«Dans un pays où le silence règne, la rumeur gouverne». C’est ce qui est arrivé ces dernières 72 heures à Bamako. Pendant que nous étions à l’assaut de la vraie information, certains Tisserands révoltés et des Maliens blasés de la mauvaise gouvernance s’activaient pour obtenir la tête de l’actuel Premier ministre, Moussa Joseph Mara.
En fait, toute la journée du vendredi, on apprenait que le président de la République aurait demandé à Moussa Joseph Mara de rendre le tablier, et que celui-ci s’y refuserait. À cela s’ajoute le fait que le Premier ministre n’était pas à l’accueil du président de la République à son retour d’Accra (Ghana), où tout le monde voyait Ba Daou jouer le rôle de Premier ministre.
Les ingrédients étaient alors réunis, pendant le week-end, pour faire «avaler» à l’opinion nationale et internationale la démission de Mara et de son gouvernement. «IBK cherchait désespérément, apprenait-on, un nouveau Premier ministre». Vrai ou faux ? Au moment des faits, nous ne pouvions le dire avec certitude.
Toujours est-il que le lundi 10 novembre 2014, les choses reprennent, disons plutôt, les rumeurs recommencent. Nous étions à Klédu pour remplacer le Rédacteur en chef en mission à Abidjan et nos deux téléphones ne cessaient de carillonner. Tout le monde voulait savoir si Mara a effectivement démissionné.
Le matin, de 10 heures à 13 heures, tout semblait le confirmer. À partir de 15 heures, certains députés Rpm en ont donné la confirmation, ajoutant que les ministres en sont informés et que Mara lui-même en aurait informé les membres de la Primature.
Précisons que ce jour, il y avait un Conseil des ministres extraordinaire. C’est ainsi que nous avons joint, disons, envoyé un texto au ministre Mahamadou Camara, lequel nous fera savoir qu’il y a un Conseil extraordinaire des ministres sur le Nord et les pourparlers d’Alger, et non une démission de Moussa Joseph Mara.
Bien que nous soyons convaincus de sa loyauté envers nous, nous avons cependant continué nos investigations. Vers 16 heures, un ami d’enfance, connecté sur facebook, nous informera que le Premier ministre a effectivement démissionné, il y a 2 heures.
Peu après, ce sont des appels téléphoniques des confrères, des amis et hommes politiques et, au fur à mesure que la nuit s’approchait, les versions et sources variaient. Comme pendant la matinée, après le Conseil des ministres sur la situation au Nord et les pourparlers d’Alger, nous sommes revenus au ministre Mahamadou Camara, qui nous a répondu en ces termes : «Il n’y a rien». Et les proches du Premier ministre réitéraient les mêmes propos. À l’instar du président de la Maison de la presse, Makan Koné. Il n’y avait donc rien.
À y voir de près, ces rumeurs étaient l’œuvre d’hommes politiques peu enclins à assumer à visage découvert leur cabale politique. Découragés et mis en demeure, ils se verront par la suite déposséder de l’argent qu’ils avaient mobilisé pour cette cause. Mieux, selon nos sources, le président de la République aurait réaffirmé son soutien à son Premier ministre. Estimant qu’il n’a aucun problème avec lui.
En clair, le départ de Moussa Joseph Mara n’est pas pour demain, si l’on s’en tient aux propos de nos sources. Les anti-Moussa Joseph Mara devront alors prendre leur mal en patience !
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter