Au moins 23 personnes ont été interpellées selon la police. D’après la chaîne d’informations eNCA, un homme aurait été tué jeudi.
La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc, vendredi, contre des manifestants qui protestent contre la corruption et le manque de services publics dans la province du Nord-Ouest. Le président Cyril Ramaphosa est arrivé sur les lieux après avoir quitté précipitamment un sommet du Commonwealth à Londres.
Depuis plusieurs jours, la ville de Mahikeng, chef-lieu du Nord-Ouest, est le théâtre de pillages et incendies. Au moins 23 personnes ont été interpellées, selon la police. Une personne a été tuée jeudi, selon la chaîne d’informations eNCA, mais la police n’a pas confirmé cette information.
Un «appel au retour au calme»
Pour tenter de dénouer la crise, Cyril Ramaphosa s’est rendu sur place, où il a notamment appelé au calme, après plus de six heures d’entretiens avec la direction locale du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).
«Nous lançons un appel au retour au calme, pendant que nous nous employons à résoudre cette question», a-t-il déclaré à la télévision, lors d’une allocution au cours de laquelle il a souligné qu’il avait compris que les manifestants exigeaient la démission du Premier ministre régional, membre de l’ANC, ainsi que des mesures contre la corruption et pour une bonne gouvernance.
Écoles fermées
Il s’agit de l’un des premiers défis de taille auxquels est confronté le nouveau président Ramaphosa, au pouvoir depuis février. « Le fait qu’il a écourté son voyage montre la gravité du problème », a estimé vendredi le porte-parole de l’ANC, Pule Mabe.
Vendredi, les écoles, magasins et services publics de Mahikeng sont restés fermés. De la fumée noire s’échappait toujours d’un township, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Beaucoup de magasins ont été pillés, des boutiques appartenant à des étrangers ont été saccagées dans notre quartier. Malheureusement il n’y avait pas assez de policiers » pour empêcher ces débordements, a témoigné un pasteur de 43 ans, Leveticus Molosankwe, père de deux enfants.
Des émeutes quotidiennes
Les manifestations ont éclaté cette semaine après la mort de deux personnes qui s’étaient vu refuser des soins dans une clinique à cause d’une grève. Les habitants en colère protestent contre le manque de services publics et exigent la démission du Premier ministre de la province, Supra Mahumapelo, qu’ils accusent de corruption.
Les brusques flambées de violence urbaine, désignées sous le nom d’« émeutes pour l’amélioration des services publics », sont quotidiennes ou presque en Afrique du Sud. Mais le déplacement d’un président pour ce genre d’incidents reste exceptionnel.
Ces manifestations soulignent les faillites de la « nation arc-en-ciel », vingt-quatre ans après l’avènement de la démocratie et l’élection du premier président sud-africain noir Nelson Mandela. Dans de nombreux quartiers du pays, l’accès à l’eau et l’électricité restent rares, les logements précaires et les ordures s’entassent.