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Décryptage : Sommes-nous prêts pour un rebond démocratique ?

La course au vaccin contre le Coronavirus le confirme : les systèmes de gouvernance souffrent d’une coopération d’égal à égal pour assurer une équité dans l’accès aux soins. L’accès aux vaccins : le sauve-qui-peut

Dans la première phase de la vaccination contre le Coronavirus, 70 % des populations adultes de l’Union européenne seraient vaccinées d’ici quelques mois. Evidemment, le pouvoir de négociation d’Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission de l’Union européenne, a été déterminant pour qu’AstraZeneca accepte de livrer 9 millions de doses de plus que prévu. En revanche, d’autres continents, d’autres pays n’ont pas le même pouvoir de négociation que l’Union européenne avec les laboratoires. C’est le sauve-qui-peut. Par exemple, l’Afrique du Sud a déjà acheté chez AstraZeneca un million de doses de vaccins, pour vacciner sa population. L’Algérie a commencé fin janvier sa campagne de vaccination grâce au vaccin russe, Sputnik V. Les pays de Nelson Mandela et de Ferhat Abbas ont recouru à des accords bilatéraux avec des laboratoires pour vacciner leurs populations sans attendre les doses de vaccins du dispositif Covax qui accuse du retard. Ce qui est révélateur des difficultés de l’Union africaine (UA) à jouer le rôle de locomotive pour l’Afrique comme l’a fait l’Union européenne pour ses pays membres.

Incapables de s’unir contre la Covid-19

Initiative de l’OMS, de l’Alliance pour les vaccins (Gavi) et d’autres partenaires privés, le dispositif Covax a pour objectifs d’œuvrer à un «…accès rapide et équitable aux vaccins contre la covid-19 pour tous les pays quelque que soit leur niveau de revenu…» d’ici la fin de l’année. Malheureusement, on constate que Covax est à la traine. Pour certains, c’est un échec du dispositif Covax. Pour d’autres, la faute incombe à la course à l’achat de doses de vaccins qui a coupé les sources d’approvisionnement de Covax. Dans cette course aux vaccins, l’Union européenne a commandé deux fois plus de doses que sa population. Le Canada a acheté cinq fois plus que sa population ; les Etats-Unis d’Amérique quatre fois plus que sa population. Certes, les pays du Nord ont contribué largement, à hauteur de milliards d’argent public, à la recherche vaccinale de la Covid-19. Certes, le pouvoir de négociation de l’Union européenne et de l’Amérique du Nord est plus important que celui de Covax et de l’UA. Mais, le constat est amer : toutes ces chamailleries autour des vaccins traduisent une incapacité des classes dirigeantes à s’accorder et à s’unir face à la pandémie de Covid-19. Or, c’est le moment ou jamais pour affirmer une des valeurs cardinales de la démocratie : l’égalité.

Quand les inégalités nous tiennent !

Aujourd’hui, les questions de solidarité internationale et d’éthique, à propos de l’accès aux vaccins pour les pays à faibles revenus, sont noyées par la course aux achats de doses de vaccins. Nul doute, les populations des pays à forts revenus seront vaccinées avant celles des pays à faibles revenus. Même en période de crise, les inégalités nous tiennent. En 2021, selon Amnesty International, 9 personnes sur 10 des pays à faibles revenus n’auraient pas accès aux vaccins. En lieu et place d’un égal accès aux soins pour tous, l’acquisition des doses de vaccins contre la Covid-19 est devenue un enjeu géopolitique, comme une ruée vers l’or. Dont un des effets immédiats chez les populations est un sentiment d’affaissement de la démocratie que seule la capacité des citoyens à se faire entendre peut susciter un rebond démocratique.

Dans la course entre virus et vaccin, d’autres pays, comme le Mali, patientent. Le calendrier de vaccination que l’exécutif malien a fixé au mois d’avril serait difficilement tenable. Au regard des enjeux géopolitiques autour de l’acquisition des vaccins tarissant les sources d’approvisionnement de Covax, l’exécutif malien acquerrait laborieusement ses 8 millions de doses de vaccins pour sa campagne de vaccination. D’autant que la montée de l’angoisse du virus est moins forte chez les populations maliennes (266 décès selon les chiffres officiels du 2 février) que chez les populations européennes où les variants britanniques et sud-africains mettent les exécutifs européens dans une situation de yoyo sans fin. A la date du 3 février dernier, il y a 108 225 décès au Royaume Uni, 77 238 en France, 44 946 en Afrique du Sud, 2 898 en Algérie.

Ce contexte exceptionnel de crise sanitaire aurait pu faire émerger des solidarités nouvelles entre nations pour lutter contre ce virus prédateur. Par ailleurs, l’exécutif malien doit en tirer la leçon pour oser des politiques innovantes au service des populations. Car, comme on dit en Songhay : Cirkaaray Gorgo Mma Hawa Ka Kani, la poule que l’on veut manger au petit-déjeuner doit être préparée la veille. C’est à ce prix que nous retrouverons les chemins de la démocratie face aux tentations populistes.

