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Désolation au Nord-Mali : L’heure est à la nostalgie de l’occupation djihadiste

Ce n’est un secret pour personne que les réalités quotidiennes dans l’Extrême Nord de notre pays diffèrent largement de celles du Sud quand bien même l’insécurité semble être aujourd’hui le point commun de l’ensemble du territoire malien.

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L’espoir né au lendemain du déploiement de l’opération Serval chez les populations meurtries par l’occupation djihadiste est en train de se transformer en désolation par ces temps de ni guerre ni paix. Aucun des deux objectifs assignés à Serval, à savoir « arrêter la progression des groupes terroristes» et «aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté», n’ayant été atteint, les populations du Nord-Mali se démarquent de plus en plus de la collaboration avec les forces françaises. Du coup, c’est la nostalgie de l’occupation djihadiste qui domine les esprits marqués en 2011-2012 par une gouvernance pas toujours négative.

Selon la perception actuelle des Habitants du Nord-Mali, la présence des forces internationales a multiplié les tensions. D’abord, les méthodes d’arrestations de l’opération Barkhane pose problème : les suspects sont directement transférés à Gao ou à Bamako sans communication avec leurs familles. «On ne sait pas où Barkhane a envoyé nos gens, c’est comme si ce sont des bandits qui vous prennent», déclare un Nordiste. Ensuite, leur arrivée a coïncidé avec l’ «ethnicisassion» des groupes armés (rébellions ou milices pro-étatiques).
En particulier, les opportunités financières et politiques qu’apportent les forces internationales via le processus de paix sont autant de raisons de créer un mouvement communautaire armé pour entrer dans le jeu de la redistribution. Selon un Habitant de Kidal, cité par Libération.fr, «Ils essaient, à travers les tribus, d’avoir une part du gâteau et ils ont raison parce que tout le monde travaille encore dans cette logique, pour pouvoir avoir quelques officiers dans l’armée, quelques maires, quelques trucs, c’est pour avoir un poids». De plus, dans un contexte de grande insécurité, le repli communautaire devient un moyen d’assurer sa survie au sein d’un réseau de solidarité familial où la trahison est rare. «Maintenant, chacun se prend en charge (chaque communauté), tous ces autres mouvements sont créés pour se protéger les uns des autres, pour avoir une entité qui te protège. Le Mali est un Etat où tu dois assurer ta propre survie, ta propre sécurité, ta propre aspirine».
Face au chaos sécuritaire, la nostalgie de l’occupation islamiste fait surface chez certains. «Il n’y avait aucun problème de sécurité, quand l’Etat est revenu, le choc a été flagrant», commente un Médecin qui exerçait à Tombouctou en 2012. Il est cité par Libération.fr. En effet, la gouvernance islamiste a marqué les esprits et pas toujours de façon négative. Eau et électricité y étaient devenues gratuites, distributions alimentaires hebdomadaires, gratuité des soins à l’hôpital et des médicaments, financement des mariages religieux et suppression des taxes et des impôts. Selon le journal français, un Agriculteur de Tombouctou témoigne du système de transport mis en place par AQMI, qui lui permettait de se rendre dans ses champs à moindre coût. Après s’être plainte de la condition de la femme sous l’occupation islamiste, une jeune fille d’Aguelhok affirme que, malgré tout, «les Islamistes ont fait plus de choses pour les populations que le Mali». Un ex-combattant du MNLA résume: «Socialement, ils aident les gens ; mais, le problème, c’est qu’ils t’obligent à faire des choses que tu ne veux pas faire».
Porteurs d’un projet de contre-Etat, les islamistes sont à peu près les seuls à proposer, à travers le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, une idéologie qui dépasse les clivages intercommunautaires avec à sa tête un Touareg, un Arabe et un Peulh. En zone rurale, ils constituent la seule force financière et sécuritaire crédible. D’une part, grâce à leurs activités liées au narcotrafic ou au terrorisme, ils bénéficient de revenus considérables. Un jeune Touareg du Nord l’explique en ces mots : «Si tu poses une mine, ils te donnent 100.000 francs CFA, si elle cause des dégâts, tu gagnes 400.000 francs CFA, c’est un moyen de financer un mariage».
D’autre part, en contrepartie d’un travail de renseignements, ils donnent des armes, des téléphones et des voitures aux petites communautés rurales. Enfin, ils solidifient leur base sociale en assurant les besoins primaires de la population dans des zones qui n’ont jamais eu accès aux services publics élémentaires (écoles, centres de santé, eau, électricité). Quoi de cher pour s’acheter la conscience des démunis du sable mouvant de Kidal par exemple ?  L’Etat malien et ses partenaires se doivent, donc, de revoir leur copie, histoire de faire bouger les lignes au niveau de la mise en œuvre de l’Accord de Paix. Ceci, afin que le Mali demeure un et indivisible tel qu’on l’a toujours clamé sous les tropiques.
Katito WADADA

 

Source: LE COMBAT

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