Accords de Tamanrasset (janvier 1991) ; Pacte national (avril 1992) ; Flamme de la paix à Tombouctou (mars 1996) ; Accord d’Alger (juillet 2006) ; Accord de Ouagadougou (août 2013) ; Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (mai et juin 2015) ; Conférence d’Entente nationale (mars – avril 2017), Dialogue national inclusif, et aujourd’hui, Dialogue inter-maliens. Quel rôle pour les femmes ?
Le Dialogue inter-maliens vise à créer un cadre d’échanges entre les Maliens eux-mêmes. Il ambitionne d’identifier les sources des crises, des conflits, en vue de trouver des solutions idoines pour un retour durable de la paix au Mali. Paix, Réconciliation nationale et cohésion sociale ; Questions politiques et institutionnelles ; Économie et développement durable ; Aspects sécuritaires et défense du territoire ; Géopolitique et environnement international sont les thématiques débattues, discutées tout au long de ce mois pour finalement proposer des solutions consensuelles en faveur de la paix, de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.
La deuxième thématique du dialogue est relative aux questions politiques et institutionnelles. La place des femmes y est précisée. Cet axe se focalise sur les questions politiques, la culture démocratique, la gouvernance, la prévention et la gestion des crises électorales, la transition politique, les femmes, les enfants, les personnes vivant avec un handicap et les jeunes.
Le même registre met l’accent sur le genre, l’autonomisation, la protection des femmes, des enfants et des personnes vivant avec un handicap. « Les femmes et les enfants, couches vulnérables de la société, sont souvent abandonnés à leurs sorts et demeurent exposés à plusieurs types de violences (physiques, sexuelles, psychologiques, etc.). Il y a de nombreux manquements aux droits des enfants en temps de guerre (grossesses non désirées, enfants abandonnés, orphelins, enfants non accompagnés, enfants soldats, etc.) » peut-on lire dans ce chapitre.
La première phase, qui a enregistré 3000 participants dans les communes de Bamako, du 13 au 15 avril 2024, a vu la participation de nombreuses femmes. « Il y’a plus de 40 femmes dans le Comité de pilotage du dialogue inter-maliens. Dans les comités, conformément au guide, toutes les commissions sont coprésidées par des femmes. Moi, par exemple, je suis déléguée pour superviser la Guinée. Dans toutes les délégations, les femmes sont fortement impliquées. À tous les niveaux tant communal, régional qu’à l’extérieur, les associations féminines, les femmes ont été impliquées et ont participé activement aux travaux du dialogue », témoigne madame Alwata, Ichata Sahi, déléguée pour superviser le dialogue en Guinée.
Selon Mamadou Naman Keïta, délégué à Koulikoro pour la phase régionale « une des recommandations fortes avait été qu’une grande place soit accordée à la participation des femmes et des jeunes au dialogue. Cette recommandation a été clairement respectée quasiment partout. »
Pour Madame Fanta Chérif Keita, membre de la commission d’organisation : « ce genre d’échanges sans les femmes aurait un goût d’inachevé ». Elle poursuit, en précisant que tout le monde est content du fait que les femmes soient sorties massivement pour participer de manière qualitative à ce dialogue. Les hommes leur ont dit : « venez car cet échange ne se fera pas sans vous ».
Capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix, et tirant les enseignements des défis qui subsistent, le dialogue inter-maliens privilégie l’appropriation nationale afin d’éliminer les racines des conflits intra et intercommunautaires.
En termes de participation, les femmes sont invitées à s’impliquer dans le déroulement des activités du dialogue. Une participation qui est assurée dans le cadre du suivi des travaux.
Madame Cissé Kadidia Haïdara, participante, trouve qu’associer les femmes à cette activité est une décision salutaire. Elle trouve également que le dialogue inter-maliens vient à point nommé. « Nous avons vraiment apprécié cette initiative car elle répond à des besoins indispensables du pays. Je suis sûre que ce dialogue servira beaucoup à notre pays. Nous avons fait beaucoup de recommandations qui nous permettront de restaurer la paix et l’entente au sein de notre pays. J’ai personnellement fait des propositions. Notamment, j’ai invité tous les maliens fonctionnaires ou pas à avoir confiance en eux et à jouer leur part dans le développement. Nous sommes en période de crise, de guerre, donc aimons-nous mutuellement et soyons des patriotes exemplaires afin d’aider le pays à sortir de la crise ».
Pour de nombreuses participantes, le dialogue inter-maliens se présente comme une rencontre qui marque un moment clé pour évaluer le rôle des femmes dans le processus de paix et la cohésion sociale. Pour cette raison, les représentants des femmes, des jeunes et de la société civile expriment également leur soutien au dialogue et leur engagement à diffuser le message de paix auprès de leurs communautés respectives. Une réalité, qui se confirme avec leur participation constante et inclusive.
Aminata Agaly Yattara
« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali et NED »
Mali Tribune