« Système politique au Mali : la démocratie a-t-elle vraiment échoué ? », tel était le thème d’un colloque organisé à l’Hôtel Massaley de Bamako, les 15 et 16 décembre 2023, par le Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali (CERM), en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. La rencontre était présidée par le président du CERM, M. Sékou Diarra, en présence du représentant de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, Christian Klatt.
Sous la modération du Dr. Fousseini Doumbia, enseignant en droit public et en science politique à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, la conférence était co-animée par plusieurs experts dont l’ancien premier ministre, Moussa Mara, Dr. Hamidou Magassa, Dr. Etienne Fakaba Sissoko, Dr. Mariame Sidibé, M. Cheick Oumar Doumbia, Me Abdramane Ben Mamata Touré, M. Koniba Sidibé. Deux jours durant, les participants ont posé le débat sur le système au Mali, les enjeux et les défis de la démocratie. Selon Pr. Fousseini Doumbia, enseignant en droit public et en science politique à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, il était particulièrement important de réunir l’ensemble des acteurs du processus démocratique malien, à savoir les partis politiques, les Organisations de la société civile et les structures institutionnelles qui contribuent tous, en leurs manières, à la construction de cette démocratie. Donc, a-t-il expliqué, il était nécessaire de se retrouver pour faire un diagnostic. « Alors, je pense que le diagnostic a été de taille parce que quand on parle de la démocratie, cela concerne tous les secteurs d’interventions de l’Etat. Il n’a pas que de l’action, il n’a pas que du multipartisme, mais il y a aussi les questions de gouvernance qui rentrent en ligne de compte. Aujourd’hui, le véritable défi que notre système démocratique pose est de basculer d’une démocratie électorale à une démocratie purement gouvernante qui s’étend à tous les secteurs d’interventions de l’Etat, à savoir la maîtrise de la corruption, l’impunité, la stabilité politique, le respect de l’Etat de droit, la qualité de la règlementation, la sécurité des personnes et de leurs biens, autrement dit, tous les éléments qui réunissent la bonne gouvernance. La bonne gouvernance est un critère essentiel dans le cadre d’évaluation de la démocratie. Nous avons connu des coups d’Etat dus à la mauvaise gouvernance. Autant dire que le système de gouvernance doit être fortement pris en compte pour la grande satisfaction de la population. Quand l’intérêt supérieur de la nation n’est pas préservé, quand l’intérêt général de la population n’est pas préservé, il faut toujours s’attendre à des révoltes, à la demande de certains qui perturbent fortement le processus démocratique malien qui a été une démocratie d’instabilité », a-t-il indiqué. Pour lui, depuis la restauration de la démocratie en 1991, il y a des coups d’Etat. « Je prends l’exemple sur la période du renouveau démocratique. La constitution de 1992 a survécu à trois coups d’Etat : contre ATT, IBK et Bah Dao. Donc, il faut que l’on se remette en cause pour que la responsabilité soit située afin de travailler dans le sens de la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix dans notre pays. Au sortir de ce colloque, nous apprenons que la démocratie n’a pas échoué, mais elle connaît des hauts et des bas. Elle est confrontée à d’énormes difficultés, mais avec la volonté de l’ensemble des acteurs du processus démocratique, elle va se rétablir parce que la démocratie est une construction perpétuelle. C’est une œuvre jamais achevée. D’une manière ou d’une autre, il faut toujours s’attendre à des failles, mais le plus important est de se remettre en cause pour aller de l’avant», a-t-il conclu.
Moussa Dagnoko
Source : Le Républicain