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Démolition de constructions dans la zone aéroportuaire : Les victimes crient leur détresse, le gouvernement continue !

Sur instruction de Bah N’Daw, président de la Transition, des centaines de maisons situées dans la zone aéroportuaire ont été démolies le 14 janvier dernier. Cette zone couvrirait une superficie de 1 660 (mille six cent soixante) hectares, soit plus de 3 000 parcelles attribuées illégalement par des maires, des préfets et des sous-préfets, souvent mêmes des gouverneurs, en violation des dispositions réglementaires. Pour en savoir davantage sur cette affaire, nous avons interrogé un responsable du ministère des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’habitat et des déguerpis.

Des centaines des maisons ont été démolies dans la zone aéroportuaire par les autorités de la Transition. Le but de cette opération est d’éviter le retrait de la licence au Mali par les autorités de l’aviation civile internationale. Deux semaines après la démolition du secteur dit “zone prioritaire”, les déguerpis sont dans une grande détresse. Au même moment, le gouvernement décide de continuer l’opération. La question que nous posons est de savoir si la démolition de ces maisons est faite conformément à la loi ?

Pour répondre à cela, nous avons interrogé Modibo Poudiougou, conseiller technique au ministère des Affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat. Selon lui, depuis plus d’une dizaine d’années, l’État du Mali fait face à un incivisme criard et profond du fait de certains élus municipaux, d’agents de l’État et de certains citoyens. “En effet, le domaine public de l’État est morcelé allègrement par des maires, des préfets et des sous-préfets, souvent même des gouverneurs, en violation des dispositions réglementaires. Les bénéficiaires de ces parcelles sont donc des occupants illicites”, a-t-il expliqué.  Il a également précisé que ce n’est pas la première fois que les autorités démolissent cette zone dite aéroportuaire. “Aujourd’hui, le domaine aéroportuaire classé suivant le Décret N°99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7 194 hectares fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites. En 1995, l’État a fait une démolition dans la zone et les occupants d’alors ont tous été indemnisés”, avant d’ajouter que les occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’Aéroport international Président Modibo Kéïta est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale.

Le dernier rapport de l’Inspection des Domaines et des Affaires foncières a mis en exergue l’ampleur et le caractère irrégulier des occupants. “C’est ainsi que le président de la Transition a réagi, par une lettre confidentielle N°073/PRM du 12 octobre 2020, en instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites. L’opération qui commence par cette zone va continuer sur les zones de trouée Est et Ouest”, dit-il, avant d’ajouter que les opérations de recensement et d’évaluation sont en cours.

Si les autorités disent avoir appliqué la loi pour démolir ces maisons, des propriétaires parlent d’injustice faite par l’État afin de chasser les pauvres sur le lieu au profit des riches. Pour Issa Karambé, propriétaire d’une maison démolie, trouvé en train de ramasser les restants de briques de sa maison pour délimiter sa cour : “La première démolition de cette zone a eu lieu sous le régime du Président Alpha Oumar Konaré et à l’époque le président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, était son Premier ministre. Et c’est sous ce même Ibrahim Boubacar Kéïta, en tant que président de la République, que nous avons reçu nos permis de construction. Nous avons nos permis de construction délivrés par l’État.

Vous savez, il est impossible d’avoir ce genre de documents à la mairie. Ce que nous ne comprenons pas, c’est qu’un président de la République démolisse les lieux et un autre autorise les gens à s’y installer”, regrette-t-il. Il a également ajouté que «les habitants d’alors ont été recasés et indemnisés. Aujourd’hui, nous demandons aux autorités de nous indemniser».

“Nous souffrons, c’est-à-dire qu’après avoir investi des millions pour la construction et que les autorités viennent démolir tout cela en un clin d’œil, c’est vraiment frustrant. Il faut que l’État assume sa responsabilité et qu’ils ne vendent plus ces terrains. Nous avons obtenu tous les documents nécessaires auprès des autorités compétentes pour la construction de nos maisons. Pour terminer, nous demandons tout simplement une compensation de la part des autorités parce que nous avons tous des documents légaux”, a-t-il précisé.

A quelques mètres de cette maison démolie, nous avons rencontré un sexagénaire qui habitait sur les lieux. “Depuis le jour de la démolition, je passe ici de temps en temps pour voir s’il y a de l’évolution sur la situation. Nous ne savons pas ce que le gouvernement nous réserve comme sort”, a-t-il laissé entendre.

Mahamadou TRAORE et Marie Dembélé

 

 

Démolition de constructions dans la zone aéroportuaire :

La mise au point du gouvernement !

Le domaine réservé à l’Aéroport international-Président Modibo Kéïta Sénou est classé inaliénable, imprescriptible et insaisissable suivant le décret n°99-252/P-RM du 15 septembre 1999. En dépit de cela, des maisons à usage d’habitation, des points de vente divers, des garages, des dépôts de déchets solides et liquides, entre autres, ont fait irruption dans la zone. Pour y remédier, le gouvernement a procédé, le jeudi 14 janvier dernier, à la démolition des occupations illicites.

Cette opération a suscité des interprétations diverses. Face à cela, le gouvernement a réagi à travers un communiqué conjoint du ministre des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, du ministre des Transports et des Infrastructures. Selon le communiqué des deux ministres, depuis plus d’une dizaine d’années, l’Etat du Mali fait face à l’occupation illicite de certains domaines publics, notamment, celui de la zone aéroportuaire.

Aujourd’hui, le domaine aéroportuaire classé suivant le décret n°99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites. En 1995, l’Etat a fait une démolition dans la zone aéroportuaire. Le gouvernement affirme que les occupants d’alors ont été indemnisés.

Il informe par ailleurs que les occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’Aéroport est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale. Ce retrait, s’il intervenait, priverait notre pays de vols internationaux et contraindrait pour ce faire nos voyageurs à utiliser les aéroports des pays voisins.

En outre, les ministres démentent catégoriquement les allégations de surdimensionnement de la zone aéroportuaire. Ces allégations sont absolument tendancieuses et ne reposent sur aucune expertise. La superficie de la zone aéroportuaire a été définie conformément à la norme de réception d’un Boeing 747, soulignent les deux responsables.

Et toute diminution de cette superficie amènerait notre pays à délocaliser l’aéroport et à mobiliser au moins 1000 milliards de Fcfa pour la construction d’un nouvel aéroport, sans compter le coût des expropriations inhérentes à une telle opération, prévient les ministres.

Autre précision de la part des ministres sur un éventuel déclassement au profit de tiers. “Aucune opération de déclassement partial n’a été effectué ni au profit de la mairie du district de Bamako ni pour les besoins d’une quelconque collectivité”.

Les deux ministres rappellent que l’aéroport de Bamako-Sénou diffère des aéroports situés au bord de la mer, dont les zones de troués s’étendent sur un espace qui n’a aucune commune mesure avec les 7194 ha de Bamako-Sénou.

Les opérations de démolition des occupations illicites n’ont pas cessé préviennent les deux responsables : “Le ralentissement des opérations procède du seul souci de réitérer aux occupants illégaux la sommation de quitter les lieux”.

Les opérations de recensement et d’évaluation sont en cours, selon les recommandations du ministère en charge des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, toutes les constructions édifiées en violation de la loi doivent être démolies.

 M. SANOGO

Source: Aujourd’hui-Mali

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