Dr. Mohamed AMARA

Dans la première phase de la vaccination contre le Coronavirus, 70 % des populations adultes de l’Union européenne seraient vaccinées d’ici quelques mois. Evidemment, le pouvoir de négociation d’Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission de l’Union européenne, a été déterminant pour qu’AstraZeneca accepte de livrer 9 millions de doses de plus que prévu. En revanche, d’autres continents, d’autres pays n’ont pas le même pouvoir de négociation que l’Union européenne avec les laboratoires. C’est le sauve-qui-peut. Par exemple, l’Afrique du Sud a déjà acheté chez AstraZeneca un million de doses de vaccins, pour vacciner sa population. L’Algérie a commencé fin janvier sa campagne de vaccination grâce au vaccin russe, Sputnik V. Les pays de Nelson Mandela et de Ferhat Abbas ont recouru à des accords bilatéraux avec des laboratoires pour vacciner leurs populations sans attendre les doses de vaccins du dispositif Covax qui accuse du retard. Ce qui est révélateur des difficultés de l’Union africaine (UA) à jouer le rôle de locomotive pour l’Afrique comme l’a fait l’Union européenne pour ses pays membres.

Incapables de s’unir contre la Covid-19

Initiative de l’OMS, de l’Alliance pour les vaccins (Gavi) et d’autres partenaires privés, le dispositif Covax a pour objectifs d’œuvrer à un «…accès rapide et équitable aux vaccins contre la covid-19 pour tous les pays quelque que soit leur niveau de revenu…» d’ici la fin de l’année. Malheureusement, on constate que Covax est à la traine. Pour certains, c’est un échec du dispositif Covax. Pour d’autres, la faute incombe à la course à l’achat de doses de vaccins qui a coupé les sources d’approvisionnement de Covax. Dans cette course aux vaccins, l’Union européenne a commandé deux fois plus de doses que sa population. Le Canada a acheté cinq fois plus que sa population ; les Etats-Unis d’Amérique quatre fois plus que sa population. Certes, les pays du Nord ont contribué largement, à hauteur de milliards d’argent public, à la recherche vaccinale de la Covid-19. Certes, le pouvoir de négociation de l’Union européenne et de l’Amérique du Nord est plus important que celui de Covax et de l’UA. Mais, le constat est amer : toutes ces chamailleries autour des vaccins traduisent une incapacité des classes dirigeantes à s’accorder et à s’unir face à la pandémie de Covid-19. Or, c’est le moment ou jamais pour affirmer une des valeurs cardinales de la démocratie : l’égalité.

Quand les inégalités nous tiennent !

Aujourd’hui, les questions de solidarité internationale et d’éthique, à propos de l’accès aux vaccins pour les pays à faibles revenus, sont noyées par la course aux achats de doses de vaccins. Nul doute, les populations des pays à forts revenus seront vaccinées avant celles des pays à faibles revenus. Même en période de crise, les inégalités nous tiennent. En 2021, selon Amnesty International, 9 personnes sur 10 des pays à faibles revenus n’auraient pas accès aux vaccins. En lieu et place d’un égal accès aux soins pour tous, l’acquisition des doses de vaccins contre la Covid-19 est devenue un enjeu géopolitique, comme une ruée vers l’or. Dont un des effets immédiats chez les populations est un sentiment d’affaissement de la démocratie que seule la capacité des citoyens à se faire entendre peut susciter un rebond démocratique.

Dans la course entre virus et vaccin, d’autres pays, comme le Mali, patientent. Le calendrier de vaccination que l’exécutif malien a fixé au mois d’avril serait difficilement tenable. Au regard des enjeux géopolitiques autour de l’acquisition des vaccins tarissant les sources d’approvisionnement de Covax, l’exécutif malien acquerrait laborieusement ses 8 millions de doses de vaccins pour sa campagne de vaccination. D’autant que la montée de l’angoisse du virus est moins forte chez les populations maliennes (266 décès selon les chiffres officiels du 2 février) que chez les populations européennes où les variants britanniques et sud-africains mettent les exécutifs européens dans une situation de yoyo sans fin. A la date du 3 février dernier, il y a 108 225 décès au Royaume Uni, 77 238 en France, 44 946 en Afrique du Sud, 2 898 en Algérie.

Ce contexte exceptionnel de crise sanitaire aurait pu faire émerger des solidarités nouvelles entre nations pour lutter contre ce virus prédateur. Par ailleurs, l’exécutif malien doit en tirer la leçon pour oser des politiques innovantes au service des populations. Car, comme on dit en Songhay : Cirkaaray Gorgo Mma Hawa Ka Kani, la poule que l’on veut manger au petit-déjeuner doit être préparée la veille. C’est à ce prix que nous retrouverons les chemins de la démocratie face aux tentations populistes.

Dr. Mohamed AMARA

Mali Tribune

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