Sans nul doute, le chef de l’État continuera de travailler avec les membres de l’équipe restreinte du gouvernement. Dans une lettre adressée au PM Boubou Cissé, Ibrahim Boubacar Keita pointe du doigt les axes prioritaires de l’équipe en place. Avant tout, IBK tient, malgré des tractations par-ci et par-là, à reconnaitre le professionnalisme du PM Cissé à la tête de l’équipe. « Je vous ai reconduit dans vos fonctions de chef du gouvernement, le 11 juin dernier. Ce n’était là nulle complaisance, nulle faveur, mais un choix dicté par votre mérite. Vos compétences techniques sont avérées ». Le chef de l’État se dit confiant que Boubou Cissé a un sens « élevé de l’État et de l’éthique ». Et de laisser concevoir qu’un gouvernement d’union nationale serait, en ce moment, un gage solidifié.
« Un gouvernement d’union nationale constituerait, en ce temps d’épreuves, une garantie solide ; la vitrine du Mali rassemblé, réuni et mobilisé pour un seul combat qui vaille. Celui pour la sécurité et l’intégrité du territoire, le combat du bien-être du peuple et de l’avenir serein pour la jeunesse du pays », expose-t-il. L’exécutif mis en place le 27 juillet dernier (s’agissant de la nomination des six nouveaux ministres), s’inscrit, pour IBK, en droite ligne des recommandations de la CEDEAO.
Pour ainsi fixer les missions primordiales du moment, le chef de l’État s’appesantit sur cinq (5) points qui lui tiennent à cœur. Premièrement, il instruit l’équipe gouvernementale de « travailler au retour de la normalité, de la concorde, la paix sociale et de, ce faisant, dit-il, créer les conditions propices à la formation d’un gouvernement d’union nationale ».
Le deuxième point consiste à diligenter une enquête minutieuse et crédible sur les pertes en vies humaines. Ainsi que sur les atteintes aux biens publics et privés tant à Bamako les 10,11 et 12 juillet que précédemment lors des manifestations qui ont eu lieu dans les régions de Kayes et Sikasso. Le Président charge l’équipe gouvernementale de situer les responsabilités pour que, ajoute-t-il, des mesures soient prises et de même que des sanctions efficaces sur la base des normes en vigueur. Accélérer l’opérationnalisation des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif constitue le troisième point de cette mission assigné à cette équipe. Quatrièmement, l’équipe restreinte étudiera les voies et moyens de la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes des manifestations ou de leurs ayants droit. Enfin, mobiliser toutes les ressources et les énergies requises pour l’application immédiate et complète de l’article 39 du statut des enseignants constitue, selon le président de la République contesté par Mahmoud et alliés, une mesure que le pouvoir exécutif doit différer dans l’intérêt des enfants du pays, dira-t-il, parlant du cinquième point. De son avis, ce gouvernement « ne connaitra donc aucun répit, il n’en connaitra aucun ».
En plus des départements ministériels, Boubou Cissé et son équipe sont également chargés de veiller sur l’évolution globale du pays et de rendre compte. Mais, clarifie IBK, il incombe particulièrement aux membres du gouvernement de se pencher sur deux aspects stratégiques. Il s’agit là des contingences de la saison agricole et de la complexité du covid-19. Puis de mandater l’équipe à savoir rester humble, gardant les portes ouvertes ; les mains tendues aux autres. Ce pour l’accomplissement de la présente mission. « Je vous en sais capables les uns et les autres, faites-en sorte que les compétences existant dans la majorité tant dans l’opposition et la société civile puissent vous aider à conforter la marche du Mali », a-t-il confié, convaincu d’une chose : « Notre (peuple malien) destin est solidaire, nous sommes appelés à vivre et périr ensemble ». De ce fait, dit-il, notre destin n’est pas dans les barricades, il est dans notre complicité. D’après lui, nul ne se sauvera sans les autres, « nous nous sauverons alors ensemble ».
Via cette lettre, IBK reconnait qu’il est dans leur (lui et son gouvernement) capacité à entendre les cris et les plaintes, et à répondre à une demande sociale forte. Selon lui, la loi et l’ordre doivent prévaloir, il est impossible de transiger là-dessus. Ce sont là, soutient-il, les prescriptions et les préalables de l’État de droit qu’ils (lui-même et le gouvernement) ambitionnent de construire.
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays-Mali