Des centaines de personnes ont, à l’appel du regroupement des associations du pays dogon, marché le vendredi dernier, de la Bourse du travail au monument de l’indépendance pour dénoncer les tueries au pays Dogon, le « bombardement » des camps de Danna Ambassagou et appeler les autorités à leur responsabilité. C’était en présence du président de Ginna Dogon, Mamadou Togo.
Après Koro et Bandiagara, ce sont des jeunes de la communauté dogon de Bamako qui sont venus de tous les coins de la capitale malienne pour dénoncer la détérioration de la situation sécuritaire dans leur localité. Les marcheurs de Bamako ont les mêmes propos que ceux de Bandiagara et Koro. Ils dénoncent les multiples attaques contre la communauté dogon, le bombardement des camps de Danna Ambassagou, et le mutisme des autorités sur cette question. On pouvait lire sur les pancartes des marcheurs, « La stabilité passe par la sécurité du pays dogon » ; « Danna Ambassagou, notre sécurité » ; « Nous voulons un premier ministre neutre » ; « Laissez-nous vivre dignement » …
Les manifestants trouvent que le gouvernement ne joue pas son rôle et laisse les populations civiles à la merci des forces du mal. Pour ces jeunes mécontents, l’État désarme « arbitrairement » la milice Danna Ambassagou pendant que les forces opèrent librement dans le pays dogon.
« Nous dénonçons les bombardements des camps de Danna Ambassagou par les Famas payées par nos impôts. Nous demandons à l’État d’être impartial et d’arrêter la stigmatisation », a déclaré Mamoudou Ziguimé, un des marcheurs.
Le président de l’association Ginna Dogon n’est pas content de ce qui se passe au pays dogon. Il dénonce le mutisme de l’armée malienne et des forces étrangères face aux tueries des populations civiles. « Nous ne pouvons pas comprendre que ceux qui sont censés sécuriser les populations n’interviennent qu’après les attaques », a-t-il laissé entendre. Avant de terminer, Mamadou Togo a invité tout le monde à désarmer les cœurs et à se donner la main pour lutter contre l’ennemi commun, le terrorisme.
Dans sa déclaration liminaire le porte du regroupement des associations du pays dogon, Hamidou Djimdé, après avoir rappelé les circonstances de la création du groupe d’autodéfense Danna Ambassagou, a déclaré son soutien à ce mouvement. « Du haut de cette tribune, nous réaffirmons notre soutien moral et sans faille à nos frères de Danna Ambassagou qui ne sont pas des terroristes comme sont en train de le faire croire », a-t-il laissé entendre. Aussi, le président du mouvement Baguine Sô a dénoncé l’attitude des Famas à l’encontre des éléments de Danna Ambassagou. Il a clairement dit qu’ils « n’accepteront » plus que les Famas bombardent les camps de Danna Ambassagou. Selon les jeunes marcheurs, le désarmement ne doit pas être que du côté des chasseurs de Danna Ambassagou ; il doit être des deux côtés. « Nous n’accepterons plus le désarmement arbitraire de nos Danas (chasseurs) », a entonné Hamidou Djimdé.
Comme doléances, les manifestants, selon la déclaration, réclament le départ du premier ministre ; la démission de Babaly comme conseiller spécial du premier ministre ; et la nomination des personnes neutres.
Il faut rappeler que ces manifestations interviennent après le bombardement du camp de Danna Ambassagou dans le village de Bandiougou, cercle de Bandiagara. Ce bombardement est reproché à l’armée malienne.
Boureima Guindo
Source: lepays