Depuis leur nomination, les facilitateurs du dialogue politique inclusif, les doyens Baba Hakib Haïdara, Ousmane Issoufi Maïga et Aminata Dramane Traoré ; misent sur une seule carte : impartialité dans le processus et dans la conduite des futurs débats. Pour les conforter, ils n’ont besoin d’aucune résistance, mais plutôt du soutien et de l’accompagnement de tous.
Crise sécuritaire, humanitaire, absence des services sociaux de base dans plusieurs localités, crispation de la scène politique et sociale ; les maux du Mali sont nombreux. Comment y remercier ? Comment sécuriser le pays ? comment décrisper la situation ? Comment rétablir la confiance entre l’Etat, les populations ? Comment rétablir la confiance entre les politiques ? Comment soulager les syndicalistes ? Comment soutenir les travailleurs ? Comment… ? Les questions sont nombreuses et l’unique option, pour tous les acteurs, était le dialogue. Et le président IBK, après le départ forcé de l’ancien Premier ministre, Soumeylou B. Maïga a porté son choix sur la carte de la jeunesse, mais surtout du consensus ayant abouti à la nomination de Dr. Boubou Cissé et de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Dans la même logique, un Accord politique de gouvernance a été signé suivi des décisions de tenir un dialogue politique national et inclusif. Qui pour réunir tous les Maliens au tour d’une même table ? Comment les choisir et sur quelle base ? L’équation était compliquée, mais le pays renferme encore des hommes et femmes dont l’engagement ne souffre d’aucune douleur.
Un lourd fardeau
Ainsi, le choix du président a porté sur le Pr. Baba Akhib Haïdara, Médiateur de la République, Ousmane Issoufi Maïga, ex-Premier ministre, Aminata Dramane Traoré, ex-ministre et Son excellence l’ambassadeur, Cheick Sidi Diarra, président du Comité d’organisation pour la préparation matérielle et scientifique du dialogue politique.
Conduire une telle mission dans cette période de turbulence et de crise de confiance relève certainement de la “folie“, surtout pour des personnalités qui ont déjà tout donné à la nation. Mais, affirme Baba Hakib Haïdara, la tâche est certes complexe, mais “nous réussirons pour le Mali et nous ne nous épuiserons jamais dans le combat pour l’inclusivité”, a déclaré M. Haïdara.
Moins d’un mois après leur installation par le président IBK, le Triumvirat a déjà établi un chronogramme de travail avec un canevas bien précis basé sur les consultations et l’écoute. Partout où ils ont été reçus, selon Aminata Dramane Traoré, c’est l’écoute qu’ils ont priorisée. “Nous avons toujours insisté sur notre rôle. Nous sommes là pour faciliter et non pour juger. Nous sommes entre Maliens et notre rôle est de faciliter le dialogue entre Maliens”, rappelle l’ancienne ministre de la Culture.
Malgré cette insistance sur leur rôle dans le processus et leur volonté des politiques et activistes s’organisent pour “saboter” l’initiative. Au moment où le Triumvirat s’investit dans l’écoute de toutes les forces vives de la nation, au même moment ces acteurs, dans des communiqués, rejettent le dialogue. Or, précise Ousmane Issoufi Maïga, “ce dialogue se veut un cadre d’échanges et de débats”. “Tu n’es pas d’accord avec quelque chose ? C’est le lieu de le dire aux Maliens, devant tout le monde et il y aura des débats autour de ça”, dit-il.
Déjà, les facilitateurs ont été reçus par le général Moussa Traoré et le président de la Transition, Dioncounda Traoré. Les anciens Chefs d’Etat, le général Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré, promettent de les recevoir bientôt, selon le facilitateur Ousmane Issoufi Maïga. Il ajoute qu’ils ont également été reçus par deux fois par l’honorable Soumaïla Cissé, d’abord comme président du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) puis en tant que président de l’URD, principale force politique de l’opposition. D’autres hauts responsables ou anciens hauts cadres du pays ont été écrits et reçus.
Avec cette stratégie, il est clair que les facilitateurs sont sur la bonne voie. Ce processus, qui se présente comme l’ultime chance de retrouvailles entre Maliens, doit être soutenu et accompagné par l’ensemble des Forces vives de la nation. A défaut, il serait difficile de renouer avec la paix et le vivre ensemble partout sur le territoire.
Sory I. Konaté
Mali Tribune