Parler de nos compatriotes vivants à l’étranger, c’est expliquer l’apport combien important de ces soldats dont les envois d’argent pèsent lourd dans la balance économique. C’est fort de leur poids sur le PIB, soit 14% puisque constituant des millions d’âmes vivants hors de nos frontières. C’est ce qui explique la création du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) en 1991 après la conférence Nationale, par les plus hautes autorités du pays en vue d’aider, d’appuyer nos compatriotes établis à l’étranger.
Mais des décennies durant, si cette organisation qui a posé des actes combien important en faveur de nos compatriotes, force est de constater que le HCME vit des moments très difficiles compte tenue de la manière dont il est géré qui lui a fait prendre du plomb dans l’aile à telle enseigne que la popularité de l’actuel président, a pris un sérieux coup. Et la création en 2015, du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM), une association qui en un laps de temps, fait parler d’elle puisqu’ayant parvenue à mettre en place des structures de base qui défendent bien nos compatriotes de la diaspora ; au four et au moulin, toujours présente partout sur les continents où vivent nos compatriotes qui de nos jours, apprécient bien ses actions. De nos jours, le CSDM de par son dynamisme reconnu partout, sa créativité, ravive la vedette au HCME puisque s’agissant la représentativité des maliens de la diaspora devenue l’autre cheval de bataille, vivent d’être prise en compte à telle enseigne que les législatives prévues en novembre ont été reportées par les plus hautes autorités en connaissance de cause. Décryptage.
Lancée en 2015 après que l’actuel président du HCME ait décidé d’exclure bien de nos compatriotes et non les moindres de participer aux assises du HCME, le CSDM a été créé afin de répondre convenablement aux attentes des maliens établis à l’étranger.
Cette année a vu cette association s’impliquée dans la crise des migrants en Algérie, en Libye avec des vagues d’expulsions gravissimes puisque foulant aux pieds les droits humains.
Aussi, faut-il le rappeler s’agissant de la vie de la Nation, cette association est très active. Pour preuve, la mise en application des recommandations issues de la Conférence Nationale de 1992 qui prévoient la représentation des maliens de l’étranger à l’Assemblée Nationale. Comme ne cesse de le marteler à chaque occasion son président M. Mohamed Chérif Haïdara : « la présence des maliens de l’étranger à l’hémicycle constitue l’une de ses priorités ». Et cette année explique le président Haïdara imperturbable : « le CSDM s’est prononcé sur la révision constitutionnelle tout comme a toujours insisté sur la question de représentativité de la diaspora à l’AN. Depuis 2016, nous ne cessons de rappeler les autorités sur cet aspect » ; Quant au report des élections législatives, le CSDM a marqué un point puisqu’elle a écrit aux plus hautes autorités, les présidents des institutions. « Pourquoi le HCME a attendu 27 ans pour parler de cela, ou faire semblant de s’impliquer sur ce sujet», s’interroge un observateur avisé. En réalité remarque notre interlocuteur, « cette lettre du CSDM a été un véritable choc pour le HCME qui s’est mis à tirer dans tous les sens non seulement sur le CSDM, tout comme des arguments qui font ricaner sur des dossiers politiques alors qu’elle n’est qu’une association et non une institution ».
Dans un entretien chez nos confrères de « bamada.net du 05 octobre dernier, le président Haïdara parlant des législatives avec le Premier Ministre SBM disait que :
Deux choses. Nous lui avons demandé une audience suite à la convocation du collège électoral pour les élections législatives. Dans cette lettre, nous avons demandé un report de 12 à 18 mois afin de prendre en compte les questions en suspens. Nous souhaitons que la communauté des Maliens établis à l’étranger soit érigée en région. Pour ce faire, il faut une révision constitutionnelle, sans laquelle le découpage administratif afin de nous permettre d’avoir des députés sera très compliqué. Il faut donc repousser l’élection et permettre aux Maliens de l’extérieur d’élire leurs députés.
Le Premier ministre lui-même avait demandé un report de neuf mois, ce que la Cour constitutionnelle a refusé. Qu’à cela ne tienne, le message que nous avons transmis au Premier ministre, au chef de file de l’opposition et au médiateur de la République a été que la Constitution est une chose et que la stabilité et la quiétude des Maliens en sont une autre. Nous devons mettre le Mali et les intérêts des Maliens au-dessus de la Constitution. Nous ne pouvons pas aller aux législatives sans nous être mis d’accord sur un certain nombre de points. Aujourd’hui, aussi bien l’opposition que les Maliens de l’extérieur s’accordent pour un report ».
