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Depuis Dakar, IBK s’adresse aux djihadistes: « nous n’aurons pas peur »

Présent dans la capitale sénégalaise où il prend part au Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, le Président de la république, Ibrahim Boubacar KEITA, s’est adressé aux djihadistes qui tentent, par tous les moyens, de déstabiliser notre pays. « Nous ne sommes pas des barbares. Nous ne sommes pas des gens à islamiser. Nous n’aurons pas peur”, a-t-il lancé non sans promettre de tout faire pour doter le Mali des moyens nécessaires à la lutte contre le fléau du terrorisme.

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La quatrième édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique s’est ouverte, hier lundi 13 novembre, à Dakar au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio sur le thème : « Défis sécuritaires actuels en Afrique : pour des solutions intégrées ». Durant deux jours (les 13 et 14 novembre), les participants venus de tous les horizons vont échanger et proposer des réponses adaptées aux défis auxquels le continent doit faire face, dans un contexte actuel marqué par la menace terroriste, le djihadisme et l’extrémisme violent.

Trois foyers du terrorisme
La question est d’autant plus urgente que la quatrième édition de ce forum d’experts et décideurs de la sécurité africaine s’ouvre dans un lourd contexte de conflits.
L’Afrique connaît actuellement trois foyers du terrorisme : Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, l’Aqmi au Sahara et au Sahel et les milices shebabs en Somalie. En 2017, pas moins de seize groupes identifiés comme étant liés au terrorisme par le biais d’activités diverses tels que les trafics illicites, les réseaux criminels, ou encore la piraterie sont actifs sur le continent africain. La plupart de ces groupes sévissent au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans la Corne de l’Afrique.
Face à ces multiples défis, les États, pris individuellement, ont apporté très peu de réponses adéquates. D’où, la volonté des organisateurs du forum d’ouvrir les échanges à une recherche de solutions collectives, impliquant les États, la sous-région ou encore l’organisation panafricaine, de l’Union africaine.
Durant deux jours, quelque 700 participants, chercheurs, experts, militaires, dirigeants économiques et politiques vont donc participer à ce challenge en présence des représentants de la France et des États-Unis, deux puissances en pointe, qui ont noué des partenariats avec plusieurs pays africains touchés par le terrorisme.
Plusieurs personnalités dont les présidents de la république du Mali, Ibrahima Boubacar Keita et du Rwanda, Paul Kagamé ; Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine ; le Premier ministre tchadien, Albert Pahimi Padaké, et Florence Parli, ministre français des Armées, prennent part à cette rencontre, aux côtés du président sénégalais, Macky Sall.
Selon Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine, le forum de Dakar est devenu «un rendez-vous majeur de la réflexion stratégique en Afrique» et offre une occasion d’échanges fructueux sur les opportunités offertes par la recherche et les expériences du terrain.
«Contre les nouvelles menaces, une nouvelle vision se fait progressivement jour entre l’ONU et l’UA. Ces nouvelles menaces exigent de nos États une coopération sécuritaire et l’échange des renseignements», a dit le président de la commission de l’UA.
Pour Florence Parli, ministre français des Armées, le forum est devenu un événement attendu, espéré et aux échanges riches avec des conclusions intéressantes. Il cherche ensemble des solutions à la sécurité de l’Afrique. Ce forum, de par son ouverture, laisse l’Afrique parler à elle-même et trouver ses propres solutions à ses problèmes.
L’engagement de la France pour ce forum est intact. ‘’La France n’abandonnera pas ses partenaires africains», a assuré Mme Parli.

