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Dégradation des voies bitumées au Mali: Quelles explications « techniques » à ce phénomène?

En 2018, la Direction nationale des Routes affirme avoir dépensé « seulement » 25 milliards FCFA dans l’entretien des routes pour un besoin réel estimé à 84 milliards FCFA. Certains tronçons entretenus, en 2018, devront recevoir la visite des agents d’entretien en 2019, au même endroit. Pis, des routes à peines construites doivent parfois être entretenues leur mise en service officielle. Alors, peut-on techniquement expliquer la dégradation rapide des routes au Mali ? JSTM a posé la question à des experts.

«Normalement, l’entretien d’une voie bitumée débute cinq ans après sa construction», indique Adama Coulibaly, Directeur Général du Centre national de Recherche et d’Expérimentation en Bâtiment et Travaux Publics (CNREX-BTP). Au Mali pourtant, nous assistons à une dégradation accélérée des voix bitumées. Parfois, la dégradation est constatée bien avant même la fin des travaux. Pour le Directeur Général du CNREX-BTP, il existe plusieurs explications à ce phénomène. Les surcharges, l’incivisme et surtout le non-respect du cahier de charge par les entreprises contractantes.

Construite par la Société nationale chinoise des travaux de ponts et chaussées, la route Bamako – Ségou, longue de 227 Km,  avait reçu une seconde couche de bitume sous la pression de la Direction nationale des Routes. En effet, alors même qu’elle n’était pas encore officiellement réceptionnée cette infrastructure de 75 milliards de FCFA était à peine praticable à certains endroits. Mandaté pour faire des constats, les experts du Centre national de Recherche et d’Expérimentation en Bâtiment et Travaux Publics se rendent comptent qu’aucune de leurs recommandations n’avaient été respectées.

«Sur la route Bamako-Ségou, nous avons prélevés des carottes», explique l’ingénieur des constructions civiles, Boubacar Coulibaly, Chef Division Recherche et Développement au CNREX-BTP. «A certains endroits, ajoute l’expert, nous nous sommes rendus comptes que le revêtement en béton bitumineux ne dépassait pas 3 cm d’épaisseur alors que la longueur minimale en la matière est de 5 cm». Dans le cahier de charge entre le ministère des Transports et la Société nationale chinoise des travaux de ponts et chaussées, il est mentionné que le revêtement en béton bitumineux devait être d’une épaisseur de 7 cm.

Comment expliquer une telle légèreté surtout que l’une des deux entreprises chargées du contrôle des travaux était la ‘’très respectée’’ CIRA (Conseil Ingénierie et Recherche Appliquée) certifié ISO 9001, OHSAS 18001 et ISO 14001. Autre chose: dans son étude préliminaire sur la faisabilité de la route Bamako – Ségou, CNREX – BTP avait recommandé le mélange du ciment à la terre pour une couche de structure plus compacte. A l’inspection, les ingénieurs du CNREX se sont rendu comptes que cette recommandation n’avait jamais été prise à compte. La couche de structure a été faite seulement en terre.

Bamako…un cas particulier

Assadou Maïga est technicien des constructions civiles. Pour lui, le problème de la dégradation des routes à Bamako est un problème d’assainissement. Les voies à béton bitumineux sont conçues pour que l’eau  ne s’infiltre pas. Mais à Bamako, l’obstruction des caniveaux, leur étroitesse ou tout simplement leur absence fait que l’eau de ruissellement s’infiltre dans les couches de structure. C’est pourquoi, c’est pourquoi, indique-t-il, la dégradation accélérée des voies est constatée le plus souvent pendant la saison des pluies.

Dans une interview à notre confrère «Le Républicain», Mamadou Naman Keïta, Directeur national des routes assurait en novembre 2018 que le réseau routier du Mali est si dégradé qu’il faut l’adoption d’un véritable programme de réhabilitation pour résoudre le problème. Aujourd’hui, affirme le directeur national des routes, le besoin pour l’entretien s’élève à 84 milliards FCFA par an. Seulement 30 à 40% de cette somme est mobilisée chaque année.

Mamadou Togola

JSTM

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