Matérialisation de cette représentativité
« Ce n’est pas compliqué. Le Mali est un pays qui a élaboré une Politique nationale de migration (PONAM) copiée par tous les pays de la sous-région. Le Sénégal, qui s’en est inspiré, a aujourd’hui 15 députés issus de sa diaspora. Ils ont même constitué un groupe parlementaire. Si le Sénégal a pu le faire, pourquoi pas nous ? »
Le CSDM mutualiser ses efforts avec le HCME…
« Le Haut conseil des Maliens de l’extérieur est une association qui a obtenu son récépissé en 1993. Ils ont attendu 16 ans, en 2009, pour avoir un décret d’utilité publique. Mais, jusqu’à aujourd’hui, le HCME s’est comporté comme une association au service du pouvoir en place. Il était avec l’ADEMA, sous ATT il était du PDES et maintenant il est au RPM. Les articles 13, 14 et 17 stipulent pourtant que l’association est apolitique. Mais son président a donné une consigne de vote pour IBK. Cela a décrédibilisé le HCME. Au final, nous serons obligés de travailler ensemble. Chacun présentera ses candidats et une fois à l’Hémicycle nous travaillerons main dans la main pour servir les Maliens établis à l’extérieur ».
Les actions du CSDM
« Nos actions sur le terrain ont valu au CSDM d’être reçu, écouté attentivement sur ses propositions. Pour preuve, nous avons été reçus par le Premier Ministre en présence du Ministre de tutelle, le chef de file de l’opposition. C’est fort de cet état de fait, qu’actuellement le HCME se réveille, multiplie les actions, envoie des courriers par-ci et par-là. En réalité, les actes posés par le CSDM de sa création, à ce jour, ont été non seulement salués par tout le monde. Il s’avère que ces points engrangés démontrent que le HCME ne remplit plus toutes les prérogatives qui lui sont dévolues depuis sa création, encore moins, ses missions confiées à lui », explique ce fin connaisseur du dossier.
A voir de près, le HCME ces dernières années a perdu beaucoup de son aura auprès de la diaspora, nous indique-t-on. Ce qui fait dire à cet autre observateur que son deal avec le gouvernement, tourne dans le sens contraire puisque le jeune poucet CSDM (trois ans d’existence) lui ravive la vedette partout ; même dans les pays où il était en pole position.
« Autre bon point du CDSM reconnu dans les milieux des maliens établis à l’étranger, c’est son projet de recensement sans parti pris, encore moins pour des visées politiques politiciennes. Ce qui est tout le contraire du HCME semble-t-il, dont la plupart des ministres qui débarquent, le caporalise pour au moment opportun, tirer les bénéfices politiques. Ce qui n’est pas le cas du CSDM qui est une association composée pour la plupart de maliens vivants ou ayant vécu à l’étranger, qui connaissent les problèmes réels de nos compatriotes et les solutions requises. Donc, le CSDM n’est pas un appareil politique à la solde d’un politique », remarque un compatriote vivant hors du pays.
« Une banque pour les maliens vivants à l’étranger, l’autre bataille du CSDM qui aura un impact sur l’économie nationale et qui tarde toujours à voir jour malgré nos correspondances», nous explique le président Haïdara. Au regard de ce qui précède, poursuit notre compatriote établi à l’étranger, membre du bureau du CSDM : « Le CSDM a fait tomber les masques avec notre création puisque nous avons permis à nos compatriotes de connaître leurs droits, ce qui inquiète le gouvernement mais surtout, le HCME. D’où cette offensive médiatique du symptomatique président Sylla qui fait feu sur tout ce qui bouge allant jusqu’à attaquer vertement le CSDM et son président », a dénoncé un membre du bureau du CSDM.
Comme on le voit, la jeune association CSDM, créée à peine trois ans, s’est imposée par ses idées, ses actions en faveur de la diaspora ; omniprésente sur les questions d’intérêt national, bref, au four et au moulin. Le président Mohamed Chérif Haïdara et son équipe font des jaloux ; une situation voulue par la Constitution qui donne le droit d’association. Ce que Habib Sylla et son équipe, en tout cas, ses caciques ne veulent rien savoir alors que depuis quelques temps, n’arrivent plus à mobiliser le monde de la diaspora comme cela se doit.
Seul le travail paie, les dénigrements, l’intox ne riment à rien. Lors de la conférence d’entente nationale, les propos du président Chérif Haïdara ont été on en peut plus clair : « C’est grâce à la diaspora qu’il n y a pas de guerre civile». Une allusion faite au volume de transfert d’argent vers le Mali de ses dynamiques fils, l’équivalent de 14,5 du PIB. Qui dit mieux !
Mieux, parlant de l’apport des jeunes et des femmes aux décisions, le président Chérif explique chez nos confrères de « Diasporaction » ceci : « Les jeunes qui font 75% de la population ainsi que les femmes doivent être mis au centre des décisions. Le pays le mieux géré au monde est africain. C’est le Rwanda où 65% des dirigeants sont des femmes et jeunes. Si on peut copier le Rwanda, en mettant les jeunes et les femmes au centre de décisions, dans l’équité et le respect des accords signés, nous aurons la paix pour longtemps dans ce pays ».
Aujourd’hui, deux associations (CSDM/HCME) pour le bonheur des maliens établis à l’étranger, ne sont qu’un plus et non une perte. Dans ce cas, la synergie des actions profitera plus au Mali. Pourquoi ne pas essayer ?
La rédaction
Mali Demain