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DEVELOPPEMENT: Kayes, de nouveaux esclaves faute de route

L’installation de l’hivernage lève un coin de voile sur la triste réalité de la région de Kayes qui est redevenue une des contrées les plus enclavées du Mali. La route goudronnée a fini par se désintégrer sur l’essentiel du parcours en raison du manque de route et d’entretien. Pourtant, il existe au Mali tout un service exclusivement dédié à l’entretien routier, des droits de passage payés par les véhicules pour redonner vie aux routes.

 

L’ironie de l’histoire est que les péages sur la route de Kayes font partie des plus anciens postes du genre. Depuis plus de 10 ans, les usagers de cette route internationale déboursent de l’argent afin que leurs zones ne soient pas enclavées. Hélas, aucune trace de ces milliards n’est perceptible. On se demande quel est l’objectif des péages si l’argent prélevé sert à autre chose que l’entretien des routes.

Le pouvoir actuel n’est certes pas seul responsable, mais il doit répondre de l’état de dégradation avancé de la route de Kayes. Les Kayesiens qui ont voté massivement pour l’actuel chef d’Etat attendent toujours que leur route soit refaite. D’ailleurs, la route qui relie Bamako à Kayes sert aussi d’autres localités en dehors de la région dont les cercles de Kati, Kolokani et Nara dans la région de Koulikoro.

Les jeunes de ces localités avaient entamé un mouvement de protestation contre le manque d’entretien de la route peu après la résidentielle dernière. La ministre de l’Equipement a rapidement entrepris des travaux d’entretien pour calmer le mouvement. Depuis, les travaux connaissent diverses fortunes : tantôt arrêtés, tantôt au ralenti. Ce qui est une réalité, c’est qu’il est impossible de voyager tranquillement sur ladite voie.

Ce qu’on ne comprend pas est pourquoi l’Etat a fermé les yeux sur la détérioration progressive d’une des routes nourricières du pays. Les importations et les exportations du Mali vers la Mauritanie et le Sénégal assent par cette route. Cette même voie a permis au pays de survivre aux conséquences commerciales de la crise ivoirienne entre 2002 et 2010. L’économie de deux régions importantes du pays en dépend fortement.

C’est la région de Kayes qui est la plus touchée, le transport entre les principales villes et la capitale étant perturbée. La région qui a une forte diaspora en Europe et d’autres continents est surtout affectée à cause du fait que la route est la principale voie d’accès des villes et villages à Bamako où il y a le plus grand aéroport du pays. L’arrêt du train voyageurs et la paralysie de l’aviation civile font que la route de Kayes doit être une priorité.

Le paradoxe

Ce n’est un secret pour personne, la région de Kayes est celle qui regorge plus de mines d’or de tout le pays. Les sociétés minières font des milliards par jours et disent être des bons payeurs en matière d’impôts comme il se doit. Mais ironie du sort, il n’y a pas de route à Kayes… Les populations ne savent plus à quel saint se vouer au point que certains ont juste décidé de ne pas mettre pied à Kayes et vice versa. Ils sont devenus des nouveaux esclaves faute de route

 

Aujourd’hui, la colère gagne du terrain et une plateforme est en gestation  sur initiative des Kayesiens de Bamako pour inciter les Kayesiens aux refus de paiement des impôts. L’initiative ‘’pas de route pas d’impôt’’ risque d’inspirer beaucoup d’autres localités du pays…

Source : La sirène

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