut limiter les mandats pour la présidence des partis », explique-t-il. Aussi, le parti du changement propose la couverture du territoire et la participation aux élections sous peine de retrait de récépissé aux partis politiques. Moussa Mara estime qu’il faut décentraliser le versement du financement public et le lier uniquement aux performances électorales. Il suggère enfin de bannir la transhumance entre les partis par l’annulation du mandat et l’interdiction de concourir à l’élection qui suit cette annulation du mandat, et dépolitiser la haute administration publique.
La mise en place d’une administration permanente de gestion des processus électoraux et de suivi des partis politiques, finaliser le découpage électoral et le découpler à l’organisation territoriale ; la limitation du poids de l’argent dans le système électoral : publication des ressources et des comptes de campagne, fixation de plafond de dépenses, audit et sanction des contrevenants, interdiction des cadeaux … encadrement de la candidature des sortants aux élections, limiter l’utilisation des moyens de l’État, sont entre autres les propositions de Yelema au niveau de l’amélioration du système électoral malien.
Lutte contre la corruption, assainissement des services publics : ce que propose le parti Yelema, le Changement
Pour Mara et son parti, la lutte contre la corruption doit être le combat ardent de tous les Maliens. Et pour la réussite de ce combat, tout le monde doit jouer sa partition. C’est pourquoi Yelema, selon le conférencier, propose l’institutionnalisation du soutien aux lanceurs d’alerte ; doubler le budget de la justice , la suppression de la direction du conseil de la magistrature par le président ; vider tous les dossiers en instance au pôle économique dans un délai de deux ans et publier chaque mois sur les instances , rendre effective les déclarations de patrimoine des responsables ; le bannissement à vie de toute responsabilité pour tout citoyen condamné pour infraction financière ;
Mara et son parti suggèrent à ce que tous les responsables publics rendent des comptes de leurs actions, par des rencontres avec les usagers et les mandats une fois par trimestre. Aussi, le parti propose l’évaluation de chaque service public par les usagers et la prise en compte des résultats dans l’évaluation des directeurs et dans la notation des agents ainsi que l’évolution de leur carrière.
La 4e thématique
À ce niveau, les propositions de Yelema sont portées sur le dialogue social, les Catégories sociales fragiles. Il souhaite, au niveau du dialogue social, l’institutionnalisation d’une période dans l’année où l’État engagera des négociations avec l’ensemble des syndicats pour fixer les actions de la période suivante, les efforts financiers à fournir, à inscrire dans les prévisions budgétaires. Le parti propose la mise en place d’un dispositif national d’éducation des filles avec pour objectif d’atteindre le même niveau de fréquentation scolaire que les garçons d’ici 5 ans au niveau des catégories sociales fragiles.
Thématique 5
Les sujets développés dans ces thématiques sont entre autres la gouvernance économique et financière, l’inclusion de la diaspora et Revenus des Maliens. « Publier en permanence et apurer la dette intérieure, poursuivre les agents qui engagent illégalement l’État ; faire par le trésor de la situation financière globale et régionale de l’État ; auditer les exonérations fiscales et annuler celles qui ne sont pas utiles, publier en permanence le point exact de toutes les exonérations , les bénéficiaires et les conditionnalités de leur obtention ; limiter fortement le recours aux emprunts à moyen terme pour faire face aux dépenses courantes, maintenir le déficit public dans la limite des 3% de la richesse nationale ; accroitre les ressources publiques pour situer le Mali parmi les 3 premiers pays en la matière au sein de l’UEMOA au lieu de l’avant-dernière place actuellement ; réduire le train de l’État pour dégager au moins 30 milliards chaque année », sont ce que propose Yelema pour une bonne gouvernance économique et financière.
Au niveau de l’inclusion de la diaspora, Yelema demande à ce que 25% des quotas dans tous les postes de responsabilité en commençant par le gouvernement soient confiés à la diaspora. Aussi, propose-t-il de dégager 35 milliards de FCFA pour financier la politique nationale des migrations ; et rendre pleinement fonctionnelle la maison des Maliens de l’extérieur, notamment le guichet unique de facilitation de leur insertion
Jeunesse et citoyenneté, sport, culture, religion et culte, les sujets développés dans la dernière thématique
Au niveau de chacun des sujets, Yelema fait de propositions concrètes. Au niveau de la religion et du culte, le parti de Moussa Mara propose de formaliser la laïcité à la malienne, donner un statut aux leaders religieux, mieux organiser et donner des moyens aux structures faitières, préciser les rapports entre l’État et la religion, la politique et la religion.
Les recommandations après le Dialogue national inclusif
Le parti de Moussa Mara ne s’est pas limité aux simples propositions pour la réussite du Dialogue national inclusif. Il a fait des recommandations pour sa mise en œuvre.
Concernant l’organe de suivi, Moussa Mara et ses militants proposent , entre autres, la mise en place par la plénière au niveau national d’une instance de suivi comprenant les facilitateurs et les organisateurs courant novembre 2020 ; l’élaboration d’un plan d’action des principales résolutions du Dialogue à soumettre aux autorités nationales et engagements avec eux des discussions en vue de la mise en œuvre des recommandations courant décembre 2020 et la présentation du processus électoral : relecture des textes (courant premier trimestre 2020), élections législatives (février 2020), referendum constitutionnel éventuel (avril 2020), élections communales partielles.
Quant aux mesures politiques d’accompagnement, l’honorable Bafotigui Diallo a demandé , au nom de Yelema, la reprise par le Chef de l’État des initiatives engagées en février 2019 et accord avec le chef fil de l’opposition sur le choix du Premier ministre et le cadrage du Gouvernement avant la fin de l’année 2019. Ce n’est pas tout, le parti propose la conclusion d’un nouvel accord politique de gouvernance sur cette base avant la fin de l’année 2019, la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale avant le 15 janvier 2020, restreint à 25 membres et enfin la déclaration de politique générale du Premier ministre sur la base de ces convenances et engagements des activités gouvernementales avant la fin du mois de janvier 2020.
Boureima Guindo
Source : Le Pays