Une réunion du Conseil de sécurité a eu lieu ce mercredi soir au sujet de la Libye. Devant l’ONU, l’Egypte espérait plaider en faveur d’une intervention militaire au sol. Mais ses ambitions semblent avoir été revues à la baisse. La Libye demande en outre une levée de l’embargo sur les armes.
Au lendemain de ses frappes contre les positions du groupe Etat islamique à Derna, le Caire avait plaidé pour l’envoi d’une force internationale en Libye et demandé une réunion du Conseil de sécurité. Cette demande faisait suite à la diffusion de la vidéo des décapitations, dimanche, de 21 coptes égyptiens enlevés à Syrte en décembre par l’EI.
Finalement, mercredi soir, le ministère égyptien des Affaires étrangères a annoncé qu’il n’y avait « aucune demande d’intervention militaire étrangère » en Libye dans le projet de résolution présenté par les pays arabes au Conseil de sécurité de l’ONU.
Plusieurs pays occidentaux semblent avoir dissuadé l’Egypte, en plaidant plutôt pour une solution politique, même si aucune négociation ne paraît envisageable avec le groupe Etat islamique, qui a fait son apparition en novembre en Libye et qui contrôle déjà en partie deux villes : Syrte et Derna. L’Italie avait également proposé l’envoi d’une force de 5 000 hommes sur place. Mais mercredi soir, cette option a donc semblé écartée par la communauté internationale.
La Libye demande à l’ONU la levée de l’embargo sur les armes
En revanche, la Libye et l’Egypte ont demandé au Conseil de lever l’embargo sur les armes qui vise Tripoli, afin que le pays puisse constituer son armée et combattre l’Etat islamique. « La Libye a besoin de mesures décisives de la part de la communauté internationale, afin qu’elle l’aide à constituer son armée. Et cela proviendra d’une levée de l’embargo sur les armes qui permettra à notre armée de recevoir du matériel et des armes et de pouvoir contrer le terrorisme », a déclaré le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Daïri.
Face aux membre du Conseil, le chef de la diplomatie libyenne a dressé un tableau bien sombre de la situation, décrivant un pays en plein chaos. Il assure que si rien n’est fait, la Libye deviendra un havre de paix pour les terroristes de tous bords, qui pourrait entrainer dans sa spirale de violence tout le bassin méditerranéen et menacer l’Europe.
Mohamed Daïri regrette enfin que la Libye soit sortie des radars occidentaux : « La situation en Libye a été ombragée par l’attention de la communauté internationale jusqu’à présent à Daesh en Syrie et en Irak. Je ne comprends pas l’absence de réponse, de stratégie internationale. »
Sa demande a été appuyée par le ministre égyptien Sameh Choukri, qui a également demandé « des mesures concrètes pour empêcher les milices non-gouvernementales et autres entités d’acquérir des armements en imposant un blocus naval contre les armes envoyées vers des zones que les autorités légitimes ne contrôlent pas. »
Le représentant de l’ONU en Libye espère un accord politique « bientôt »
Le texte devrait être transmis vendredi par la Jordanie, seul pays arabe membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais la proposition est loin de faire consensus. Les diplomates du Conseil ne sont pas tous d’accord sur l’intérêt d’importer de nouvelles armes défensives dans un pays déjà très instable.
Ils préfèrent déjà miser sur un règlement politique à la crise, et ce d’autant plus que les négociations seraient en bonne voie et qu’un gouvernement d’union nationale pourrait être annoncé dans les prochains jours, selon un diplomate du Conseil.
« J’espère qu’un accord politique pourra être trouvé bientôt », a déclaré Le représentant de l’ONU en Libye Bernardino Leon, s’adressant par vidéoconférence au Conseil de sécurite. Il ajoute : « Les divergences entre les parties ne sont pas insurmontables ».
Source: RFI