Un frein au développement
Le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEÏTA, a fait un bref aperçu sur la situation sécuritaire actuelle qui freine le développement des régions du nord de notre pays, notamment les récentes attaques dans la zone de Soumpi à Niafunké qui avaient engendré la mise à feu totale par les criminels djihadistes des équipements (21 camions neufs) devant servir au désenclavement de la région de Tombouctou. IBK a également rappelé et salué les raisons pour lesquelles un Djihadiste malien répond en ce moment devant la CPI de ses faits à Tombouctou pour avoir détruit, à un moment, des monuments historiques du Mali et du patrimoine universel de l’UNESCO.
Dans un discours passé à l’applaudimètre, Ibrahim Boubacar Keïta a tourné en dérision les djihadistes qui, à son avis, tentent par tous les moyens de déstabiliser notre pays.
“Nous ne sommes pas des barbares. Nous ne sommes pas des gens à islamiser”, a lancé IBK aux mouvements djihadistes qui sévissent au Mali et dans le Sahel. Les qualifiant de “huns”, le président prévient ces derniers quant à la capacité de résilience de notre pays. “Il ne faut pas céder à la peur. Nous n’aurons pas peur”, a-t-il lancé non sans promettre de tout faire pour doter le Mali des moyens nécessaires à la lutte contre le terrorisme.
Après l’ouverture officielle, le chef de l’État a également co-présidé le panel de haut niveau des Chefs d’État et de Gouvernement qui est l’activité phare de la présente édition. L’Afrique fait face en ce moment aux menaces, à la combinaison et à la multiplication de conflits armés, crises humanitaires, extrémisme violent et criminalité transfrontalière.
‘’ Ils veulent nous empêcher de vivre, ils veulent nous empêcher d’avancer, mais nous avancerons’’ a déclaré le Président IBK qui, en sa qualité de Président en exercice du G5-Sahel, est revenu sur le sens de son plaidoyer partout où il était nécessaire de le faire pour solliciter la solidarité des uns et des autres en faveur de la cause de l’humanité au-delà du Mali et du Sahel. IBK a solennellement salué le Président français, Emmanuel MACRON, pour sa conviction et sa détermination constantes à soutenir le G5-SAHEL. Par rapport au processus de paix en cours dans notre pays, IBK a salué les efforts de l’Algérie dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger. Il a cité en indicateurs de références, la création des nouvelles régions de Ménaka et de Taoudénit ; la réouverture progressive des écoles dans les différentes localités, la mise en place des autorités intérimaires, le démarrage progressif du MOC.
‘’ Le Mali ne sera jamais divisé in challah, il n’y a aucune alternative à la paix, il n’y a plus de belligérance entre les groupes armés et l’armée malienne, c’est important à souligner ‘’ insistera le Chef de l’État.

Les quatre défis sécuritaires Le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a listé lundi à Diamniadio, quatre défis sécuritaires que l’Afrique doit relever pour sa paix et sa sécurité :
« Le premier défi est l’échange des renseignements par où tout commence. Le renseignement est l’affaire des professionnels qui requiert rigueur et discrétion », a déclaré Macky Sall à l’ouverture du 4e Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
L’autre défi, selon Macky Sall, est l’intégration des risques liés aux États faillis qui sont la proie à tous les réseaux mafieux par l’absence de l’autorité de l’État.
« Le troisième défi porte sur la poursuite sans relâche de l’éducation, de la formation et de l’emploi contre la radicalisation des jeunes. C’est un défi sécuritaire de premier ordre. Le dernier défi est le développement dans l’équité et la justice sociale qui est la condition sine qua non pour la sécurité et la paix du continent », a dit Macky Sall.
Poursuivant, le président sénégalais a invité à repenser la doctrine de maintien de la paix de l’ONU, soulignant que le mode classique de maintien de la paix n’est plus adapté. À son avis, il faut donc plus des missions de rétablissement de la paix qu’on ne peut pas maintenir là où elle n’existe pas.
« Chaque pays a une histoire, une expérience et une spécificité qu’il faut tenir en compte dans ces missions onusiennes. Il faut donc se garder des solutions toutes faites », a indiqué le président Sall.
À l’origine de ce forum, créé à Paris en 2013, les Chefs d’État africains et français avaient décidé d’approfondir la réflexion dans un cadre informel et avaient ainsi pris des engagements et formuler des recommandations.
Et le rendez-vous annuel à Dakar a pour vocation de contribuer au renforcement de la Paix et de la Sécurité en Afrique.
Organisé par l’État sénégalais, en collaboration avec le ministère français de la Défense, cette rencontre informelle réunit depuis quatre ans des diplomates, des militaires, mais aussi des chercheurs, des universitaires et des experts, qui réfléchissent ensemble et à haute voix sur les enjeux sécuritaires africains.
La première édition du forum s’est tenue en décembre 2014 à Dakar sous le Haut Patronage du Président sénégalais, Macky Sall, qui a décidé avec enthousiasme d’accueillir ce rendez-vous désormais incontournable.
Les trois premières éditions ont connu un succès international significatif et ont rassemblé quelque 500 participants de haut niveau venus du monde entier. De nombreux échanges fructueux ont contribué à mieux cerner les nouveaux enjeux sécuritaires et stratégiques auxquels fait face le continent. Ils ont permis de faire émerger de nouvelles approches dans les politiques de défense, de sécurité et de développement et de renforcer les partenariats africains avec les instances internationales.

Par Mohamed D. DIAWARA

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