Ces représentants des laboratoires pharmaceutiques s’emploient à informer les médecins sur les nouveaux médicaments fabriqués par leurs employeurs ou les anciens produits qui reviennent sous d’autres noms
Un délégué médical, appelé visiteur médical ou encore représentant médical est une personne dont le métier est de rendre visite aux médecins dans leurs cabinets ou à l’hôpital afin de leur présenter des médicaments de spécialité au compte des laboratoires pharmaceutiques qui produisent ces médicaments. Mais il est utile de préciser que le visiteur médical ne vend pas directement les produits pharmaceutiques. Il a simplement mission d’assurer la promotion de ces substances fabriquées par son laboratoire utilisateur.
Dans notre pays, ce métier est réglementé par un arrêté en date du 7 décembre 2018 qui fixe les conditions d’exercice de la profession de visiteur médical. Ce document définit « le visiteur médical comme toute personne physique, employée par un établissement pharmaceutique de préparation scientifique ou une agence de promotion médicale pour présenter des informations médicales scientifiques sur un médicament ou autre produit pharmaceutique en vue de sa promotion ». L’arrêté ne verrouille pas la profession, donc ne la limite pas aux seuls médecins et pharmaciens.
Mais le texte requiert de remplir certaines obligations auprès de la direction de la pharmacie et du médicament, notamment se faire dûment enregistrer. Seuls ceux qui sont répertoriés dans le registre de l’administration de la pharmacie et du médicament ont le droit d’exercer.
Sékou Oumar Dembélé, est conseiller technique au ministère de la Santé et des Affaires sociales. Il explique que le délégué médical accomplit une activité de promotion de médicaments. Les médicaments n’étant pas des marchandises ordinaires, leur promotion doit obéir à des règles d’éthique et de déontologie. Il souligne que la profession est réglementée depuis un certain temps : « Nous délivrons les cartes pour délégués médicaux. Il y a un autre arrêté qui définit les conditions d’accès à la profession. Selon lui, les visiteurs médicaux sont autorisés à faire la promotion des médicaments qui bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché. « Souvent le délégué apporte l’information sur des dépliants ou en format électronique. Il peut convier des prescripteurs dans des enseignements post universitaires (EPU) et explique, entre autres, les avantages d’une nouvelle molécule fabriquée par le laboratoire et la pharmacovigilance ».
INFLUENCER LES PRESCRIPTIONS- Certains reprochent aux délégués médicaux d’exercer de l’influence sur les décisions thérapeutiques des médecins. Sékou Oumar Dembélé ne s’attarde pas trop sur la question. Le conseiller technique estime que les représentants médicaux ne devraient pas normalement orienter les prescriptions des médecins dans la prise en charge des pathologies. Ils sont juste Commis par des firmes pour apporter l’information pharmaceutique aux prescripteurs sur un produit donné, une molécule donnée, notamment ses avantages et inconvénients. En d’autres termes, il s’agit de donner l’information scientifique sur une molécule donnée pour éclairer le prescripteur dans le choix, précise-t-il. Un visiteur médical ayant requis l’anonymat explique être un agent commercial dans le domaine médical. Il rappelle que faire la délégation, c’est faire du marketing de terrain. Pour lui, c’est aussi faire connaître les produits de sa firme et expliquer la différence avec les autres. Cet interlocuteur confirme, sans même prendre de gants, que les délégués médicaux influencent bien les prescriptions. Ils ont l’obligation de convaincre les praticiens et créer chez eux, l’intérêt pour le produit concerné. Par ailleurs, il admet aussi qu’il est formellement interdit de soudoyer le médecin.
Dr Togola est catégorique. « Je prescris en toute liberté, en fonction de l’efficacité du produit », assure ce médecin qui officie dans un établissement de soins. Il reconnaît que certains médecins sont sous l’influence de délégués médicaux pour des raisons diverses. Notre interlocuteur témoigne qu’il arrive que des laboratoires financent la participation des praticiens dans les grands congrès et autres rencontres scientifiques en Europe par exemple. En retour, le médecin se trouve dans l’obligation d’améliorer les statistiques du laboratoire qui a mis la main à la poche pour financer son voyage.
Un autre visiteur médical pousse l’analyse un peu plus loin. Pour lui, il faut s’inscrire dans un esprit de collaboration avec les praticiens. Mais lui reconnaît que dans ce domaine les violons s’accordent mieux avec les médecins généralistes. Par contre les spécialistes (il cite volontiers les cardiologues et les pédiatres) ont souvent la collaboration difficile. Du haut de ses dix ans d’expérience dans la profession et avec suffisamment de recul, notre visiteur médical pense que la délégation médicale est un métier passionnant.
