Une des fortes recommandations importante du dialogue inter- Maliens pour la paix et la réconciliation était d’ouvrir le dialogue avec les terroristes. Une initiative qui avait été conseillée à maintes reprises en son temps par l’iman Dicko.
Avec la clôture des travaux du dialogue inter-Maliens, plusieurs recommandations furent faites. Il y a une, qui semble être un cheveu dans la soupe dans la mesure où elle mérite une large réflexion. Cette recommandation est celle d’ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés. D’ores et déjà, l’idée est en train de créer des débats un peu partout et des interrogations de la part de certains spécialistes en la matière. Pour un observateur, si cette recommandation a été faite, c’est la preuve que le dialogue a réuni les représentants de tous les bords y compris même les absents, les terroristes. Donc avec ce dialogue, l’on peut supposer sans avoir la certitude que les terroristes avaient des taupes pour éviter de dire qu’ils avaient leurs représentants parmi les participants. Ce qui va leur permettre de faire des propositions dans ce sens. De ce fait, lors de la phase finale de ce dialogue, l’idée d’ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés a été proposée. « La proposition est pertinente, souhaitable, bonne et très heureuse », disait un citoyen.
Dicko avait donc raison !
Cette proposition a été déjà faite par l’Imam Mahmoud Dicko, en 2017. D’ailleurs il avait même commencé à organiser des rencontres dans ce sens pour tenter de rentrer directement en contact avec les responsables terroristes notamment Iyad et Amadou Kouffa. Seulement les évènements et le changement à la tête de la primature ne lui ont pas donné l’occasion de poursuivre sa mission. D’ailleurs il était même tombé en disgrâce et soupçonné d’être de connivence avec les mêmes terroristes. Certains de ses adversaires s’étaient même passés maitre dans l’art de la séduction avec le gouvernement et les puissances étrangères propagandistes. Le temps a donc fini par lui donner raison malgré qu’il n’est plus au pays et n’a même pas pu participer au dialogue national inclusif. Certes, nul n’est indispensable et l’inclusivité du dialogue ne saurait être remise en cause mais il y a certaines personnalités qui, de leur vivant doivent forcement apporter de façon individuelle ou collective leur point de vue par rapport à la chose. Ne dit-on pas que « le temps est le second nom de Dieu ». Il est de toute évidence qu’il est la solution à tous les problèmes humains. Avec l’implication de tous les fils du pays dans ce processus du nouveau Mali, il sera peut-être l’homme de la situation qui conduira ce dialogue avec les terroristes.
Quelle stratégie pour y parvenir ?
Avec la défaite des terroristes et des autres groupes armés opposés à l’Etat malien, ces acteurs sentent près du triangle de Bermudes, c’est-à-dire, leur disparition totale et définitive du territoire malien. Cette défaite est due à la capacité de réponse de l’armée face à l’ennemi. Depuis le départ des forces étrangères, les terroristes n’ont plu la même : capacité de combattre et les mêmes moyens logistiques. C’est la preuve qui corrobore l’idée selon laquelle « cette guerre ce n’était pas faite par les groupes armés, les vrais acteurs des carnages sont ailleurs ». Il faut noter de passage que les groupes armés terroristes bénéficiaient en outre des informations précises sur les différentes positions de l’armée pendant que celle-ci se déplace dans certaines zones dangereuses. Ce qui facilitait aux terroristes de tendre les embuscades .Maintenant ils sont entrain d’être réduits au néant et en cendre sur l’ensemble du territoire national. Les plus réfléchis et rationnels sont en train de se rendre avec tous leurs équipements et donnent par la même occasion les informations nécessaires pour combattre les récalcitrants. Dans la foulé, ils reconnaissent leurs erreurs et demandent pardon pour leurs fautes. « Une faute avoué est à moitié pardonnée » enseigne une sagesse populaire. Pour certains, c’est la seule et unique solution pour se faire pardonner.
Cette recommandation est un acte de soulagement pour les terroristes en perte de vitesse et dans la plus grande impasse. Dans un langage religieux, « leurs invocations viennent d’être exaucées par le Tout Puissant qui a le pouvoir absolu et infaillible ». Il reste maintenant la stratégie pour repérer les taupes, pardon les représentants dissimulés parmi les responsables administratifs, les leaders communautaires, les religieux et les leaders de la jeunesse afin que ceux-ci puissent passer officiellement l’information et organiser leur rencontre. La stratégie va certainement révéler beaucoup de vérités cachées mais également tous les vrais traites dans cette affaire de terrorisme qui a détruit depuis plus d’une dizaine d’année le pays. Tous les crimes ne peuvent pas être pardonnés sinon, comme disait Thomas Sankara, « c’est une manière de laisser fuir les criminels ».
Si cette recommandation a été faite, c’est aussi la preuve que toutes pistes de solutions faites pour résoudre le problème du terrorisme étaient des fausses pistes. Le problème a été longtemps déplacé et ajourné. Maintenant que la situation change en faveur de l’Etat malien, on recommande plutôt un dialogue avec ceux-ci afin de trouver une solution consensuelle. Ce qui est sûr est que ce dialogue intéressera le monde entier en particulier les services de renseignements des grandes puissances. En plus, il verra la participation des Maliens qui seront curieux de voir les vrais visages des terroristes qui ont été à la base de ce mal dont souffre les millions de Maliens. Avec ce dialogue, le Mali sera alors le premier pays à tenter une telle expérience de par le monde.
Les paramètres à déterminer avant le dialogue avec les terroristes
L’idée est salutaire, mais l’enjeu de ce possible dialogue avec les groupes terroristes passe par des compromis. Autrement dit, il y a aura plus de deal que de véritables négociations. D’ailleurs, le premier enjeu de ce dialogue est la sélection des groupes terroristes avec lesquels il faut dialoguer. Entre la zone de trois frontières, le désert du Mali, la frontière avec l’Algérie et celui avec la Mauritanie sans oublier le corridor Niger-Lybie, il y a plusieurs groupes terroristes dont certains sont très radicaux. Ils sont des caïds qui ne se voient pas dans un accord ou un autre type de compromis. Leur seul bonheur réside dans leur liberté et le maintien de leur business sous couvert de la religion. Certes, ils ont eu les ailes ont été brisées au cours des dernières opérations militaires aéroportées, des chefs réputés imprenables ont été tués, mais le diable a des tentacules et des cellules dormantes bien endoctrinées capables de se révéler brutalement. A cet effet, un autre enjeu de ce dialogue, s’il y aura lieu, est de déterminer les différents groupes avec lesquels il faut négocier. L’autre enjeu du dialogue est : ou se tiendra-t-il ? quelles seront les garanties données aux terroristes pour abandonner tous ce qu’ils ont caché dans le désert pour venir s’asseoir dans des salles climatisées pour faire proposer ou accepter d’autres propositions ? Il est clair que des millions d’euro de rançons de terroristes sont enfoui quelque part dans le désert sans coordonnées GPS ni autres indications permettant de mettre les mains dessus. Ce pactole leur tient plus à cœur que leur propre vie.