Des membres du Conseil d’administration de la Caisse d’assurance maladie obligatoire (CANAM) effectuent une mission d’évaluation de la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) dans la capitale du rail. La mission consiste à s’imprégner des difficultés du système et au terme proposer des pistes de solutions à celles identifiées. La finalité de la mission est d’éviter un autre problème après la récente grève des promoteurs d’officines privées.
Après les étapes de Ségou, Sikasso, la même mission a entamé, ce mardi 25 février, une visite de travail dans la région de Kayes. Elle est conduite par Mme Seynabou TOURE, 1re vice-présidente du CA accompagnée de plusieurs membres du Conseil d’administration de la CANAM, dont Ousmane H MAIGA. Y étaient également associés des représentants de la Caisse malienne de la sécurité sociale (CMSS) et de l’Institut national de la prévoyance sociale INPS. Ces structures sont les organismes délégués de l’AMO. Des responsables des services techniques de la CANAM ont aussi accompagné la mission.
La visite de terrain, dont l’objectif est de s’enquérir des problèmes auxquels l’AMO est confrontée dans sa mise en œuvre, ce mardi matin, à l’hôpital Fousseiny Dao de Kayes, a été accueillie par le directeur général, le Dr Toumani Konaré.
Au cours de cette entrevue, la cheffe de la délégation a expliqué que la mission était une exigence du Conseil d’administration d’effectuer des descentes de terrain afin de s’enquérir de l’état de la mise en œuvre de l’AMO dans les régions.
« Nous sommes venus voir ce qui se passe sur le terrain dans la gestion de l’AMO. Nous sommes venus échanger avec vous pour connaître les problèmes et en contrepartie proposer des pistes de solution à la direction de la CANAM », a-t-elle rappelé. La finalité de cette démarche est d’éviter la récente grève des pharmacies conventionnelles de l’AMO. « Plus jamais ce qui vient de passer », a déclaré Mme Seynabou TOURE.
Après les salamalecks, les acteurs ont eu une séance de travail. Les échanges étaient souvent houleux.
Pour Joël KAMATE, responsable de la pharmacie hospitalière, les services AMO souffrent de la lenteur, la prise en charge des cas d’urgence.
« On doit alléger le système pour les patients. Les garde-fous sont bien, mais ils ne doivent pas être un frein. Ca ne motive pas », a proposé M. KAMATE. L’occasion était également pour lui de rappeler à la mission qu’ils ont des factures impayées au niveau de la CMSS, depuis plus de deux ans. Elles s’élèvent à 20 millions de FCFA, précise-t-il. Malgré les différentes lettres de réclamation, aucune suite favorable.
« Cette situation a impacté sur la disponibilité des produits. Or, la priorité pour toute pharmacie est d’assurer la disponibilité des médicaments. Nous souhaitons que le conseil d’administration de la CANAM s’y implique afin que nous pussions rentrer en possession dudit montant », a indiqué M. KAMATE.
Par ailleurs, lui et le chef comptable de l’hôpital avouent qu’il y a une très nette amélioration du paiement des factures.
À sa suite, le Dr Sidi Mohamed TOURE s’est plaint des nombreux circuits pour les patients.
« Ce n’est pas normal qu’un patient fasse des vas et vient entre les guichets pour renseigner les documents administratifs liés à la prestation des services de l’AMO. Il en juge trop et souhaite que les circuits soient fortement réduits.
De son côté, le Directeur général de l’hôpital résume : la CANAM et ses partenaires doivent trouver une solution pour faire en sorte que le système soit allégé et gagne en efficace. Leur souhait est de rendre simples les démarches, mais sécurisées.
En réponse à ces préoccupations, N’Tji DIARRA, le directeur régional de la CANAM de Kayes, a indiqué qu’il ne faut pas alléger juste parce qu’il faut alléger. En effet, il a rappelé que le système a été mis en place pour minimiser les cas de fraude, qui, de plus en plus, risquent de paralyser les services. Pour lui, les mesures contraignantes ont été instaurées consécutives à des abus constatés lors des prestations AMO.
« Si on ne sécurise pas AMO, ça va être très difficile. C’est une chose publique dont il faut prendre soin », a souligné M. DIARRA.
En renfort, Ousmane H. MAIGA, membre du Conseil d’administration, a ajouté : « Il y a déjà beaucoup de fraudes. Nous n’allons pas accepter certaines dispositions. Nous n’allons pas accepter des légèretés ».
En répondant à des problématiques soulevées, le directeur général de la CANAM a indiqué que certaines d’entre elles seront résolues avec l’introduction des cartes biométriques pour les assurés et leurs ayant droits. Elle a l’avantage de diminuer le circuit pour les patients, mais va contribuer énormément à baisser les nombreux cas de fraude.
Aussi, il a fait savoir que des problèmes de la région seront désormais gérés par lui et ses services.
« Vous n’avez plus besoin d’appeler à Bamako. La direction régionale est à votre disposition en cas de difficultés et de besoin. Tout cela rentre dans l’option de rendre les services plus efficaces », a soutenu N’Tji DIARRA.
Quant à l’affaire des 20 millions de factures impayées de l’hôpital, Seynabou TOURE a rassuré que le Conseil d’administration allait saisir qui de droit afin que cette situation soit définitivement réglée. S’agissant des problèmes d’attribution du code des prescripteurs très lente, elle a instruit au directeur général de la CANAM de diligenter cette affaire.
Après la mission s’est rendue à la pharmacie Cherifla. Le promoteur de cette officine a salué et félicité l’initiative de la visite. Au-delà des difficultés liées à l’actualisation de la liste des médicaments, il dit être confronté à la lenteur des paiements de factures. Également, on n’arrive à faire la traçabilité de nos factures payées.
« On peut avoir quatre factures impayées. Un jour, on peut décider de nous payer une partie. Mais, on ne précise pas le montant correspond à quelle facture. Il serait bon qu’on situe correctement la nature de l’argent versé dans nos comptes », a souhaité le promoteur de la pharmacie Cherifla.
Par Sikou BAH
Info-Matin