Evoquant les difficultés de la profession, les délégués médicaux déplorent la dictature des firmes ou laboratoires pharmaceutiques employeurs. Dans certaines situations, ceux-ci se débarrassent de leurs représentants médicaux sans le moindre sentiment. Ce qui rend le métier précaire.
L’autre difficulté évoquée a trait aux établissements hospitaliers. A en croire certains interlocuteurs, sur instruction des administrations hospitalières, les praticiens refusent de recevoir les délégués des laboratoires. A titre d’exemple, un hôpital aurait refusé pendant plus d’un mois de recevoir les visiteurs médicaux.
Dr Sidki Kouyaté est délégué médical. Il officie depuis 2009 et se veut plutôt un informateur médical parce qu’il donne des informations sur les médicaments. « Chaque jour, il y a de nouveaux médicaments sur le marché. Certains sont souvent retirés de la circulation et d’autres produits reviennent. Si le prescripteur n’est pas en contact avec les délégués médicaux, il ne le saura pas », souligne ce médecin de formation qui distingue trois sortes de délégués dans notre pays : les contractuels (travailleurs de labo), les prestataires et les mandataires, les commissionnaires. Il revient aussi sur l’influence du délégué médical. « C’est le relationnel qui prévaut souvent et cela a un impact sur les prescriptions », reconnaît-il.
Les difficultés de prise de contact avec les médecins, le salaire dérisoire de certains délégués qui travaillent dans les petites agences, et les licenciements faciles, sont aussi des réalités du métier. Le médecin délégué médical invite l’Etat à sévir contre les licenciements abusifs et à exiger l’amélioration des conditions de vie des délégués.
Une précision à apporter. L’arrêté fixant les conditions d’exercice de la profession de visiteur médical, stipule clairement que le délégué médical peut remettre à titre gracieux des échantillons de médicaments au médecin qui est autorisé à les recevoir.
Aminata Dindi
SISSOKO
Prise en charge du Sida : FOCUS SUR L’ACCÈS AUX ANTIRÉTROVIRAUX
L’Association de recherche, communication et d’accompagnement à domicile des personnes vivant avec le VIH et le Sida (Arcad-Sida), en partenariat avec l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) a organisé, jeudi dernier, au Grand hôtel de Bamako un atelier de présentation des résultats du projet pour le renforcement de l’accès des personnes séropositives au traitement antirétroviral et à la charge virale. Le projet couvre Bamako, Kayes, Koulikoro et Sikassso. La cérémonie était présidée par le président de Arcad-Sida, Dr Oumar Dogoni, en présence du représentant de l’OMS, Dr Yao Theodore et d’autres invités.
La rencontre s’est attachée à présenter les résultats atteints par le projet aux équipes des 30 sites publics et communautaires de prise en charge de la maladie et aux partenaires techniques et financiers. Elle a aussi partagé les stratégies communautaires dans l’accélération de l’accès aux soins et à la charge virale pour les patients infectés au VIH et les leçons apprises au cours de la mise en œuvre du projet, en vue d’une modélisation de l’approche utilisée.
Dr Oumar Dogoni a rappelé que le projet a été initié dans un contexte marqué par des gaps programmatiques importants au niveau du dépistage, de la prise en charge et de l’accès à une charge virale indétectable. C’est ainsi, a-t-il poursuivi, qu’un plan national de rattrapage pour réduire les gaps d’ici fin 2018 a été élaboré par Arcad-Sida sur financement de l’OMS à hauteur d’un peu plus de 57 millions de Fcfa. Il a sollicité l’accompagnement de l’OMS et l’Etat pour la continuité du programme, voire son extension à d’autres régions.
Selon les statistiques en 2017, sur 88.396 personnes qui devraient être mises sous aux antirétroviraux (ARV), seulement 39.618 d’entre elles, soit 45% en bénéficient. Il a indiqué que pour la charge virale indétectable sur 79.556 personnes, seulement 2%, soit 1 455 personnes, ont une charge virale indétectable. Selon le représentant de l’OMS, pour réduire les gaps programmatiques relatifs aux traitements antirétroviraux (ARV), son organisation a convenu en juillet 2018 avec Arcad-Sida, d’un programme de rattrapage de 10.000 patients en attente de traitement dans le cadre de l’atteinte de l’objectif « 90-90-90 ».
En d’autres termes, faire en sorte que d’ici l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% des personnes infectées reçoivent un traitement antirétroviral et 90% de ces personnes sous ARV aient une charge virale durablement supprimée. Enfin, il a salué la disponibilité de Arcad-Sida qui a su mettre en œuvre le projet malgré les conditions de sécurité difficiles à certains moments. Il s’est dit convaincu que les résultats consolideront les acquis forts.
Makan SISSOKO
Source: L’Essor- Mali