La lutte contre la corruption et la délinquance financière semble être sur une bonne voie. La justice malienne, dormante depuis de longues années, vient de se réveiller de son sommeil profond. Elle se réveille avec force et des dents bien aiguisées contre les pilleurs de la République.
Elle promet de n’épargner aucune personne impliquée dans des faits de corruption ou de complicité de corruption. Quelle bonne assurance ! La tâche est dure et rude, l’ambition audacieuse, le chemin long. Mais l’union de tous permettra-t-elle à notre justice d’accomplir des prouesses ? Les dossiers de corruptions seront-ils traités en toute justice, sans la moindre complaisance ou faveur ? Le pouvoir politique est-il enfin prêt à laisser les nouvelles autorités travailler les mains libres, même lorsque leurs proches seront impliqués dans les sales dossiers de corruption ? Mamoudou Kassogué aura-t-il les moyens de sa politique ? Il est prévisible que le camp adverse, les gros corrupteurs du pays, également soutiens financiers des partis politiques, ne se laissera pas intimider. Dans les coulisses, ils vont entamer des manœuvres pour saper les efforts du procureur. C’est un véritable combat d’éléphants qui est annoncé. Aura-t-il vraiment lieu dans l’arène de la justice malienne ?
Contrairement à beaucoup d’autres enquêtes, celle concernant « les ristournes de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton » dont l’ouverture a été annoncée par le Procureur de la République près le tribunal de la commune III du district de Bamako, en charge du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué, lors de son premier point de presse, a connu une évolution.
Le jeudi dernier, le richissime et président du conseil d’administration de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton, Bakary Togola, a été interpellé et placé en garde à vue. Le lendemain, vendredi, il a été mis sous mandat de dépôt après avoir été interrogé par un juge d’instruction. Bakary n’est pas le seul dans cette affaire de présomption de détournement de 9 milliards 462 millions 152 mille 71 francs CFA, il y a bien d’autres suspects. Le procureur en charge du Pôle économique et financier en question, Mamoudou Kassogué, en se prononçant sur le dossier, a exprimé sa volonté d’aller jusqu’au bout. Voilà une assurance que les Maliens, déçus pour la plupart de sa justice du fait de la corruption, veulent entendre. Beaucoup de citoyens commencent à avoir espoir en la justice malienne et en la réussite du combat contre la corruption, avec ces assurances et cet engagement du procureur du Pôle économique et financier. Les promesses du procureur sont rassurantes et porteuses d’espoir. Quoi qu’on dise, avec cette affaire dite Bakary Togola, la justice malienne a fait un grand pas dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière. L’espoir est, de notre point de vue, permis, car le procureur de la République en charge du Pôle économique et financier, en plus de ce dossier, s’est engagé à rendre justice dans d’éventuels cas de corruption dont il aura la connaissance. Aussi, est-il important de noter que cette interpellation de Bakary Togola est un message fort aux grands voleurs de la République.
Ce qui est sûr, Malick Coulibaly, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, connu pour son exemplarité, est favorable à ce combat contre la corruption. Le procureur du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué ne blague pas. Avec ce duo, l’espoir est permis.
L’heure de la victoire de la lutte contre la corruption a sonné : la justice qui est accusée d’un mutisme vient de prouver son engagement. Les fossoyeurs de l’économie de notre pays seront poursuivis et condamnés pour leurs actes ignobles qui fragilisent l’État en détruisant une partie de l’économie. Combien de milliards, qui pourraient servir à construire la route de Kayes, des écoles, des centres de santé, l’Etat perd-il chaque année du fait de la corruption ? Sans compter les effets néfastes sur la population. Il est de notoriété publique qu’aucun marché ne peut s’obtenir en dehors de pots-de-vin, des documents administratifs sont échangés contre de l’argent. Même au niveau des structures sanitaires, une corruption endémique s’y est installée. Il était temps vraiment qu’une autorité publique apporte des solutions à cette peste moderne de l’économie qui est la corruption. Cependant, cette autorité ne peut, seule, malgré sa bonne volonté, mener le combat contre les vampires de l’économie qui sucent allègrement le sang de la nation. Le peuple doit l’aider dans ce travail. Le peuple doit comprendre que quand on veut une société juste, sans corruption, on doit laisser la justice faire son travail. Le citoyen doit se dresser rigoureusement contre la corruption, en dénonçant de telles pratiques. Sans corrompus, pas de corrupteurs.
Des avancées seront certainement au rendez-vous dans d’autres affaires similaires, dans les jours à venir, mais en attendant, les autorités doivent bien contrôler les frontières pour ne pas que certains gros voleurs, potentiels locataires des cellules de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, n’échappent au procureur Kassogué et à ses éléments, tous décidés à mettre le doigt dans la plaie de la corruption.
Boureima Guindo
Source: lepays