Le diabète est une augmentation du taux de sucre dans le sang de façon permanente. Le diabète infantile qui survient chez les enfants et adolescents augmente chaque jour. Il devient un problème de santé publique au Mali.
“La définition du diabète reste invariable que ce soit chez l’enfant ou l’adulte. Toute personne qui a une glycémie, c’est à dire le taux de sucre dans le sang, qui atteint ou dépasse 1,26 grammes par litre (g/L) est considéré comme diabétique. Le diabète peut être dû à une sécrétion insuffisante d’insuline par le pancréas, c’est ce qu’on appelle le diabète de type1 (DT1) qui survient dans l’enfance ou à l’adolescence. Il peut aussi être lié à un manque d’action de l’insuline, c’est le diabète type2 qui survient généralement chez les adultes”, explique Dr. Amagara Togo, endocrinologue et diabétologue responsable de l’unité diabétologie pédiatrique à l’Hôpital du Mali.
Le diabète est une maladie chronique comme la drépanocytose et son traitement est à vie. Les symptômes sont provoqués par la forte concentration de sucre dans le sang : la personne urine beaucoup, c’est ce qu’on appelle la polyurie, et elle boit beaucoup, d’où la polydipsie. Le patient diabétique maigrit et souvent se sent fatigué à tout moment alors qu’elle n’a rien fait comme travail de force.
Les enfants qui ne faisaient pas pipi au lit vont le commencer, explique Dr. Togo. “C’est pour cela que nous appelons les parents à faire contrôler la glycémie de leurs enfants avant de dire qu’ils font exprès ou quand ils mangent beaucoup alors qu’ils maigrissent continuellement. Il y a aussi les infections. Par exemple les enfants qui font des furoncles, des furonculoses ou des petites filles qui ont souvent des infections génitales, tout ceci peut être un signe du diabète”.
Beaucoup se demandent comment un enfant peut avoir le diabète à un âge aussi jeune. Les causes du diabète de type 1 sont encore mal connues. Il est peut-être lié à des facteurs génétiques mais il n’est pas totalement héréditaire. Selon une étude menée par le pédiatre diabétologue français, Dr. Marc De Kerdanet, “9 fois sur 10, le diabète de type 1 (DT1) se déclare dans une famille qui n’était pas concernée par la maladie”. Sur 100 enfants diabétiques, seulement 15 % ont des parents diabétiques. C’est une maladie auto-immune, ce qui veut dire que les défenses immunitaires de l’organisme sont dirigées contre le pancréas.
Le diabète de l’enfant est inévitable parce que la cause n’est pas encore connue. Les injections d’insuline sont le seul traitement recommandé pour le DT1. Le Mali compte à peu près 1500 enfants diabétiques dont 1000 sont suivis à l’Hôpital du Mali et 500 repartis dans les régions, c’est un chiffre alarmant. Mais à l’heure où nous parlons il peut y avoir un enfant diabétique découvert dans les différentes régions ces chiffres concernent les trois derniers mois et sont mis à jour tous les 3 à 6 mois.
Il faut souligner que le traitement du diabète n’est pas curatif, mais basé sur quatre piliers qui consistent à éviter les mauvaises habitudes comme la consommation de sucres rapides.
La glycémie peut à nouveau être déséquilibré malgré le traitement si l’enfant consomme trop de sucre, qu’il soit blanc ou roux. Les sodas (Fanta, Coca…) mais aussi les jus de fruits contiennent des sucres rapides : environ sept morceaux de sucre dans même un flacon de 33 cl, ce qui peut déséquilibrer la glycémie du patient.
Pour mieux se maintenir, il est important de mener des activités physiques et d’éviter le stress. Un diabétique ne doit en aucun cas négliger son traitement surtout les enfants, car cela peut augmenter les risques de complications, notamment la survenue d’une acidocétose.
L’acidocétose – une acidification du sang – survient en cas de retard de diagnostic et de prise en charge. Elle se manifeste par des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, une respiration rapide. Il s’agit d’une urgence vitale pouvant conduire au coma, voire au décès. Et le spécialiste Dr. Amagara met en garde contre toute négligence : “Je sollicite davantage l’implication des agents de santé, infirmiers, médecins, pédiatres… pour contrôler la glycémie des enfants quand ils se présentent pour d’autres maladies. Ce bilan permet de détecter très rapidement le diabète et de sauver l’enfant. Au Mali, en cas de complication nous n’avons pas assez de moyen pour la stabiliser. Même dans les pays développés, l’acidocétose est l’une des complications les plus redoutables du diabète de l’enfant et de l’adolescent. Son taux de mortalité est jusqu’à 12 % même aux Etats-Unis, elle est très fréquente et c’est la pire des complications qui peut en entraîner d’autres. Le traitement du diabète de l’enfant et de l’adolescent jusqu’à 25 ans”.
La gratuité du traitement du diabète chez les enfants et adolescents est soutenue par l’ONG Santé Diabète en collaboration avec le gouvernement malien et le programme Life for a Child. Ces partenaires engagés pour la lutte contre le diabète aident les enfants diabétiques de 0-25 ans en leur offrant de l’insuline, le lecteur de glycémie, la bandelette et les seringues, offerts uniquement dans les sites du traitement du diabète comme l’Hôpital du Mali, l’hôpital de Kayes, le CS-Réf de Koulikoro, Sikasso, Koutiala, Mopti, Bougouni, Diré, Fana, Ségou.
L’objectif de ce don de matériel de consultation aux enfants est de réduire le taux de mortalité mais également les complications du diabète. Le diabétologue explique le processus de suivi des enfants pour plus de vigilance sur l’évolution de leur traitement. “Les enfants qui sont dans les régions, nous leur donnons rendez-vous tous les trois mois. Ceux qui sont dans les sites de prise en charge ou vivent à Bamako ont un rendez-vous une fois par mois. Le diabète du type 1 chez l’enfant est un traitement à vie pour le moment et c’est l’insuline le médicament approprié”, informe Dr. Amagara.
Le diabète transitoire est un diabète sucré qui apparait dès les six premières semaines de vie, et se guérit spontanément vers les 18 mois. Dr. Amagara assure qu’un enfant peut avoir le diabète même à la naissance, et il existe plusieurs types de diabète tel que le diabète néonatal transitoire.
“Le diabète néonatal peut disparaître. Cependant, l’enfant atteint du diabète dès le premier mois de naissance doit continuer avec l’insuline, ce qui n’est pas un frein pour le développement et l’éducation. Même si de fausses informations circules sur la dangerosité de l’insuline, je précise qu’il n’entraîne aucune complication du diabète ; donc elle obligatoire dans le traitement de l’enfant”, conclut-il.
Oumou Fofana
Mali Tribune