Le dialogue national inclusif a déjà commencé, car les concertations ont débuté hier, lundi 7 octobre 2019. Cela pendant que des acteurs incontournables sont en train de se retirer du processus pour une raison ou une autre. Pour obtenir l’inclusivité réclamée par le peuple malien et annoncée avec fanfaronnade par le président de la République, il y a une nécessité de reporter les concertations et d’engager des échanges francs et sincères avec ceux qui rejettent le processus en l’état.
Le train du Dialogue national inclusif a déjà mal démarré. Il est presque vide et arrivera, dans ces conditions, difficilement à la destination souhaitée. En effet, les concertations communales, des cercles, des régions, dans le district de Bamako et à l’extérieur du Mali sont programmées dans ce mois. Elles ont même commencé hier, lundi 7 octobre 2019, dans les 611 communes retenues. Mais ce qui est déplorable, ces concertations se tiennent alors que plusieurs groupements politiques dont le FSD, le mouvement An Ko Mali Dron ; des partis politiques dont l’URD, le MPR, le CNID, les Fare, le Modec, le Sadi, le RPDM, le CNAS Faso hère…et mouvements dont la CMA, se sont retirés du processus. Exceptée la CMA, les autres groupements et partis politiques ont dénoncé le manque d’inclusivité du dialogue tel qu’entamé par le régime IBK. Certains comme le FSD et l’URD ont soumis des recommandations à l’Atelier de validation des termes de référence du Dialogue national inclusif pour plus d’inclusivité. Mais ces recommandations n’ont pas, selon les initiateurs, été validées par les organisateurs du dialogue. Les questions qu’il faut se poser maintenant : que sera le Dialogue national inclusif sans la participation de tous ces partis et groupements politiques précités qui, pourtant, sont incontournables ? Peut-on parler d’inclusivité ? Que seront donc les décisions issues d’un dialogue tenu dans de telles conditions ?
Une nécessité de report du Dialogue national inclusif pour plus d’inclusivité
« Le Dialogue national inclusif est une chance pour le Mali. Tout doit être fait pour que ce dialogue soit sincèrement inclusif », scandent les acteurs politiques maliens dans l’ensemble. S’il y a une question sur laquelle l’opposition politique, la majorité présidentielle et la société civile malienne sont unanimes, c’est bien la nécessité d’aller à un dialogue franc et sincère au cours duquel il n’y a pas de question taboue. Chacun, à son niveau, a insisté sur l’inclusivité. « Redonner la parole aux Maliens pour qu’ils expliquent ce qu’ils vivent et proposent des solutions » telles est l’idée défendue par tous. Tout doit donc être fait par les gouvernants pour que le format soit accepté par tous.
Mais le dialogue, tel qu’il évolue ces derniers jours, risque de ne servir à rien. Il peut difficilement conduire à la résolution de la crise du Mali. L’inclusivité tant prônée a déjà perdu son sens, car le dialogue va se tenir sans le FSD, le plus grand groupement politique de l’opposition, sans le mouvement An Ko Mali Dron qui est aussi composé d’associations, de partis politiques, de mouvements politiques et de syndicats ; et sans la participation de plusieurs autres partis politiques.
La non-participation de ces groupements et partis politiques au Dialogue national inclusif n’est pas à minimiser. C’est déjà un obstacle à la réussite dudit dialogue, vu le poids de chacun des boycotteurs.
Face à cette situation et pour la nécessité d’inclusivité, le comité national d’organisation ne devrait pas se précipiter pour tenir les concertations à quelque niveau que ce soit. Ce dialogue, vu comme une solution de sortie de crise pour le Mali, ne devrait pas être une course de vitesse, mais une course de fond. La situation actuelle du pays est grave et aucun dialogue bâclé ne saura la résoudre. Les organisateurs du Dialogue national inclusif doivent aller encore aller à la rencontre de ceux qui ne veulent pas y aller pour une raison ou une autre. Ils doivent faire en sorte que le FSD et tous les autres mouvements et partis politiques, y compris la CMA rejoignent les partants. Pour cela, il faut nécessairement reporter le dialogue pour que ça ne soit pas un travail bâclé.
Boureima Guindo
Source : Le Pays